Calimeo et Nikki Larson PV Nikki

Shinjuku, le quartier chaud de Tokyo. L’air était humide et frais en cette soirée d’hiver. Un peu trop frais pour le visage du grand forgeron collé contre le pavé alors que trois vermines le maintenaient au sol en braquant des armes à feu sur sa tête. Les coups de pieds tombèrent sur le corps de l’homme telles des gouttes de pluie qui le marquaient d’un bleu mauve. Son visage n’était pas épargné puisqu’il avait été frappé à l’arcade et au menton. Et pourtant aucun son ne sortit de sa bouche. S’il pouvait sentir la douleur des coups, cela n’était rien face à ce qu’il avait pu endurer par le passé et toutes ces marques qu’ils avaient l’impression de laisser comme un sceau seigneurial n’étaient pour Tomeo que du vent. Elles allaient disparaître tôt ou tard, et bien plus tôt que pour n’importe qui. Quand l’atmosphère fut trop répétitive, que Tomeo jouait le mort et que la troupe s’ennuyait de s’acharner sur le forgeron, surtout parce qu’elle en était fatiguée, elle décida de s’en aller et de retourner à leurs occupations de malfrats. Des femmes regardaient la scène, horrifiées par l’état de l’ordure qu’ils avaient laissée et surtout horrifiées de se dire qu’elles allaient être les prochaines entre leurs mains.

Plus tôt dans la soirée Tomeo était à l’un de ses bars évités par la société car, d’une part il faisait partie d’une communauté refoulée par le reste, et d’autre part il était situé dans le quartier chaud de Tokyo. Si le bar avait un thème plutôt mesquin, tourné autour de la débauche du diable, le quartier était tout aussi lubrique que le bar et c’était là que généralement des personnes assoiffées venaient s’abreuver, en alcool ou en cette autre substance produite par le plaisir. L’artisan quant à lui était là pour des raisons moins perfides. S’il était là pour étancher sa soif, il espérait faire connaissance avec de nouvelles personnes car la plupart de ses amis n’étaient pas disponibles et avaient d’ailleurs annulé leur réservation de vacances. Il espérait entre autres trouver quelqu’un pour combler le vide et peut-être que cette personne serait intéressée pour louer un chalet en montagnes avec lui. Il s’enfichait que les personnes viennent des quartiers chauds, il voulait juste passer du bon temps et si possible, accompagné. Et c’est ainsi que Tomeo se retrouva dans ce fameux pétrin. Il se leva de son tabouret de bar pour discuter avec un homme et deux femmes très peu habillées.

Excusez-moi ?

Va-t-en ! Je suis occupé. Répondit-il, les bras écartés dans une accolade qu’il offrait à une femme de chaque côté.

Mais… Vous ne savez même pas ce que j’ai à proposer…

Ouh toi t’as le don de m’énerver. Hifû, Nado, Seijiro !

Trois mecs arrivèrent aussitôt et deux d’entre eux attrapèrent un bras de Tomeo, l’empêchant de bouger. Il fut ramené aussitôt dehors et la baston unidirectionnelle commença… Une fois le tonnerre de coups passé et que le corps de Tomeo fut laissé pour mort, il se tourna sur le dos en regardant les lumières rouges du quartier illuminer le ciel fade et vide de l’hiver. Il soupira puis dit.

Moi qui voulais juste leur demander ce qu’ils faisaient de leurs vacances…

Une crinière blonde venait chatouiller le visage du grand brun presque inconscient et soudain une toute petite force le poussa à se lever malgré la douleur et s’asseoir sur un muret. Du sang empêchait Tomeo de bien voir à qui il avait affaire mais il n’avait pas l’impression d’être en danger, il espérait juste que cette personne soit là pour le ramener à son lit pour qu’il recouvre de ses blessures. Cette dernière personne en profita même pour commenter l’état du forgeron qui se doutait de son état mais assister à une remarque extérieure l’amusa un peu.

