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On nomma ce terrible jour comme tel : la Trahison. La figure d’espoir ayant abandonné les siens ainsi que sa patrie, le visage du Japon changea du tout au tout. On savait les Alters dangereux, mais à quel point ?

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 Sous vide, t’as du mal à respirer ✘ Keishi Harada {Terminée}

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Harada Keishi
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Lun 8 Fév - 16:47

Harada Keishi

Nom : Harada.
Prénom : Keishi.
Surnom : Headless Ghost.
Âge : 22 ans.
Sexe : Mâle cisgenre.
Orientation : Pansexuel.
Occupation : Vilain.
Métier : Libraire.
Feat : OC - Sakusya2honda.
Alter
Typhomancer
Il peut changer des parties de son corps en fumée (donc gaz issu de la combustion et non de la vapeur d'eau) sans que cela affecte son fonctionnement et contrôler le gaz créé.
Specifications et contraintes
S'il transforme ses organes, la fumée exsude des pores de sa peau ou s'échappe de ses lèvres. Une fumée trop concentrée peut asphyxier une personne si elle en respire trop (la composition de la fumée étant la même que celle résultant de la combustion des éléments concernés, soit pour le corps humain, du gaz carbonique, oxyde d'azote, mercure, monoxyde de carbone, dioxines etc... c'est pas super sain pour les poumons quoi). Cela permet également de créer des écrans de fumée réduisant la visibilité. Il reste conscient, capable d'entendre et de voir, de même que de se déplacer dans cet état, mais ne peut pas parler ou déplacer des objets. Il ne peut en aucun cas traverser la matière. Il devient cependant insaisissable (et non invulnérable, il reçoit tout de même des dégâts proportionnellement au nombre de particules touchées) et difficilement visible si la fumée est dispersée, mais cela lui prend plus de temps pour rassembler ses cellules et reprendre sa forme initiale. Il lui est arrivé de passer une journée sans jambes après être resté trop longtemps à l'état gazeux et ayant laissé ses cellules se disperser. Il est également sensible aux courants aériens, ces derniers rendant les déplacement plus compliqués à contrôler (le ventilateur est sa némésis). L'utilisation trop intensive de son alter l'épuise. La composition de son état gazeux est la résultante d'une combustion, mais en aucun cas il ne prend feu, a les parties de son corps qui chauffent ou autres joyeusetés. La transformation n'est pas instantanée, il ne va pas magiquement se transformer en nuage de fumée pour esquiver un coup. Par contre, cela lui permet de se libérer d'entraves comme des menottes. Les seuls résidus de son pouvoir sont des traces de suie et une odeur de brûlé.
Description
MENS SANA

Ses rêves d'étoiles, de nébuleuses et d'atmosphères étrangères, il leur a fait un seppuku propre et concis. Il est pire qu’une fleur, il fane à la vitesse de la lumière. Il ne se remettra jamais d’un amour qu'il n'a jamais eu, d’une personne qui ne l'a jamais vraiment regardé. Du père qui n'a jamais été là ou des rires qu'il a refoulés en fronçant froidement les sourcils. C’est ça sa tragédie, d’être tout dans son absence, d’exister dans le négatif. C'est un déficit, il accumule les zéros en-dessous du moins. Un manque, peut-être, de cette force de caractère, de cette volonté à vivre, et il se définit comme ça; comme ce gars qui ne cherche pas à prendre plus que ça la parole, comme ce gars qui, oui, bien sûr, accepte de boire un coup avec vous, mais ne vous recontactera pas. Il n'est pas froid, ni distant, juste pas intéressé, et ne cherche pas à être intéressant. Il est assurément trop franc. Souvent cynique. Amer. Il ne cherche aucunement la sympathie de ses semblables ou à créer des liens. Cette vie n'est qu'un marchepied pour la suivante. Il accumule les relations superficielles et éphémères. À quoi bon s'encombrer de liens lorsqu'il sait qu'il devra les briser ?

Vivre est la pire des punitions, la plus mortelle des maladies. Il aurait aimé ne jamais venir au monde. Ça aurait fait plaisir à sa mère. A son père aussi, d’ailleurs. Et s'il mourrait demain, il n'est pas vraiment certain que quelqu’un viendrait pleurer sur sa tombe. Il a des troubles de dépersonnalisation/déréalisation, dissocie comme il respire. Il a toujours les yeux vitreux, un peu vaporeux ; embrumés comme un matin d’automne. À la manière d’un épais brouillard, il semble planer par-dessus la réalité. Il renferme un monde tout entier en lui, une infinité immatérielle de questions, de réflexions, d’élucubrations tellement interminables qu’il croirait pousser le rocher de Sisyphe. Tant et si bien qu’il peine, souvent à s’ancrer dans la tangibilité immédiate du présent ; que, parfois, le temps s’écoule et lui file entre les doigts, sans même qu’il s’en rende compte. (Il pourrait crever sans en avoir la moindre conscience.) Il est nonchalant, excessivement détaché. De lui, de ce monde. Il peut s'interrompre en pleine conversation suite à une pensée soudaine, changeant brusquement de sujet au cours d'une conversation ou s'arrêtant simplement d'écouter. Ce qui, il faut le dire, peut facilement agacer. C'est le bordel dans sa tête, toujours.

Il a un avis sur tout, il pourrait pondre des dissertations sur tous les sujets, offrir des conseils concernant toutes les situations. Il est passionné et s'intéresse à énormément de choses. Et s'en désintéresse presque aussi rapidement. Sa vie est faite de projets éternellement inachevés, il a la capacité attentionnelle d'un nouveau né. Il est délicat et sensible, mais il continue de se cramponner à sa fierté vacillante et à son orgueil, il n'avouera pour rien au monde qu'il connait par cœur les romans à l'eau de rose et les paroles des chansons mielleuses qui parlent d'amour qui surmonte les épreuves et qui ressort toujours victorieux, qu’importe les obstacles. La science est laide et l’ennuie, il préfère user de son imagination pour expliquer ce qu’il ne comprend pas. Il a un amour passionnel et inconditionnel pour tous les arts. Les recueils de poèmes, les mots qui transpercent, qui renversent, bouleversent. Il aime quand les mots se plantent dans son palpitant, dans ses chairs, qu'ils remuent quelque chose en lui. Il aime sentir que les mots sont vivants, parce que les mots, ça représente beaucoup pour lui. Il est tombé amoureux de milliers d’histoires, de milliers de personnages de romans, tous plus réalistes et beaux dans leurs défauts. Il aime la lecture, les arts, sa moto, le thé et les étoiles. Cet infini qui le fascine. Et s'il aime autant les étoiles, c'est peut-être parce qu'elles lui ressemblent un peu : il est déjà éteint, mais personne ne le saura jamais. Il s'efforce de continuer de vivre.

Il a ce sourire, celui du rêveur déprimé, qui a ouvert les yeux avant la fin de son rêve et qui est encore paumé dans un entre-deux, triste et amer tout en étant tendre et résigné. Il y a cette laideur qu'il cherche chez les autres pour se sentir moins seul et sale. Cette curiosité malsaine qui le pousse à repousser toujours plus les limites, se complaire dans la vision des traits visages déformés par son horreur. Il agace les gens. C'est dans leur étrange laideur intérieure qu'il dévoile les plus beaux trésors, les couleurs les plus vibrantes rendant au monde un peu de sa saveur, quand il se retrouve un peu dans les autres. Lui, le monstre. Le traître. La bonté le dérange, il préfère les coups aux mains tendues. Il peut sembler froid et désagréable de prime abord, mais c'est surtout une carapace pour se protéger. Il affiche plus de défauts qu'il n'en a réellement. Car il est faible et il le sait. Le fait de s'attacher le terrifie. Parce qu'il sait qu'il est du genre à trop donner, au point de s'oublier et de disparaître dans les désirs des autres. Quand il aime, c'est sans compter. Et il a bien trop à perdre pour tout abandonner au profit d'une passion passagère. Ses frères sont la seule chose encore capable de l'atteindre aujourd'hui. Il ferait tout pour eux. Ils sont d'ailleurs la seule chose qui l'empêche de sombrer définitivement.

