Il était une fois dans la capitale nippone, un orphelinat où les parents des résidents ont décédé dans des catastrophes impliquant des vilains. Les enfants y sont recueillis par la famille Enryoku afin de transformer leur peine en force et faire d’eux de grands héros, ou au moins des agents du bien. Cependant, Naoko était dans une position délicate dans cet orphelinat : elle n’était pas orpheline. Son nom complet était Enryoku Naoko.

Grandissant dans un contexte où les autres enfants lui en voulaient d’accaparer l’amour de leurs nouveaux parents, elle était généralement contrainte à rester seule. L’enfant était d’autant plus ostracisée que ses parents étaient réticents à ce qu’elle suive les mêmes cours que ses presque-frères et sœurs. D’après eux, elle avait la chance de pouvoir choisir ce qu’elle voudrait faire plus tard et ne devrait pas se fermer de portes. Même en ayant découvert un alter efficace pour le sauvetage, Naoko comprenait ses parents mais était attristée d’être rejetée de toute part.

Quand bien même si elle avait débuté sa scolarité de manière originale, l’héroïne en devenir fut envoyée dans un collège public. Là-bas, plus de cours de karaté, de tir à l’arc ou de naginatas ; juste des cours théoriques qui, en comparaison, étaient beaucoup trop ennuyant. En fait, elle s’en fichait de devenir une héroïne, mais l’activité physique lui manqua très vite. Certes, ce n’étaient pas les premiers de ce genre auxquels elle assistait, loin de là, mais elle ne pouvait plus endurer dans l’attente d’activités plus brutales.

Lorsque vint le moment de choisir un club, elle chercha la personne la plus forte de sa classe en sport. Un garçon appelé Hikage Kaito, un peu casse-cou et trop charmeur, mais sachant tout faire. Même si la moitié des filles de l’école lui courrait après, ça valait le coup d’intégrer son club. Lorsqu’elle le trouva, elle découvrit également le club d’informatique. Après une première phase d’incompréhension et de déni, elle finit par devenir curieuse : pourquoi le beau gosse sportif de l’école passait son temps derrière un écran d’ordinateur, à taper des lignes de mots bizarres. La curiosité prit le dessus et elle commença à apprendre. Le club, chapeauté par un professeur, réalisait des outils d’apprentissage et des jeux rétro. La nature altruiste du club ne faisant aucun doute, Naoko s’y essaya avant de penser qu’elle avait enfin trouvé sa voie.

Le reste du collège se déroula sans accroc. Au moment d’intégrer un lycée, ses parents furent soulagés que l’étudiante choisisse un établissement qui ne soit pas orienté vers l’héroïsme. Elle s’était elle-même destinée aux sciences informatiques et cela les rendait heureux. Quant au lycée en lui-même, ce fut l’occasion d’apprendre de nombreuses connaissances. Elle était toujours première de la classe en sport, mais cela lui suffisait et avait fini par aimer la théorie. Hikage Kaito, lui, avait choisi un lycée héroïque. Tant pis pour lui s’il veut risquer sa vie…

A sa dernière année de lycée, toute la famille partit en vacances à la mer en emmenant les enfants de l’orphelinat. Ces vacances n’arrivaient pas chaque année car déplacer tout le monde coûtait cher, alors quand cela arrivait, les plus âgés faisaient rêver les plus jeunes pendant tout le voyage. Une fois arrivé sur place, personne n’était déçu ! Hélas, un accident est arrivé. Lors d’une promenade sur une falaise touristique, l’un des enfants s’approcha trop près du précipice. Naoko fut la première à le remarquer et fonça le retenir avant qu’il ne tombe, mais ne fut pas assez rapide. L’enfant trébucha et tomba dans le vide. L’adolescente plongea à son tour, en espérant pouvoir se téléporter en haut avant que l’enfant hurlant ne rencontre les rochers. Mais le calcul était rapide à faire : encore une fois elle serait trop lente. A cet instant, l’eau devint étrange et les deux corps plongèrent dans un océan anormalement haut. L’eau finit par s’échapper, mais il n’y avait plus aucune vague ; on aurait dit une piscine. L’enfant ne savait même plus s’il fallait avoir peur ou être heureux, alors il pleurait. A une vingtaine de mètres, il y avait un bateau avec deux héros à son bord.