Ils m’ont tellement amoché que ça ces connards. Tsss…

Soudain la fraîcheur d’un bout de tissu mouillé vint ramener Tomeo à la réalité et son regard plus tôt vide s’intéressa à la nouvelle venue qui commençait à faire des soins. Elle avait l’air de faire ça pour la première fois et quelle surprise dans ses yeux quand elle se rendit compte que ce qu’elle faisait enclencha un effet instantané. Du moins, cela démarra le processus de guérison du corps de Tomeo qui referma aussitôt les plaies ouvertes mais laissait les hématomes apparents car cela avait besoin de plus de temps. Pour le moment au moins il était loin de l’hémorragie externe. Soudain elle lui posa une question qui lui parût idiote et il ne put que répondre par la négative d’une voix enrouée par le sang coincé dans sa gorge.

Tu rigoles, j’ai pas que ça à faire de m’attaquer à des types qui n’en valent pas la peine. Et puis si je sais très bien où ils vont, je n’ai pas les moyens pour leur rendre la leçon.

Il cracha du sang pour libérer ses voix respiratoires et sa voix devenait plus claire bien que toujours très grave.

Ces mecs vont certainement se faire des putes dans un love hôtel, qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Que je les prenne en photo et que je les blackmail ? Ces types font ce qu’ils veulent parce qu’ils ont l’argent et les relations. Moi je veux juste me faire le plus petit pour pas entacher la réputation de mon atelier.

Il prit la bouteille d’eau de la visiteuse et la vida d’une traite avant de reprendre son discours.

Les faire payer ça m’intéresse pas, même si j’en ai très envie par pur égoïsme et parce que j’aimerais pas qu’un type lambda se fasse cogner comme moi. Les conséquences sont trop graves, et pourtant… Quand je me dis que ces gars finiront même pas en taule et sont les rois du bac à sable ici… Ca me pourrit de l’intérieur…

Il y avait en fait une volonté inconsciente de représenter la justice chez Tomeo et si Nikki trouvait les mots, elle réussirait sûrement à le faire changer d’avis.

Une réputation de trouillard ? Cela fit rire Tomeo. D’une part car c’était plus souvent lui qui inspirait la peur de par sa taille et ses gros bras, et parce que pour lui la prudence était bien différente de la peur. Ces hommes étaient armés et auraient pu le tuer d’une simple pression de la gâchette. Il n’était pas un froussard, il répondait juste par son instinct de survie dans cette jungle. Mais dans un sens elle avait raison. Les biches ne sont que des proies aux yeux des prédateurs et tant que cela restait une vérité, Tomeo pourrait finir dans cet état à chaque fois qu’il sortirait. Il se leva brusquement et fièrement.

Mon cœur me dit de rester un homme bon et tendre mais…

Son regard croisa celui de la jeune femme et malgré les hématomes sur sa pommette et son menton il avait l’air à bloc. Il serra la main tendue avec poigne et ajouta.

Montrons à ces bâtards que la loi n’est pas régie par le pouvoir des vauriens mais par la valeur des braves.

Il se demanda toutefois ce qu’elle pouvait cacher en proposant de l’aide si simplement mais toujours est-il qu’il voyait quelqu’un d’attristé par son état et qui, plutôt que de l’amener à l’hôpital préfèrerait s’en prendre aux loubards qui s’en étaient pris au forgeron. En soit quelqu’un à la logique douteuse mais dont l’aide était sur le moment la bienvenue.

Très bien, moi c’est Tomeo. De l’atelier Takagi. Je n’ai pas d’armes mais mes poings devraient faire l’affaire.

Elle lui répondit sûrement et il dût toutefois éteindre la flamme qui alimentait sa curiosité en lui posant une dernière question.

Tes chouchous… ?

Ce n'est pas comme si c'était important mais la troupe de malfrats était équipée d'armes à feu et elle l'aiderait avec des accessoires pour cheveux ? Ou bien des friandises ?