Il n'aime pas qu'on fourre son nez dans ses affaires. Il n'est pas du genre à s'ouvrir facilement, ou le fait sous couvert de blagues ou de sarcasmes. " Mon corps est une tombe. ", affirme-t-il fréquemment, pince-sans-rire, de la même façon que certains disent " Mon corps est un temple ". Comme les possessions matérielles, daigne-t-il quelquefois détailler, on emporte pas son corps dans la mort. L’âme, on en sait rien ; mais le corps, la chair, c’est sûr que ça pourrit, que ça se désagrège et qu’ultimement, ça disparaît, ravalé par cette même Terre qu’on a traversé, pensé connaître et maîtriser, durant toutes ces années. " car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. " Alors autant le pousser jusque dans les derniers retranchements, autant l’éprouver, l’abîmer et le casser. Il n'est rien de ce qu'il subit et se montre souvent inconscient et imprudent. Il n'a pas peur de grand chose car il se fiche de ce qui pourrait lui arriver. Il stresse pourtant si facilement pour les autres. Il ne dort que très peu, passant bien trop de temps à réfléchir au point d'en oublier le temps qui passe. De toute façon il a des terreurs nocturnes et passer une bonne nuit est un rêve lointain pour lui. S'il est très doué pour prendre soin des autres, ça n'est pas le cas quand il s'agit de sa personne.

IN CORPORE SANO

C'est ce mec banal qu'on ne regarde qu'à partir du moment où l'on s'intéresse vraiment aux gens. Il a la gueule désabusée et la bouche pincée; un assemblage en traits graves, qui collent sur lui cette facette discrète, sans distinction. Il est un péon au milieu des autres, avec rien qu'un peu de tenue et ce petit angle particulier au coin des lèvres. Il n'est rien ou pas grand chose dans la grande vitrine d'exposition, il est tout le monde; il n'est pas comme ceux qui se font tatouer des têtes de mort sur la face. Malgré ses ongles noirs et ses quelques tatouages ou piercings. Oui, il a quelques mèches d'un blanc décoloré qui viennent orner l'arrière de sa chevelure de jais. Et oui, il a également les yeux rouges, au regard si sombre qu'ils semblent noirs. Ils étaient marrons autrefois, mais son alter en a changé la couleur, la rendant plus vibrante, inquiétante.

Mais dans cette société nouvelle, aux apparences mutantes, ses quelques excentricités ne marquent pas durablement les esprits. Incognito au milieu du reste de cet océan de formes et de couleurs, il est un pixel que l'on ne remarque pas. Quand il se regarde dans le miroir, quand on le croise dans le métro, quand il descend sur vos trottoirs, il n'y a rien que cette définition rapide de ce qu'est la normalité. Il pourrait être le figurant parfait dans cet étalage de visages inconnus que l'on se figure pour représenter une ethnie typiquement asiatique. Ses yeux ont l'air un peu plus sauvages que ceux que devraient posséder un citoyen lambda. Ses sourires sont un peu plus désaxés et las. Il n'est pas moche, mais on ne s'attarde pas sur lui. On le voit et on l'oublie. Il ne veut pas que l'on remarque. Il ne cherche pas à ce qu'on le voie. Il n'a pas besoin des autres pour exister. Ses petites lubies ne sont là que pour satisfaire son sens esthétique quelque peu atypique.

Sous sa peau lisse, ses muscles ont beau être secs, ont beau être définis, ils ne sont pas plus utilisés que le nécessaire demandé. Des outils de travail, au même titre que ses mains ou ses jambes. Là où il avait un peu d'orgueil, plus jeune, dans le fait de tailler son corps, il n'y a rien, maintenant, qui l'amuse vraiment dans l'idée d'être beau. Dans l'idée d'être attirant. Les tendons de ses épaules sont tracés, et subsistent les traces d'un dynamisme de corps qui peuvent encore plaire à ceux qui sont en mesure de se pencher sur lui; mais il se fout un peu des quelques atouts qu'il possède encore. Un mètre soixante-quinze. Il est plus grand que la moyenne nationale. Mais ça s'arrête là. Son style vestimentaire est classique bien qu'un peu grunge et négligé sur les bords. Un t-shirt coloré affichant une quelconque référence à la culture pop, un jean qui va bien avec ses Docs râpées et des blousons ornés de patchs et broderies réalisés par son cadet. Quand il se la pète sur sa bécane rapiécée, il rassure pas franchement.

Il a les mains sèches. Dont émane toujours cette odeur piquante de nettoyant sans eau qu’on trouve en petit flacon, pour se laver les mains lorsqu’il n’y a pas de salle de bain à proximité ; et son haleine, toujours une odeur de menthe forte et de tabac. Les pastilles et les cigarettes sont ses péchés mignons. Il a les ongles coupés nettement, parfois encore salis de particules de suie, résidus de son alter qu'il vient parfois étaler sur ses joues par maladresse. Elles sont minces, un peu plus livides que le reste de sa face, elles ont parfois l'air d'être sur le point de craquer. De révéler des crocs, de s'ouvrir sur tous ces déchirements qu'il voudrait balancer. Ca n'arrive jamais, et ses joues, des canevas trop placides, restent silencieuses, taisent les insultes qui se concentrent dans ses yeux. Ceux-ci ne sont pas particuliers. Rien qu'une forme découpée au scalpel, creusée sous des paupières violacées. Des cernes, des tempes creusées durcissant les traits doux et féminins, typiquement asiatiques. Sa chevelure épaisse et hirsute venant ronger ses traits n'arrange en rien cet aspect de mec qui en a trop vu pour se soucier de son corps.

Il y a cette fatigue qui vient se plaquer contre sa face, s'écraser un peu plus sur son échine courbée. Des fois, parfois, on lui dit qu'il a l'air un peu plus vieux que son âge. Ce n'est pas un compliment et il le sait. Il est fatigué, pour ne pas dire usé, et il a en haut de la colonne ce poids d'une peine qui vient courber son échine et sa volonté. Le mec, voyez-vous, n'est pas doué pour se relever de ses erreurs, de ses peines de cœur. Ça teint ses yeux d'une nuance désabusée. Il sourit peu, ou trop. D'un extrême à l'autre, tant qu'il a la possibilité de ne pas trop penser, et de pouvoir aller se coucher en étant fatigué. Ne pas penser, c'est un coping efficace, qui donne à son apparence un côté un peu automate, un peu androïde plastifié. Il a les yeux éteints et le sourire trop douloureux pour qu'on se mette à l'approcher. Des cils longs, peut-être, une bouche intéressante, un peu. La voix grave et douce, rassurante, un peu cassée par le tabagisme.  

Il a ce côté flegmatique qui pourrait presque sembler gracieux. Cette odeur de violette et de tabac mentholé qui émane de son corps et qui vient dissimuler l'odeur de cramé laissée par son alter. Il a des cicatrices, aussi. Beaucoup. Il en a tellement qu'il pourrait les compter pour s’endormir la nuit. Des trucs pas jolis mais qu’on voit pas si on fait pas l’effort de regarder. Elles ne le dérangent pas. Il les aime bien même. Ces sillons clairs, c'est son histoire tracée à même sa carne. Comme ses tatouage. Sa colonne vertébrale est ornée d’un long serpent. Il s'est tatoué les pieds sous substance une nuit, mais maintenant, il est incapable de dire ce qu’ils sont censés représenter. Il hésite entre un feuillage tropical ou l’apocalypse. Ouais, il est pas si banal quand on prend le temps de le détailler. Mais au final, rien qu'à le regarder, on devine ce qu'il est : un type qui ne veut pas, qui ne veut plus saisir sa chance. C'est la recherche endolorie d'une agonie solitaire.