Récupérés sur le bateau, les deux jeunes qui avaient frôlé la mort faisaient de grands signes vers le haut de la falaise afin de rassurer ceux qui étaient encore là-haut. Puis les héros parlèrent, afin d’expliquer ce qui s’était passé et où ils allaient être ramenés, ainsi que tout un tas de procédure. Cependant, elle ne retint rien. La seule chose qu’elle voyait, c’était le fabuleux jeune homme qui l’avait sauvée en altérant les ondes des vagues : Hikage Kaito. Visiblement, le lycéen était en stage dans le cadre de son cursus héroïque. Le rouge aux joues et le regard fuyant, la jeune femme lui ordonna de lui donner son numéro de téléphone. Le héros professionnel eut un grand sourire quand le stagiaire accepta.

Puis leurs chemins bifurquèrent à nouveau. Naoko continua ses études scientifiques tandis que celui pour qui elle frémissait devint héros professionnel. Néanmoins, cette fois, ils ne perdirent pas le contact et finirent bientôt par former un heureux couple. L’informaticienne, ses études finies, fut engagée comme agente de la défense nationale au niveau informatique. Elle était âgée de 23 ans et avait un bel avenir dans la sécurité devant elle.

Toutefois, elle voyait l’amour de sa vie combattre le crime chaque jour et cela la minait. Elle aussi, elle faisait un travail important pour la nation, mais il n’y avait pas autant de danger derrière un ordinateur, ni autant d’adrénaline. C’était d’autant plus ironique que Kaito était un héros qui aurait voulu être un simple expert en informatique. A 26 ans, alors que le couple avait affronté des années sans se fragiliser un instant, Naoko et Kaito eurent un dîner riche en émotions : chacun expliqua qu’il avait une surprise pour l’autre… La jeune femme montra une carte de licence de héros professionnel, tandis que le jeune homme offrit un anneau et une question. Quelques mois plus tard, la nouvelle héroïne dut faire une pause dans ses activités, son ventre prenant de la taille…

Lors de l’arrivée de Tsuyoshi dans la famille Hikage toute neuve, tous les parents se rejoignirent pour fêter l’événement ensemble. Néanmoins, ce fut le même jour et dans le même quartier où se produisit l’inattendu : la Trahison. Les parents de Kaito, seuls non-héros de la famille, prirent Tsuyoshi pour l’emmener à l’abri tandis que tous les autres tentaient d’évacuer la zone. En vain. La plupart des civils avaient vu Salem arriver. Il n’y avait donc plus rien à craindre, d’après eux. Quand le héros numéro un prit la fuite, ce sont les mêmes civils qui moururent en premier. Et tout le monde accusa les héros qui n’avaient pas pu prévenir un tel désastre. Pourtant, le véritable désastre était du côté des héros ! Sans Salem, ce furent des poignées de héros qui combattirent le vilain, en sachant pertinemment qu’ils n’avaient pas la moindre chance de gagner sans leur numéro un. Ils sauvaient des vies.

Les deux mariés ne travaillaient pas vraiment ensemble à cause des règles de héros, mais ils firent de leur mieux aux côtés de nombreux autres, dont les parents Enryoku. La jeune femme était plutôt spécialisée dans le sauvetage grâce à son alter, elle n’était pas au front. Elle ne vit donc pas comment se passa l’affrontement. Tout ce qu’elle sût fut qu’à la fin de celui-ci, aucun des trois membres de sa famille ne revint. Et ça, c’était de la faute des héros, peut-être ? Si les civils avaient respecté les héros un peu plus, comme ils disaient respecter Salem, il n’y aurait pas eu tant de victimes. Higake Naoko était furieuse, mais par-dessus tout, elle était dans un abîme de tristesse, duquel personne ne parvint à l’extraire.

Après un long deuil, Naoko chercha ce qui était de mieux pour son fils. Et ainsi, elle devint professeur. Il était hors de question que les héros disparaissent, que le chaos reprenne le dessus, tant que son fils est incapable de se défendre. Et puis, elle ne veut pas non plus être témoin de familles s'écroulant à cause de catastrophes qu'elle aurait pu arrêter...