Elle sortit de son sac beaucoup de bricoles que Tomeo regardait avec un œil d’artisan en équipements héroïques. Substance explosive surement intégrée dans la sucette, un paquet d’explosifs dans la peluche, il devait y avoir de quoi faire sauter ses assaillants. Il arqua un sourcil en se demandant si elle comptait le venger ou les faire complètement exploser, dans quel cas il ne la laisserait pas faire. Aussitôt, alors qu’il sondait les potentiels dégâts de ses armes, l’ours en peluche grandit pour dépasser la taille de Tomeo et fit connaissance avec un Alter plutôt original. La femme se présenta en tant que Nikki et son visage lui était inconnu donc elle n’était pas dans le Bingo Book, ce qui l’arrangeait car quitte à être seul, il préférait ne pas être aidé par un Villain.

Ok. Enchanté Nikki. Et euh… Enchanté Mr l’ours.

La peluche ne semblait pas parler pour le moment mais elle était assez imposante pour que Tomeo la considère. Ils commencèrent leur marche vers le Love Hotel réputé pour accueillir les malfrats et le forgeron n’était pas du genre à laisser le silence s’installer autour de lui alors il commença à faire connaissance.

C’est la première fois que je me fais tabasser comme ça… j’ai l’habitude de venir là pour m’amuser le soir et j’aimerais que ça reste une tradition. Heureusement que t’es là, c’est vrai que j’aurais dû dire adieu au quartier si ces malfrats pensent qu’ils sont les plus forts.

C’était un quartier chaud et être une femme, seule, la nuit… c’était louche mais bon son Alter pouvait très probablement la protéger de tous les types chelous qui trainaient dans le coin. Il se sentait dans le besoin de lui demander puisque la réponse allait sans doute être très intéressante.

Du coup Nikki, toi, qu’est-ce que t’es venue faire dans le coin ?

La question était posée naturellement sans sous-entendu, il pourrait éventuellement l’aider dans ses affaires après la baston en guise de remerciement. Ils arrivèrent au Love Hotel et l’hôtesse ne broncha pas en voyant arriver un homme grand et costaud, une femme presque déguisée en écolière avec son sac à dos et un ours en peluche de 2 mètres. Pour elle cela paraissait sûrement normal d’avoir des clients avec des fétiches extravagants.

Bonjour et bienvenu.

Merci euh… On est là pour rejoindre un ami. Il a oublié de nous dire le numéro de la chambre.

Et son nom c’est ?

Il a oublié de nous dire son nom aussi…

Votre ami... ?

Ouais c’est un copain de catch … on aime bien échanger quelques coups et je connais que son pseudo. C’est un gringalet, des cheveux bruns et longs jusqu’aux épaules, il tape lâchement avec des coups de pieds. Ça vous dit quelque chose ?

Elle souffla une bulle de chewing-gum et l’éclata en balançant un regard froid et désintéressé. Ce regard voulait tout dire. Seul l’argent allait la satisfaire. Tomeo se tourna vers Nikki et chuchota.

On fait quoi ?

Au final l’argent avait suffi comme prévu à changer l’avis de l’hôtesse d’accueil et heureusement Nikki était une personne riche qui avait l’air de balancer ça comme un emballage de chewing-gum. Mais Tomeo était gêné de la situation car il ne pourrait pas la rembourser pour ça…. Peut-être ils devraient repasser par là pour reprendre l’argent, après tout le commerce d’informations comme ça… Ce n’était pas très légal. Ils se ruèrent vers la chambre 200 après que Nikki eut collé au mur la jeune femme d’une manière les plus douteuses. Elle avait l’air d’agir sans réfléchir aux conséquences de ses actes mais d’un autre côté c’était très intelligent car elle pourrait avertir la sécurité à tout moment. Et quand ils arrivèrent devant la chambre, Nikki restait là en attendant que Tomeo fasse l’entrée en matière en râlant sur la faiblesse des humains. Il ne pouvait rien lui dire sur ce qu’il pensait car il se considérait comme un pion vivant grâce au système. Tant qu’il avait son gagne-pain avec son métier, il était satisfait et ne voyait pas sa vie autrement.