Lorsqu'il agit en tant que malfaiteur, il laisse sa tête se transformer en fumée noire s'échappant de son cou pour préserver son anonymat. Simple, efficace. Pour exprimer ses émotions, la fumée prend la forme de smileys. Pour parler, il utilise la langue des signes ou une appli de lecture sur son téléphone. De toute façon, il n'a pas besoin de plus avec les gens qu'il côtoie sous cette apparence. Il n'est pas là pour se faire des potes. Déjà qu'il ne s'en fait pas en temps normal.
Histoire
Cher journal, je t'écris aujourd'hui pour te confier mon fardeau. Je vais me tuer à te le raconter, comme je me suis tué à le vivre. C'est gravé sur mon âme. Que ma plume te noircisse de ma peine. Que du bout de mes doigts les blessures de mon cœur laissent s'écouler leur bile noircie. Si quelqu'un vient un jour à violer notre intimité, dépouiller les cadavres que j'ensevelis entre tes pages, je n'ai qu'un souhait. A travers ces lignes sombres, je m'adresse à toi inconnu. Toi que je ne connais pas mais qui bientôt saura tout de moi. Toi qui parcours de ton âme les arabesques de mon histoire. Qui décortiques mon esprit. Je ne te demanderais point d'arrêter ton regard, écrire dans l'espoir de ne pas être lu me semble un dessein illusoire gorgé d'hypocrisie. Je ne peux qu'espérer qu'entre ces pages tu me trouveras une plume attachante et que tu compatiras suffisamment à ma peine pour ancrer mes mots dans ton esprit, que tu les chériras et que tu auras la délicatesse de ne pas les répéter. Je n'aspire pas à la gloire. Je n'écris pas pour me justifier. Je ne cherche nulle rédemption dans l'expression de mes émois. Ma main n'est guidée que par la volonté égoïste de confier mes péchés; la volonté masochiste de les graver pour que jamais ils ne soient oubliés.

Les mémoires ayant précédé ma naissance ne m'appartenant pas, je ne peux t'en confier qu'une traduction faite par mon imagination. Ne me condamne pas pour l'inexactitude de mes propos, je ne peux t'épargner cette piteuse reconstitution, si tu cherches à me comprendre tu devras disposer de tous les éléments nécessaires et adopter mes dogmes l'espace de ce récit. Navré si mes larmes dispersent parfois l'encre. Certains souvenirs sont encore trop intenses.

***

La pâle lueur de la lune filtre à travers le rideau fin. Il oscille lentement, à l'image d'un spectre hantant le tableau inanimé que constituait la pièce. Un douce lumière dessine les contours des meubles de mauvaise facture leur conférant un je-ne-sait quoi de mystique. Au centre de la pièce une silhouette se recroqueville sur un brin d'existence qu'elle enveloppe de ses bras aimants. Sa voix s'élève, écorchée par une gorge éprouvée par une vie passée à crier pour se faire entendre. Elle est pourtant si douce qu'elle m'aurait arraché un frisson. Cette peinture a des allures fantasques, un moment d'irréelle douceur figée dans le temps. Si seulement. Elle se penche légèrement en avant alors que ses doigts rêches s'aventurent dans la chevelure d'ébène de sa progéniture, contrastant terriblement avec sa peau calleuse. Un pâle sourire étire ses lèvres, ses longs fils de jais viennent recouvrir le visage du poupon comme un fin voile mortuaire. Elle n'a que vingt-cinq ans, et une vie de labeur lui a déjà dévoré les épaules. Même les étoffes les plus fines ne parviendraient pas à dissimuler les traces d'un passé tumultueux.  

Dans la clarté de la nuit, elle attend son mari. Il rentrera tard, bien après que sa tête dodelinante ne se soit écroulée sous le poids de l'épuisement. Mais elle attend chaque soir, repoussant à chaque fois ses limites. Un soupir las franchit le seuil de ses lèvres alors que le petit être qu'elle tenait entre ses bras vient se blottir contre sa poitrine. La jeune femme se relève, lentement, en se crispant avant de boiter pour déposer son enfant dans le berceau. Elle se penche précautionneusement pour venir déposer un baiser sur son front. Quand elle se redresse, elle sent des aiguilles lui perforer le bas du dos. Les mains sur les reins, elle déambule dans la pièce, détaillant le mobilier qui depuis deux ans déjà est devenu le seul paysage qui s'offre à son regard. Son dos est brûlant, la sueur fusionne le tissu de sa robe avec sa chair. Ses mèches sombres suintent, ses os crissent douloureusement, la douleur est presque intenable. Presque. Un sourire étire ses lèvres. Oui, une existence de labeur pour laquelle elle avait quitté les joies de sa ville natale. Elle s'est isolée dans la ville par amour, dans cette agglomération absurde d'identités où il n'y a aucune place pour exister. Mais son fils est là pour illuminer son quotidien. Elle essaie de s'en convaincre. Ce mensonge, c'est tout ce à quoi elle peut se raccrocher.

Les cliquetis de l'horloge marquent la cadence de cette berceuse qu'elle chante chaque soir comme pour chasser les mauvais esprits. Du haut de son mur elle se moque d'elle, les bruits mécaniques résonnent dans son encéphale comme des tambours de guerre, comme les battements bien trop violents de son palpitant, encore et en chœur ils chantent leur misère. Le tic tac blesse, les aiguilles poursuivent leur course et s'écartent dans un rictus moqueur. Les tics sifflent les "Il n'est toujours pas là." Les tacs martèlent les "Ce soir encore, tu ne le verras pas." Le toc demeure en silence, ces mots, elle ne veut pas les entendre, elle ne les connait que trop bien. Ce sont ceux qu'elle ne peut accepter. Ceux qu'elle noie dans un verre quand dehors elle perçoit les conversations des voisins. Elle voudrait sortir... Si seulement ses reins ne lui faisaient pas si mal. La pièce unique que constitue leur appartement est bien trop petite pour elle et cette chose, le seul témoin de son désespoir. Elle redresse la tête en plissant légèrement le nez, c'est un regard sombre qui affronte les douze yeux numériques de l'horloge. "C'est ta faute." Les aiguilles lui percent l'être à chaque seconde elles s'enfoncent un peu plus.

Elle ne pose pas un regard sur le berceau où dort l'enfant. Il aurait du rester vide. Elle n'arrive pas à poser les yeux sur lui, il ne fait que lui rappeler ce qu'elle a perdu. Elle a vingt-cinq ans et l'impression que le monde ne tournera plus rond. Alors elle laisse l'alcool lui retourner la tête, boire à s'en vomir et retrouver les cheveux noirs de son enfant au fond de son verre. Elle ne supporte plus rien, ni les pleurs du petit dernier, ni l'odeur de goudron et d'anis qui lui colle au corps et à l'âme, une lame au corps qui lui fend le cœur. La perte de leur premier enfant avait détruit le couple. Ils étaient trop jeunes et ce monde bien trop rude. N'ayant pu sauver son premier né, mon père s'évertua a devenir un héros. Il était déterminé à sauver les autres innocents. Un dessein louable qui l'empêcha de sauver celle qui lui était la plus chère et qui perdait doucement pied, s'engouffrant toujours un peu plus en enfer.

C'est comme un mauvais sort
Jeté par une vilaine sorcière...
Et son nom c'est "La Vie".


***

" Ahn ! "

Et c'est tout. Ahn. Quand on a deux ans c'est un mot, un mot qui en vaut cent, ça remplace toutes les phrases de l'univers, ça veut tout et rien dire. Ahn, c'est un mot magique. Le seul hic, c'est que personne ne comprend. Mais ça on s'en fiche. On découvre le monde qui nous entoure et on n'arrive pas toujours à en démêler toutes les règles. Deux ans à tenter de s'exprimer, à opérer une évolution qui a pris des siècles à toute une espèce et nous on n'a que quelques années pour apprendre à se dresser sur ses pattes potelées. A deux ans on est quoi? Un petit rien juste un morceau d'existence. Un minuscule bout rose glapissant, une chose un peu étrange et difforme qui s'agite en tentant de s'exprimer sous le regard inquisiteur d'abrutis qui n'y comprennent rien. On tente de leur apprendre, puis on se lasse, on se plie à leurs règles abandonnant ce qu'on est pour se conformer à ce qu'Ils sont pour ne pas être seul.

Voilà, c'est ce que je suis. Je ne suis rien. Et pourtant je suis tout pour Elle. Elle est tout pour moi. A nous deux nous constituons un microcosme qui se suffit à lui-même au sein de cette famille. J'en suis persuadé. Mon père ne fait que de rares apparitions dans le théâtre de mon existence. Il n'est qu'une présence vague. Il en est de même pour ma sœur aînée, Izumi. A six ans, on a mieux à faire que de traîner avec un humain en devenir. Elle a l'école. Ses copains aussi. Mais cela m'importe peu dans la mesure où je passe mon temps accroché aux seins de ma mère, comme un dévot se cramponnerait à sa croix. C'est une vie simple, nous n'avons jamais aspiré à être grands, nous nous sommes toujours contentées de ce que nous avions, d'être ensemble.

***

" Alors tu veux quoi? "

Je reste planté là, la bouche entrouverte, le regard dans le vide. J'observe avec un intérêt mitigé les deux brins de bois dans les mains du petit garçon. L'un est tordu et brun, l'autre fin et vert. C'est du pareil au même, mais je ne sais tout simplement pas. Mes yeux se voilent légèrement alors que mon regard balaye la pièce à la recherche de mon point de repère. Maman? Maman n'est pas là. L'odeur de goudron est toujours là, mais il manque quelque chose. Mon cœur rate un battement et ma main se referme sur les doigts trop épais et rugueux de mon père. Elle est grande, trop grande, j'ai l'impression qu'elle va avaler la mienne. Le malaise me gagne et je baisse la tête, mes lèvres s'étirant dans un pincement maladroit. Si je répond juste est-ce que je pourrais rentrer? Je n'ose pas poser la question. Il me fait peur, Papa... On dirait un géant. Ou plutôt un ours, comme il y en a dans les histoires que me raconte Izumi, celles qui font peur. Mon cœur s'accélère, se serre. J'étouffe. On dirait le cliquetis d'une bombe à retardement. Je ne sais pas. Je ne sais rien.

Je tend une main, hésitante, redressant la tête vers le visage de mon père pour le sonder, en quête d'approbation. Je ne trouve nulle douceur ou familiarité dans ses traits durs. Je n'ai jamais eu à prendre de décision. Ma nourriture, mes vêtements, mes jouets, tout a été programmé avec soin sous les directives assez strictes de ma mère. Je ne saurais dire si je préfère la viande ou le poisson, les fraises ou les oranges, je ne connais même pas ma couleurs préférée. Tout ce que je sais c'est que je veux rentrer. Mes sourcils se froncent alors que ma main entreprend un léger mouvement de recul à l'idée de décevoir ma mère. Après tout il doit bien y avoir une raison pour laquelle je n'avais jamais eut à prendre de décision. La main de mon père agrippe plus fermement la mienne, m'arrachant un sursaut et me ramenant à la réalité. Je dois être un brave garçon, sinon il dira à maman que j'ai été vilain. J'ai mal au cœur. J'ai envie de vomir. Mais je tends la main pour attraper le bâton plus fin. Mes doigts se crispent alors que je lève à nouveau les yeux sur le paternel.

Je t'en prie, ramènes moi à la maison.
C'était comment déjà?
Claque les talons trois fois et tu rentreras.


Pas de chemin de briques dorées. Pas de lion, ni d’épouvantail. Juste un ours et des souris bruyantes. Rien n'est vrai. La torture dure une éternité où les autres enfants courent dans tous les sens en agitant leurs "armes" dans les airs. Un bâton vient à la rencontre de ma mine renfrognée suivit d'un "MAGIE DU SOURIRE!" scandé de sorte à me percer les tympans. Il rit et puis s'en va. Je les déteste.

La porte se referme derrière moi et mon palpitant reprend son rythme usuel. Sans prendre la peine de retirer mes bottes pleines de boue je me précipite dans les bras de ma déesse salvatrice. Je ferme les yeux, soulagé, humant enfin cette douce senteur de goudron et d'anis relevée par une odeur inconnue que je ne saurais définir.

" Comment c'était? "

Sa voix tremble un peu. Je prend une inspiration avant de redresser le chef, mes lèvres s'étirant gauchement dans un sourire en carton-pâte qui ne trompe personne.

" Supeeeeer! "

Ma voix tremble. Mon cœur hurle.
Maman, j'ai peur. J'ai mal.
Maman sourit.


***

Je suis planté devant elle. La tête baissée, les poings serrés sur mon T-shirt, le sang affluant dans mes joues. C'est sorti tout seul. Une déclaration maladroite. Et ils éclatent tous de rire.

" Je veux pas ! T'es trop bizarre ! "

Elle fond en larmes. Les rires se font plus forts. J'ai envie de mourir. De disparaître. Et c'est ce que je fais. Doucement. Sans le réaliser. On me retrouve quelques minutes plus tard, coincé dans un casier. Je ne comprend pas. *Il me fait peur, mon alter. Quand maman vient me chercher, quelque chose à changé dans son regard. Elle ne sourit plus. Plus tard, dans la nuit, je l'entend pleurer et Papa s'agace.

" S'il-te-plait... Arrête avec ça... C'est pas lui. Tu dois te rendre à l'évidence et avancer Reiko...
- Il lui ressemble tellement... Mais son alter... C'est pas le même.


Maman est devenue plus distante après ça. A chaque fois que je l'utilisais, elle pleurait. Alors j'ai arrêté.

***

" S'iiil-te-plaiiiiit, Zuzu...
- Je t'ai dit non. Fou moi la paix. "


Accroché à la manche de ma sœur, plus fermement qu'un parasite à son hôte, je serre encore plus fort. Elle se crispe un instant, se demandant probablement si je n'allais pas lui couper la circulation jusqu'à ce que son membre se noircisse et ne tombe. Je l'empêche de se concentrer. C'est volontaire. Je penche légèrement la tête pour observer tant bien que mal l'ouvrage par dessus son épaule avant de m'écrier.

" Mais tu l'as déjà lu cuilà!
- Je les ai tous lus. "


Son ton est sec, presque cassant, comme toujours lorsque je parle de ses livres. Elle a toujours été froide, mais quand il s'agit des livres c'est différent. Je laisse un soupir siffler entre mes lèvres close, mes joues gonflées ne suffisant guère à manifester tout mon ennui. Ça fait déjà un an qu'elle est entrée dans le cursus des héros, mais elle a encore le nez fourré dans les mêmes livres, probablement pour qu'on ne vienne pas l'enquiquiner. Depuis la naissance de Michiru. L'Accident. C'est le petit sobriquet qu'elle lui a donné, elle l'énonce toujours d'une façon particulière, laissant sa langue glisser comme celle d'un serpent. Elle m'arrache toujours un frisson quand elle le fait, ça énerve toujours papa et maman. Je pensais que c'était par ce que maman était tombée dans les escaliers un jour. C'était le seul accident que je connaisse.