Bon c’est à mon tour j’imagine…

Il hésitait un instant en se disant qu’ils étaient armés à l’intérieur mais les cris de femmes lui firent comprendre que c’était le moment opportun. S’il avait déjà été violé partiellement avec un fusil pointé sur la tempe une fois dans sa vie, il se disait que c’était loin d’être monnaie commune, même dans le coin chaud de Tokyo. Il inspira un bon coup et défonça la porte en appuyant de tout son poids sur celle-ci. D’une seconde à l’autre il se retrouvait dans la pièce où un des mecs qui l’avait tabassé était en train de se faire tripoter. S’il avait l’air d’apprécier les caresses, les prochaines qu’il allait recevoir seraient moins douces. Tomeo sauta sur le lit tel un sauvage en hurlant de rage et cogna le mec d’un bon coup de poing au visage. La prostituée s’était précipitée vers la fenêtre et son regard rempli de terreur cherchait à sonder Nikki pour savoir quand prendre la fuite. Tomeo continua de frapper la terreur des rues en y imprégnant le souvenir de ses blessures, alimentant la rage avec laquelle il foudroyait de coup sa misérable victime. Pas une parole de la part de Tomeo, pas le temps pour des gens qui n'en valaient pas là peine. Tel un démon dont le seul but était de faire souffrir le martyre. Ce dernier tentait de bloquer les coups de ses deux bras tels un bouclier de paille qui était balayé par la force du forgeron.

Je…

Il s’arrêta alors que la tête pencha vers le côté, et d’un d’envoyé au dodo. Où étaient les suivants ? Il tourna la tête vers Nikki comme une bête assoiffée de sang, sauf que cette bête là était assoiffée de vengeance.

Entièrement adonné à cette vengeance qu’il souhaitait tant avoir pour se faire respecter dans les quartiers, Tomeo ne fit pas attention à ce que Nikki faisait mais soudain sa voix qui l’encourageait comme s’il était un boxeur professionnel lui rappela qu’il n’était pas seul et le ramena à la réalité. Le mec était quand même bien amoché… Il rit légèrement, gêné d’avoir le mec dans un piteux état puis répondit à sa cheerleader personnelle.

Ouais…. Bon ne traînons pas ici, ce serait bête de faire trop de témoins.

Il essuya le sang sur son poing sur la couverture du lit et s’échauffa l’épaule en faisant quelques tours de bras. Il repensa à l’argent laissé par Nikki et se dit qu’il ne pouvait pas la rembourser.

Et euh… On devrait peut-être récupérer ton argent non ? Je n’ai pas de quoi te rembourser…

Elle n’eut même pas le temps de lui répondre qu’il se précipita vers l’accueil. Il se sentait mal de rester ici d’une part, et de devoir être redevable d’autre part. Arrivé à la réception il remarqua que la même femme était toujours attachée au mur, il se contenta de lui faire un clin d’œil en saisissant la liasse de billets. Cela aurait pu être considéré comme du vol mais comme cet argent était gagné impurement, ça changeait la donne, selon le forgeron. Arrivé dehors, il fit signe à Nikki de la rejoindre plus loin et marchait en direction du bar où il s’était fait péter la gueule. Il fit un petit « pssst » pour l’attirer et lorsqu’ils furent assez loin du love hotel, il lui dit d’un air plutôt content.

Bon faut qu’on célèbre ça. J’ai pu voir comment tu t’es chargé des mecs, impressionnant pour une demoiselle qui se balade encore avec son ours en peluche. Tu n’y vas pas de main morte…

Il sourit malgré que cela le gênait d’avoir fait des « mauvaises » actions puis tendit la liasse de billets en direction de Nikki.