Je l'ai déjà entendue dire à une de ses amies que son avenir s'était écrasé entre les cuisses de nos parents. Que comme l'argent économisé sur l'école onéreuse qu'elle aurait voulu faire plutôt que d'intégrer le cursus de héros, et les économies pillées, issues de son travail pendant les vacances, permettaient de nourrir plus d'une bouche supplémentaire ils s'en étaient donnés à cœur joie. Il y eut donc d'autres petits frères et sœurs, un peu comme si maman s'était transformée en machine à faire des bébés, qu'un nouveau chiard s'évadait de ce trou béant chaque année qui passait. Elle se transformait alors en chienne enragée, sa progéniture ne pouvait alors plus l'approcher et papa étant occupé à travailler ou dans un bar. Izumi se retrouvait en charge de l'essaim de marmots. Elle nous haïssait, et plus d'une fois, elle s'était imaginé nous cogner jusqu'à nous briser de l'intérieur.

Elle a dit ça par ce qu'elle était énervée. Même si elle est toujours énervée. Un "BANZAIIIII" menaçant lancé à l'adresse d'un quelconque monstre imaginaire retentit depuis l'extérieur. Un grognement agacé échappe à Izumi alors qu'elle soulève son bras un peu brusquement, me soulevant de quelques centimètres par la même occasion. Mon regard s'illumine alors qu'il se pose sur mes pieds ballant allègrement dans le vide comme s'il s'agissait d'un tour de magie.

" T'es troooop fooooorte!
- T'es troooop chiaaaant! "


Ooooouh! Si maman entendait ça... - Je siffle de contentement sans prendre la peine de la reprendre. Si je suis suffisamment courageux, ou inconscient, pour persister à agripper Izumi malgré sa mauvaise humeur persistante je ne le suis pas assez pour oser la défier ou la contredire. Elle me fait un peu peur... Michiru est gentil, même s'il n'aime que les trucs de gosses. Il est inutile de mentionner les jumeaux, ils sont bêtes à en pleurer. Izumi elle, elle a toujours cet air grave et les sourcils froncés, elle m’impressionne autant qu'elle me fascine. A l'image d'un chat, plus elle me repousse, plus je me sens attiré par elle. Mais ça, c'est uniquement par ce que plus tard je voudrais être comme elle; bien qu'elle n'ait pas le loisir d'en être flattée. Elle a un alter super, Izumi. Le même que papa. Le mien, il craint. C'est un mélange un peu bâtard entre celui des deux parents. C'est pas avec lui que je deviendrais un héros... Il ne sert à rien. Sinon papa m'aurait probablement regardé comme il regarde ma sœur, m'aurait consacré autant de temps. Et maman n'aurait pas eu besoin de faire d'autres enfants. Si je n'étais pas un echec, peut-être qu'Izumi n'aurait pas été aussi amère. Elle soupire une nouvelle fois et ma prise se referme d'elle-même sur son bras. Ça ne serait pas la première fois qu'elle m'enverrait valdinguer un peu brutalement. Je déglutis avant de continuer sur ma lancée.

" J'ai envie de jouer... Jou-er... - J'approche mon visage du sien. - Comme s'amuser, tu sais?
- Non, je sais pas. "


Il est froid, le regard qu'elle pose sur moi, à s'en brûler l'être. Pourtant qu'est-ce qu'il est beau... Je reste figé, mon regard planté dans le sien. Je crois qu'on a jamais été aussi près.

" T'as toujours pas de copain? "

C'est sorti tout seul. Je reste figé, ne pouvant qu'anticiper la punition à venir. Son regard s'assombrit alors que d'un geste brusque elle referme son livre, probablement pour me le lancer à la figure et je ne peux qu'accepter mon triste sort. Mais rien ne vient. Par peur d'une éventuelle punition ou pour préserver ses précieux ouvrages, Izumi s'arrête avant de commettre l'irréparable. J'ai envie de la traiter de chochotte. Je me tais. La perspective que mon encéphale ne subisse un apprentissage "physique" des règles constituant le code de conduite des héros ne m'enchante guère, je me contente de baisser la tête. La réponse je la connais. " C'est pas comme si j'avais le temps. " Elle me fait de la peine. Papa lui demande toujours de travailler plus, maman de s'occuper plus de nous et elle, elle se retrouve livrée à elle-même. C'est un peu comme si elle était une marionnette entre leurs mains. Mais plutôt que de se plier sous les responsabilités, ses épaules se hérissent d'une colère difficilement contenue. Même si elle râle tout le temps, même si elle dit qu'elle nous déteste... Je n'arrive pas à la regarder autrement qu'avec admiration.

Si seulement j'avais su que je ne faisais qu'attiser des braises déjà rougeoyantes.
Ça aurait pu être différent.
Il n'y avait de place pour personne dans cette maison, on aurait pu se créer notre monde.
Étouffer tout simplement à deux.


" Très bien, tu as gagné. On joue. "

Mon visage s'illumine. Trop heureux de ce soudain revirement je ne prend pas la peine de m'interroger sur sa cause. 'Faut dire que c'est un sacré privilège et que les occasions de se sentir spécial dans cette famille bien trop grande où personne n'avait de temps pour personne était terriblement grisante. Je m'écarte, trépignant d'impatience en attendant les instructions de mon aînée. La voix d'Izumi retentit, son agacement avait laissé place à une douceur qui aurait pu être dérangeante, presque malsaine, si je ne l'avait pas trouvé si plaisante.

" Mais avant ça, je dois vérifier si tu es courageux...
- Je suis courageux! "


Profondément blessé dans mon amour propre je ne note pas le sourire entendu de ma sœur. L'ai-je déjà vue sourire? Mon cœur loupe une mesure. C'est notre moment à nous, celui que j'attend depuis toujours. Mon esprit se perd dans les méandres de mes rêveries alors que je la suis sans me poser davantage de questions. Ne surtout pas faire de bourdes, tout doit être parfait. Marcher, je dois marcher. Je ne sais même plus comment on fait. Je me contente de laisser mes pas recouvrir ceux d'Izumi comme si je couvait le plus précieux des joyaux. Le souffle court, le cœur comme un tambour et le sang bat dans mes tempes... Avance. Danse. J'ai la tête qui tourne, mes synapses s'agitent dans un ballet désarticulé. Je n'ai jamais voulu rien de plus, juste qu'elle me laisse être à ses côtés, qu'elle me porte ne serait-ce qu'un milliardième de l'attention que je lui porte. Si je rêve, je vous en supplie, surtout ne me réveillez pas. Je pourrais en mourir.

Elle s'arrête, je lui rentre dedans et ferme instinctivement les yeux m'apprêtant à entendre l'usuel " Regarde où tu mets les pieds microbe ! ". Rien. Intrigué par ce manque de réaction et revenu à la réalité, je prend quelques instants pour détailler la pièce. Seul l'éclairage provenant de la trappe par laquelle nous étions entrés illumine l'endroit. Quelques meubles anciens se chevauchent à l'image d'ordures dans une décharge publique. Les tables fusionnent avec les chaises, les chaises avec un vieux berceau. Les vieux jouets se fondent les uns dans les autres dans autres dans l'espoir d'obtenir une nouvelle vie sous une lumière qu'ils n'ont vu depuis des années au vu de l'épaisse couche de poussière les recouvrant. Ils étaient probablement enfermés ici depuis le déménagement, peut-être même avant au vu de l'état de certains objets.

Il y a dans cette pièce quelque chose de déroutant, un peu comme si le temps avait cessé de s'écouler. Je déglutis bruyamment alors que mon esprit élabore des hypothèses toutes aussi farfelues les unes que les autres et que mon regard se fraye un chemin entre les différents objets. Finalement mon regard vient rencontrer celui d'Izumi, froid. Une goutte de sueur froide glisse le long de mon échine pour se mourir entre mes reins alors que mes yeux suivent la direction de leurs aînés. Mes iris s'arrêtent sur une vieille malle contenant des habits de poupon. On aurait dit une bouche béante prête à m'avaler. Qu'est-ce que ça fait là ? Je m'approche avec prudence, mes doigts viennent recouvrir les étoffes brillantes un instant avant de brusquement s'en détourner. " Tenshi " Un joli nom, soigneusement brodé en fil argenté. Je me retourne vers Izumi, le regard inquisiteur. Comme toujours, je n'obtiens pas de réponse, elle se contente de hausser les épaules avant de me faire signe de grimper dedans. J'hésite. Un instant. Je n'ai aucune envie qu'elle revienne sur sa décision. Prenant mon courage à deux mains, je m'installe entre les vêtements pour bébé prédisant la suite des événements tout en priant pour qu'ils ne prennent pas cette tournure évidente.

" Tu vas rester là dedans. - Sentant les protestation monter dans mes yeux apeurés elle fronce les sourcils - Pas toute ta vie abruti... Juste le temps que je sois sûre que tu es courageux. "

J'entrouvre la bouche pour rétorquer, cherchant un compromis pour ne pas rester enfermé dans cette boîte exiguë ; mais le premier son s'étouffe dans ma gorge alors que je me retrouver contrainte de rentrer mes bras dans le coffre pour éviter qu'ils ne finissent pincés par le couvercle. Il fait complètement noir maintenant, pas un rayon ne filtre dans mon tombeau. Le loquet claque, mon cœur bat plus fort, plus vite, mes poumons pompent l'air. J'ai peur. Je fais gauchement des coudes pour tenter de me faire une place aussi confortable que possible entre dentelles et frou-frous, je ferme les yeux. Il ne fait pas noir, il fait noir par ce que je l'ai décidé, si j'ouvre les yeux, il fera jour. Ma voix tremble et s'élève, fébrile.

" Zuzuuuuuu...
- Quoi?
- Son ton est tranchant, le peu de courage que je suis parvenu à rassembler vole en éclats.
- Dis Izumi... Tu bouges pas, hein?
- Mais noooon. Tais-toi maintenant. "


L'air me manque, mais je suis courageux, je ne broncherai pas. Si je veux devenir comme elle, une héros, je dois être courageux. Il le faut, pour pouvoir être avec elle, qu'elle soit fière de moi. Je déglutis bruyamment. Je n'ai pas peur. Je suis un grand, Michiru aurait pleuré, les jumeaux hurlé, tambouriné, mais moi, je suis une personne sur laquelle on peut compter. Je ne suis pas le genre de personne qui s'inquiéterait à l'idée de rester dans un coffre, tapi dans les ténèbres... Rien qu'avec ces fringues et l'odeur de naphtaline incrustée dans le bois. Et des crampes. Plein de fourmis dans le bras, les jambes. Je tente de me tourner pour le soulager, mais l'habitacle est bien trop étroit, je finis par me résoudre à l'immobilité. Les heures s'enchaînent, le silence persiste, de même que l'obscurité. Ma respiration se fait plus lourde alors que mon rythme cardiaque ralenti, le manque d'oxygène m'emportant doucement dans les bras de Morphée. Je marmonne dans un dernier souffle fatigué.

" Zuzu... ? "

Silence. Le noir.
A mon réveil maman pleure. Papa hurle.

***

" Keishiiiiiiii... ? "

J'ouvre un œil fatigué sur le mur qui me fait face alors que les mèches brunes de jumeaux cascadent sous mon regard. Leurs voix résonnent, plaintives et m'arrachent un soupir agacé. Je me redresse, vient m'asseoir sur le rebord de leur lit. Ils sont recroquevillés sur le matelas, leurs petites mains d'enfants accrochées au drap comme si c'était la dernière chose qui les raccrochait à la vie. Je ne m'allongerais pas à leurs côtés, ils le savent. Ca me fait peur. Allongé, c'est les morts. Couché, j'ai l'impression de ne pas pouvoir me relever. Qu'on vienne m'étouffer. Qu'on m'enterre. Que je m'endorme et ne me réveille jamais. C'est pas le sommeil qui m'effraie. C'est de m'allonger. Comme dans la boîte. Mes doigts glissent entre les mèches de leurs cheveux alors que je murmure.

" C'est encore Izumi qui vous a fait peur ?
- Y'a eu un drôle de bruit... "


Ren murmure en regardant autour de lui, en quête d'un monstre quelconque, alors que Rem acquiesce vivement. Je lève les yeux au ciel. J'ai beau avoir treize ans et être un garçon, je ne peux pas faire grand chose contre une fille de quatre ans mon aînée. Visiblement, ça l'amuse de terroriser les plus jeunes. J'en suis aussi passé par là. Mais si ça avait eu le mérite de m'endurcir, ça semble avoir l'effet inverse sur les jumeaux.

" Vous êtes chiants, va falloir grandir un peu... "

Parce que Izumi ne leur ferait pas de cadeaux. J'ai de la chance. On a pas à s'en faire pour l'argent depuis que papa à commencé à se faire un nom. Maman a arrêté de faire des enfants. Elle est un peu plus stable et présente. Je ne suis pas le premier né, j'ai pas les responsabilités de l'aînée qui me pèsent sur les épaules. Et je ne suis pas le dernier, donc je ne suis pas surprotégé comme les jumeaux. Le juste milieux. L'équilibre parfait. Et quand je vois à quel point faire honneur à sa famille a rendu notre aînée méchante et nerveuse, et à quel point être dorlotés avait rendu mes cadets dépendants et influençables, je ne peux que me féliciter de ma place dans la fratrie. Michiru et moi, on a de la chance. Enfin, surtout moi. Michiru... C'est différent.

***

Je me réfugie dans un monde imaginaire, renie une réalité déplaisante faite de gris délavés à la faveur d'un monde riche en couleurs. J'y trouve le réconfort, une place que je n'arrive pas à me frayer dans cette société aseptisée. Je me plonge dans la lecture et sombre dans des idéaux d'une autre époque. C'est le réconfort d'une renaissance, d'un amour perdu. Les livres, c'est la seule chose à laquelle je peux donner ma confiance. C'est tout pour moi : des confidents, un soutien, une force. J'apprend à aimer les écrivains tels des dieux oubliés, plus que le souvenir rapiécé de ma mère, même plus que ma propre vie. J'étais incomplet. Ils me donnent de l'épaisseur, moi qui me suis toujours senti si vide, me voilà animé du savoir des romains, simplifiant des idées auxquelles un gamin n'aurait jamais du être confronté. Je me passionne pour les arts et les langues. Mon mépris des autres s'efface, je développe une fascination pour ces créatures qui inspirent mes dieux oubliés, elles sont à l'images des livres, des mystères à décortiquer. Je les observe, les analyse, parviens doucement à me fondre dans la masse.

***

" Tu peins ? "

Mes yeux dérivent jusqu'à la fille qui s'est assise à côté de moi. Shiroe ; la petite rousse du cours de sport. Étant dans la même classe, on a fini par se rapprocher. Maintenant j'ai quelques amis et je m'entend bien avec à peu près tout le monde, mon stress a commencé à, doucement mais sûrement, s'évaporer en une fine couche de tranquillité : je respire. Je hoche faiblement la tête.

" Je peux regarder ? "

J'acquiesce. Je lui dirais bien que je n'arrive pas à dessiner ou peindre en public, qu'elle m'ennuie, mais... Elle est jolie. C'est bien ça, le problème. Alors j'étouffe un rire, tâche sa joue de rouge du bout de mon pinceau. Elle glapit, m'insulte ; je recommence. Parce que dans ses yeux bruns, j'espère trouver un reflet qui me convienne. J'arrive pas à lui dire non. Même si l'attention qu'elle me porte me dérange. J'ai pas l'habitude. Je suis bien avec elle. Et ça me terrifie.