Allons laisser la nuit nous porter conseil en levant nos verres jusqu’au lever du soleil !

Un secret ? Intrigant… Peut-être la nuit lui en dira plus sur ce fameux ours en peluche. Ils arrivèrent au bar où il s’était fait fracasser la gueule et il prit la commande en prenant soin de demander à Nikki ce qu’elle buvait. Pour lui c’était son alcool favori sous sa forme la plus brute, un rhum ambré standard rien que pour le goût. Il s’installa alors à une table même s’il était plutôt du genre à partager au bar, il voulait un peu d’intimité pour éviter que tout le monde entende leur conversation. Il regardait son poing et remarquait que du sang séché était encore présent malgré qu’il l’avait essuyé mais cela allait avec l’allure générale de ses vêtements complètements piétinés et des bleus qui marquaient sa peau et qui n’avaient pas entièrement disparu. Il passa un doigt sur sa langue et essuya la salive sur son poing pour rendre les traces de sang plus discrètes. Il sourit légèrement en justifiant ce qu’il venait de faire.

Ça me dérangeait, j’ai beau ressembler à rien dans l’état où il m’ont mis, j’aime avoir les mains plus ou moins propres. Mes mains c’est la chose la plus précieuse, je suis forgeron de métier en plus d’être vendeur donc je préfère en prendre soin.

Il rit légèrement avant d’ajouter.

Enfin aux dernières nouvelles, d’après les Vikings qui en prenaient des bains, ça doit être bon pour la peau.

Il arqua un sourcil en pensant à ce que le plus commun des humains pouvait penser en voyant du sang.

Enfin, à condition qu’il n’y ait pas de maladie, mais bon, je n’ai pas très peur de ce côté-là.

Il écoutait à moitié la musique plutôt jazzy et ses pensées divaguaient soudain vers la personne qui se trouvait en face de lui. Si elle avait eu la gentillesse de vouloir l’aider sans savoir rien de lui, il se demandait quel type de femme elle pouvait être. Femme d’affaire le jour, justicière la nuit ? Maman de trois enfants ou bien abonnée à Harajuku ? Il ne put s’empêcher de demander avec un peu d'hésitation sur comment aborder le sujet.

Nikki…. Et toi, qu’est-ce que tu fais pour gagner ta vie ? Tu dois bien gagner vu l’argent que tu n’as pas hésité à donner. Ne te sens pas obligée de me répondre ou même de couper la tête pour avoir posé la question. Je connais la loi du plus fort ici, c’est juste que j’aimerais faire connaissance. Et mon atelier ne fait pas partie de la boutique héroïque donc si tu es une justicière tu es la bienvenue.

Alors que son regard divaguait et que sa question avait captivé l’ensemble du bar, car ils avaient beau parler à voix basse mais l’ensemble du bar était terrorisé par la présence de la jeune femme et tendait l’oreille, Tomeo ne put ajouter mot face à la réponse de celle qui se trouvait en face de lui. Ses paupières se relevèrent instantanément et son regard s’imbibait de surprise face à la facilité avec laquelle avec elle lui avait avoué son identité. Un silence de quelques secondes régnait sur un fond de jazz, plus personne ne bougeait. C’était comme si le temps s’était arrêté et que deux choix s’offraient à Tomeo : fuir ou mourir. Seulement, comme une hache brisant la glace, le grand forgeron se mit à rire face à la plaisanterie.

Hahahahahaha !

Il se plaqua la main sur son ventre tellement le rire était intense et ne pouvait pas s’arrêter.

Pardon mais je n’arrive pas à m’arrêter !

Il la regarda dans les yeux en calmant son attitude de peur de la vexer en en faisant trop.

Toi ? Une criminelle recherchée ? Je connais le Bingo Book et je ne t’y ai jamais vu. Après même si t’es une terreur naissante tu as l’audace de t’annoncer comme ça devant tout le monde ? Je suis prêt à parier que le barman a ses mains posées sous le comptoir pour pointer son flingue sur toi à la première seconde où une baston naîtra.