***

C'est l'anniversaire des jumeaux. Les rires d'enfants s'élèvent dans le jardin. Michiru reste prostré, sous l'amas de couvertures qui trône sur son lit.

" Allez, dépêche.
- Je vois pas pourquoi j'irais. J'suis même pas leur frère. "


Je reste sans voix. Entrouvre la bouche pour protester, mais me ravise. Ca ne sert plus à rien de mentir, tout le monde est au courant. Depuis que son alter s'est déclaré. Un alter qui n'a rien à voir avec ceux présents dans la famille. Du poison. Sa peau en est entièrement recouverte. Depuis ce jour, Michiru n'a plus pu toucher personne sans lui provoquer d'irritations, jusqu'à l'empoisonnement. Depuis ses cinq ans, c'en est fini des bisous de bonne nuit. Ses vêtements permettent de l'enlacer. Mais c'est pas pareil. Ca ne le sera jamais plus. Je soupire. Vient m'installer sur le lit, m'adossant à la masse de couverture. Fruit de l'adultère. Maman a parlé de viol. Tout le monde y a cru. C'est plus facile comme ça, 'faut croire. Moi... Je ne suis plus trop sûr. En tous cas, ça ne l'est pas pour Michiru. L'enfant d'un dégénéré qui rôde en ville... C'est difficile à porter comme étiquette. Ca fait longtemps que ça ne va plus entre nos parents. Puis elle n'a pas voulu s'en débarrasser. Beaucoup de questions se bousculent dans ma tête. Mais maman ne veut pas en parler.

" Mais si... T'es leur frère. On s'en fou des gênes...
- Les autres, à l'école... Ils disent que je suis le fils de personne, que je vais finir tout seul parce que personne voudra de moi. Alors je vais mourir tout seul, et j'ai pas de famille, et je suis nul... "


J'ai pas les mots. Les gosses, c'est cruel. Moi, j'me suis fait terroriser par Izumi. Si Michiru n'était pas le fruit d'un adultère, ils auraient trouvé autre chose à redire. Mais à son âge, on ne comprend pas. Je lui roule dessus, l'écrasant tout en l'enlaçant à travers les couvertures.

" Hé... Michiru... T'es quand même mon frère. Et tu sais quoi ? On va faire une promesse, okay ? Mais faut arrêter de pleurer, avant, hein. C'est nul de pleurer. T'es plus un bébé. "

Il acquiesce, sortant timidement sa tête des couvertures.

" Celui qui a fait ça... si je le retrouve, je le tue. Je lui ferais regretter de t'avoir laissé souffrir à sa place, d'accord? Une Promesse est une Promesse, que le malheur s'abatte sur les menteurs. "

Il tend sa main gantée vers moi pour entrelacer nos auriculaires, en guise de promesse.

" Si tu le retrouves... Tu le tues... Tu le tues. "

Je me dis que tant de gravité ne va pas à un gamin de dix ans.

***

Ma bouche se tord dans un angle gêné tandis que je réfléchis à quoi dire, quoi taire, comment le formuler et de quelle manière. Un million de phrases toutes plus cotonneuses les unes que les autres tourbillonnent dans mon esprit, aucune plus intelligente que les autres : toutes me semblent belles, aucune ne me paraît juste.
Au final, est-ce que je ne ferais pas mieux de me taire ?

" Bon. Tu le demandes, ou pas ?
-Hein ? "


On est aussi embarrassés l'un que l'autre : moi d'avoir pu être si transparent, elle par crainte d'avoir mal interprété. Peut-être que j'aurais mieux fait de me taire. C'est l'enfer dans ma tête.

" Attends. Je sais pas encore comment formuler ça. "

Devant mon air sérieux, elle éclate de rire ; j'en perd le fil de mes pensées.

" ...Je voulais parler de tes yeux et des fleurs, ou...
-Ou juste dire 'je t'aime', ça marche aussi. "


Le visage empourpré, gêné, j'esquisse une moue perdue.

" Non, c'est trop... "
… banal.
" Je t'aime, moi. "

Mon exclamation frustrée se perd contre les lèvres qu'elle appuie contre les siennes, et si je l'entend me traiter d'idiot trop sentimental dans un souffle, je ne l'écoute pas. C'est trop banal; je voulais des fleurs et des violons.

***

" Recommence. "

Je relève la tête, fronçant les sourcils sur l'homme qui me fait face. Ca va faire plusieurs mois qu'il m'a pris sous son aile. C'est comme un père pour moi. Il est ce que mon père n'a jamais été pour moi. Alors que le géniteur s'est détourné de moi, lui, a consacré du temps à mon entraînement. En même temps que celui de son fils. Il me félicite, me dit que je suis doué. Plus que son gamin. Et ça me fait un bien fou, d'être enfin reconnu et accepté pour cet alter que je n'ai eu de cesse de cacher comme le plus hideux des monstres. De simplement exister pour quelqu'un. C'est un héros. Comme papa. Mais bien mieux encore. Parce que lui, il est là. Son fils ne me regarde pas avec colère lorsque je manifeste l'étendue de mon potentiel, pas comme Izumi qui me frappait pour que j'arrête, de peur que je la surpasse un jour. Je me concentre, recommence. Je m'efface. Un jour, je serais un héros. Et papa s'en mordra les doigts. Izumi aussi. Maman sera fière. Je serais un modèle pour les autres. Mais bien plus doux que mes aînés. Je serais comme cet homme qui me fait face. J'inspirerai les autres et leur apporterais la chaleur qui leur fait tant défaut.

***

Les années ont passé. On a grandi tant bien que mal. Papa est mort l'an dernier. Mais pour tout te dire, ça n'a pas changé grand chose à notre quotidien. Dès qu'elle a atteint la majorité, Izumi est partie vivre sa vie. Elle n'est jamais rentrée depuis. N'a pas appelé non plus. Et c'est mieux comme ça. L'état de maman ne cesse de s'améliorer. Depuis notre discussion, Michiru semble aller mieux, être un peu plus en paix avec son histoire. Les jumeaux sont toujours aussi immatures. Et moi. Mes rêves d'héroïsme sont morts. Face à l'indifférence de papa. A la violence d'Izumi qui ne supportait pas de me voir la surpasser. A la Trahison un peu aussi. Franchement, à quoi bon ? L'héroïsme est mort. Moi, j'ai fini par laisser tomber en tous cas. Me concentrer sur des enseignements plus concrets qui auraient pu me permettre de subvenir aux besoins de la famille. Maman ne travaille pas. Et 'faut pas compter sur Izumi. Mais tout va bien, on a encore des économies.  

" Tu portes plus d'attention à tes leçons qu'à moi? J'aime pas.
-Tu me rapporteras pas de points, toi. C'est la dure loi de la vie, chérie. "


Je reprends ma rédaction en soupirant. J'ai arrêté de faire ce genre de choses quand j'étais gosse. Ca fait un moment qu'on est ensemble. Son frère n'a pas eu l'air particulièrement inquiété du fait que sa petite sœur adorée ne sorte avec son meilleur ami horrible et sans gêne. Il avait murmuré quelque chose d'incompréhensible à propos de filles horribles et briseuses de cœur, et une histoire de me plaquer contre le lit, ou quelque chose comme ça. Je m'arrête brusquement d'écrire, considérant l'idée qu'un jour Shiroe me pousse contre le lit. Elle était prévenue, de toute façon. Quand on me force à m'allonger, ma phobie reprend invariablement le dessus. Pas sûr qu'elle apprécie le spectacle. Je m'arrête à nouveau d'écrire quand une veste atterrit très délicatement sur ma tête, m'empêchant de voir quoi que ce soit de plus que le blanc du tissu.

" J'ai une gueule de porte-manteau, tu trouves? On peut savoir ce que tu fais? "

Elle ricane. Déboutonne lentement sa chemise.

" Je te déconcentre. Évidemment.
-Évidemment. "


Et, comme tout garçon normalement constitué l'aurait fait à ma place, je me remets à faire ma rédaction. Quand sa jupe tombe sur ma copie, s'étalant sur mon bureau, je fronce un sourcil perplexe. Ça allait être difficile d'écrire, dans ces conditions.

" D'accord. Là, je suis déconcentré.
- Ah ! Je parie qu'il n'y a pas de jolies filles en sous-vêtements, sur ta copie.
- Il n'y a pas de jolie fille en sous-vêtements dans ma chambre non plus. "


Je lui rétorque avec un sourire sarcastique, me levant finalement de ma chaise pour venir l'embrasser alors qu'elle fulmine et m'insulte. Elle est débile, Shiroe. Mais je l'aime. Pas comme un ado aime une fille. C'est plus fort que ça. Y a tellement de choses qui ne tournent pas rond dans ma vie. Ca me bouffe parfois. Et j'essaie de faire de mon mieux pour assurer mon avenir dans cette réalité incertaine, pleine de mensonges et de peines. Mais je souris. Parce que ces yeux noisette sont la seule certitude dont j'ai besoin.

***

Ca va faire trois semaines que j'ai pas reparlé à Shiroe. Depuis que l'alter de sa petite sœur s'est déclaré. Du poison. Exactement le même que Michiru. L'homme qui a soi-disant violé ma mère lui rend régulièrement visite, ils discutent en riant. L'homme qui a refusé de reconnaître son fils, l'homme à cause de qui mon frère a souffert ces dernières années, l'homme que j'ai promis de tuer. Cet homme, c'est le père de Shiroe. C'est mon mentor. La seule figure paternelle de ma vie. Ironique, non ? Et je fais quoi moi maintenant ? Le tuer ? Ne rien faire ? Michiru ne m'en a jamais reparlé depuis... J'ai pas envie de perdre Shiroe... Ni de trahir Michiru... J'ai pas envie de finir en prison, ni d'être condamné pour assassinat. Avec un peu de chance, peut-être qu'il a oublié. Peut-être que ce serait mieux de faire comme si de rien n'était ? Peut-être, oui. Peut-être...

***

" C'est ta faute. T'avais promis de m'aider. Que le malheur s'abatte sur les menteurs, Keishi. T'avais promis. "

Je pensais que tout irait pour le mieux. Mais c'est ma faute si tout a merdé. C'est ma faute si Shiroe est morte. Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle n'a absolument rien fait pour mériter ça. Michiru a voulu se venger de son père. De moi. Shiroe s'était imposée comme étant la cible idéale. De toute façon, son alter n'aurait pas affecté son père et il était une cible bien trop grosse à abattre. Il a suffi d'une poignée de main prolongée pour que tout vire au drame. On l'a trouvée trop tard pour pouvoir la soigner. Qui va pleurer, maintenant, hein ? Moi. Notre mère. Son père. Les fautifs en somme. C'est aussi con que ça. Michiru est enfermé. Maman replonge. Et moi, je me retrouve en charge des jumeaux. On a personne sur qui compter.

***

Y a plus d'argent. Les factures s'accumulent. Maman s'est fait interner. Heureusement que j'ai atteint la majorité avant que ça n'arrive. J'essaie de me dire qu'elle a au moins eu la décence d'attendre pour entièrement sombrer. J'abandonne mes études pour travailler. Mais franchement, avec un seul diplôme en poche, on fait quoi ? Pas grand chose. J'ai pas le temps, de chercher, de respirer. Les jumeaux vont bien. Et c'est tout ce qui compte. C'est pas mon cas. Mais on s'en fou. Je sacrifie mes heures de sommeil au profit des petits boulots. Et c'est là qu'il revient vers moi. Mon mentor. L'enfoiré. Avec une proposition en or. Il ne connaît que trop bien ma situation. Et il a beau être conscient de tout le mépris que j'ai à son égard, il est le mieux placé pour connaître mes capacités. Il ne veut pas me convaincre de le rejoindre sur le chemin de la justice. L'héroïsme est mort pour lui aussi. Avec Shiroe. Il a pris une autre voie, plus sombre. Et malgré mes hésitations, j'ai fini par l'emprunter aussi. Je me dis que c'est par nécessité... mais en vérité, c'est par facilité.

Il m'apprend tout ce qu'il avait encore à m'apprendre. Je perpétue des crimes pour un mystérieux commanditaire et l'argent arrive comme par magie. Mon alter était nul pour un héros. Parfait pour un vilain. Se faufiler, rester anonyme, brouiller les caméras, prendre la fuite. C'est comme si ma route avait toujours été tracée. Je deviens un fantôme. Ma bourse s'alourdit, et ma conscience aussi. Les crimes se font de plus en plus extrêmes. Du petit larcin, on en vient aux cambriolages plus élaborés. Y a des morts sur mon passage. Rarement de mon fait. Mais je ne vais pas mentir, c'est arrivé. Au début, ça m'a détruit. Et j'ai voulu tout laisser tomber. Mais il est trop tard pour les regrets. Ils ont bien trop de choses sur moi. Et moi, j'ai strictement rien sur celui ou ceux qui guident mes actes. Alors je bois, pour oublier. Après tout, ça a si bien réussit à ma mère... Y a que les jumeaux qui peuvent encore être sauvés de cette vie de merde. C'est les seuls innocents de cette histoire, et ils ne méritent pas de finir en dommage collatéral, comme l'a fait Shiroe. Un jour, je partirais, loin de tout ça. Avec eux. Pour recommencer, mieux faire cette fois.
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Âge : 28 ans.
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Autre chose à dire ? :Je suis un gros boulet, j'ai inversé les noms et prénoms de mon personnage, serait-il possible de changer mon pseudo en "Harada Keishi" please ? Désolé :x

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Ven 12 Fév - 6:02
Bonjour et bienvenue à toi Keishi ! Tu l’auras deviné, je viens m’occuper de ta fiche.

Qu’en dire ? L’alliance entre qualité et quantité est présente, ta plume faisant que c’est assez fluide à lire malgré la taille et ça...c’est agréable.

Ce que j’aime le plus dans son parcours c’est la façon dont il semble s’enfoncer malgré lui tout en espérant en sortir puisque visiblement il ne l’a pas accepté pour lui-même. On ne peut que lui souhaiter que depuis cette lumière qui s’éloigne un peu plus chaque seconde, une corde lui soit envoyée.

Pour le reste je n’ai rien à dire, le principal est présent et assez bien amené.

Il ne me reste donc que deux informations à te donner :

- Ton Alter est validé, de classe 2 – Bénéfique

- Ton rang te donne droit à une arme simple gratuite, à réclamer en section création d'EH


Tu es validé !

Vilain
Eh bien ! il semblerait que vous ayez déjà une histoire d’écrite au Japon. On ne peut que vous saluer dans la rue d’ailleurs. Du moins, si vous n’êtes pas trop terrifiants. Un homme quelconque vous a accosté aujourd’hui. Juste avant de continuer sa route, il vous a remis une bourse de 50 yens, 260 points de potentiel altérique, une carte indiquant une note, soit le rang C, un avis de recherche avec votre photo de 4000 yens et une  réputation NEUTRE. Comme s’il vous connaissait déjà. Peut-être sait-il tout.

Il vous a sommé de remettre votre Journal du Citoyen dans les griffes des groupuscules qui se soulèvent dans Tokyo, il vous estime.

Curieux personnage.
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Sous vide, t’as du mal à respirer ✘ Keishi Harada {Terminée}
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