Même s’ils étaient dans le quartier chaud, les criminels étaient plutôt acceptés tant qu’ils ne semaient pas le chaos et de ce fait, il comptait sur la confiance que portaient les propriétaires des bars sur les criminels pour rester tranquille. En soit, Tomeo évitait les criminels par simple choix car il se considérait comme modèle en tant qu’âme respectueuse mais se disait qu’il était possible que leur statut arrive par erreur, lors de coups montés ou autre. Là, devant lui, si cette femme était bien une criminelle, elle ferait bien partie de ces weirdos fous qui voulaient juste satisfaire leur étrange soif. Dans un autre cas, il se pourrait également qu’elle dise ça juste pour se donner de l’importance et éviter de se faire agresser à tout bout de champ avec son apparence d’étudiante édulcorée et Tomeo décida de rentrer dans son jeu.

Bon d’accord, admettons. Je te crois et ça ne change pas la vision que j’ai de toi. Mais j’ai envie de savoir du coup puisque je veux en savoir plus sur toi : Quels sont tes prochaines bêtises de programmées pour attirer l’attention ?

Il saisit son verre et le porta à ses lèvres avec un sourire malsain, comme excité par le mensonge alors qu’il s’amusait à faire semblant de croire Nikki.

Maintenant qu’elle le disait… Tomeo réfléchit un instant et il était vrai que le profil de The Crazy Girl pouvait coller. Si la photo n’était pas très causante, la description avait l’air de correspondre parce que ces histoires de pandas bleus… Il n’y comprenait absolument rien. Il se contenta d’acquiescer face à son long monologue justifiant ses choix de vie auxquels il ne portait absolument pas d’importance car de toute manière cette fille, et il en était certain, n’allait que lui raconter des bobards. Villain ou pas, révéler trop d’informations personnelles semblait pouvoir lui porter préjudice alors elle tisserait des histoires pour embobiner Tomeo. C’était sidérant le ton calme et sérieux qui contrastait avec la Nikki qu’il avait pu voir plus tôt. Et là, c’était l’apogée de l’incompréhension. Elle lui révéla que tout ce qu’elle disait était mascarade. Tomeo but son verre d’une traite mais cela n’aida pas à la compréhension, par contre ça aida à couper court à la soirée. Le bruit sec de son verre vide qui rencontra la table en bois retentit tandis qu’il entama une phrase.

Très bien… Je vois…. Mais je suis un mec simple. Je tape du métal et ca me fait de l’argent. Les gens me plaisent ou non selon comment ils sont. Toi… Je ne sais pas, criminelle, pas criminelle… J’aurais bien voulu essayer de comprendre mais je suis rien d’autre qu’un mec simple. Et tu me donnes plus mal à la tête que ce verre de rhum.

Son ton n’avait rien de méchant en soi, il était juste triste que la rencontre n’aboutisse à rien et n’aimait pas trop couper court aux discussions mais comme il avait le sentiment de perdre son temps, il n’avait pas d’autre choix.

Je ne sais pas lire au travers des masques. Mais tout ce que j’entends c’est que tu es une criminelle et j’ai pas envie d’essayer de savoir si c’est un jeu pour toi mais j’ai pas envie de m’associer à ça. Mais j’ai apprécié que tu m’aides plus tôt, c’était cool un moment… Mais braquer des banques c’est pas mon trip.

Il se leva et tendit sa main en guise d’adieu. Son regard était sincère bien qu’une once de tristesse pût être lue. Il n’aimait pas le goût amer de la fin de cette rencontre mais il était prêt à parier que ces adieux n’allaient être que des au revoir.

Je te fais mes adieux, p'tite crapule.

Il fit un clin d'oeil suite à cette petite pointe d'humour qui venait mettre un peu de sucre dans cette sauce aigre.