Extra cours de combat {Feat. Haruki Sakuya}

Cette journée aurait pu être comme toutes les autres. Se finir comme la précédente, mais aussi la suivante. A ceci près que Sakuya n’aurait pas imaginé qu’une requête formulée le matin même obtienne une réponse positive instantanément. Au sortir du cours de Wipino-sensei, la jeune élève eut tout juste le temps de lui demander un cours supplémentaire qu’elle avait accepté. Sans que cela ne la rende pour autant nerveuse, elle avait ainsi consacré une part de son esprit au songe quant à ce qui l’attendrait, tout au long de la journée.

Et après qu’elle n’aie quittée la pièce d’ou elle avait entendu l’ultime sonnerie de la journée, Sakuya s’était empressée de rejoindre sa professeure afin de ne pas trop la faire attendre. Le mince espoir d’arriver la première, ce qui aurait été plus correct, lui avait traversé l’esprit, avant de voler en éclats. Evidemment, sa professeure était déjà présente, assise, et l’attendait. La jeune femme pris le soin de se délester de ses affaires inutiles, ne conservant en mains que sa canne dont elle aurait très certainement besoin puisque son enseignante était une sabreuse hors-pair, avant de s’avancer sur le terrain.


Joignant le geste à la parole, Sakuya s’inclina révérencieusement en espérant ainsi voir ce petit incident oublié. Particulièrement consciente de la personnalité qu’avait l’héroïne se tenant en face d’elle, la lycéenne veilla à se tenir parfaitement droite et assurée, l’une de ses mains reposant sur sa canne, avant qu’elle ne prenne à nouveau la parole :


En dépit des bases qu’elle possédait dans cet art, ses mouvements étaient si linéaires qu’il était on ne peut plus aisé de les retourner à son encontre. Toutefois, sa confiance en sa professeure était totale et l’unique interrogation résidant dans son esprit était de connaître le programme de cette

Le genre de situation ou Sakuya perdait souvent l’initiative face à tout les scénarios possibles. Sans son Alter elle n’avait aucun moyen d’anticiper les réactions de sa professeure. Son expérience basique du maniement des armes n’allait pas l’aider à proposer une session intéressante ni même à pouvoir parer le moindre coup...mais n’était-ce pas justement pour palier à ce problème qu’elle était ici ? Munie de son wakizashi et du second morceau de sa canne en guise de protection contre la lame de sa professeure, la position de l’élève était encore plus défensive que celle de l’enseignante, quand bien même il lui revenait d’attaquer. Elle avait tout d’abord besoin de jauger.

Mais que pouvait-on déceler chez une femme qui ne laissait rien paraître ? Sakuya hésita un instant, renforçant la pression exercée sur ses armes tandis qu’elle jaugeait l’environnement. Du gazon, quelques rochers qui auraient pu lui permettre d’avoir l’avantage de la hauteur, pour peu qu’elle fût plus gymnaste, et des arbres. Rien qui ne serait à son avantage. Perdu pour perdu, sa première action se voudrait simpliste, animée par l’espoir que le flux de cet entraînement ne lui inspire de meilleures initiatives.

Prenant appui sur ses membres inférieurs, elle se mit à réduire rapidement la distance qui la séparait  de sa professeure en gardant la seconde partie de son arme prête à ralentir la course du sabre adverse tandis que le sien chercherait à toucher sa cible. Il était plus que probable que cela rate lamentablement, mais puisque Wipino-sensei n’userait pas non plus de son Alter, Sakuya avait au moins une chance de réussir à l’approcher afin que leurs armes ne s’entrechoquent véritablement.

Parvenir à s’approcher de son enseignante, suffisamment pour être un vague danger, c’était une chose. Réussir à la confronter relevait cependant d’une toute autre difficulté.Elle eût tout juste le temps de comprendre ce qui lui était arrivé, en une fraction de seconde. Maîtrisée et immobilisée, le seul constat s’imposant à l’adolescente était qu’elle n’aurait pu faire pire, à en juger par la sévérité de la répression comme par son aspect brusque.

Silencieusement, elle avait prêté attention aux remarques de sa professeure, avant d’acquiescer. Le principal problème venait sans doute du fait que ses bases, même solides, reposaient uniquement sur des contres et non sur des offensives. Après tout, même en situation réelle, la première ligne n’était pas clairement pas sa place. Les coups fourbes ne pouvant qu’amener à des réactions erratiques qui créeaient de grandes ouvertures, elle n’en maîtrisait rien.


Canalisant de nouveau sa concentration en une respiration, la lycéenne présenta de nouveau son arme en direction de son adversaire d’une soirée. Il était clair qu’elle ne la vaincrait pas, ni ne l’égratignerais de quelconque façon...mais il fallait au moins qu’elle arrive à produire un résultat n’étant pas aussi pathétique que ce premier échange.


Ainsi, sa prochaine action se voudrait clairement différente. Présentant cette fois son arme de façon parralèle à son visage, abandonnant le fourreau qui la rendait discrète, Sakuya reproduirait le même élan d’attaque. Au détail près qu’elle avait pu jauger, par la détente du bras de sa professeur ainsi que les proportions de sa lame, l’espace qu’elle devait éviter. Une zone face à laquelle elle ne tenterait aucune pénétration. Uniquement un contournement pour se glisser dans son dos et ainsi tirer parti d’une position ou elle ne devrait plus être l’assaillante mais celle qui réagissait au mouvement adverse. Du moins espérait-elle un résultat semblable.

Sa manœuvre, même parfaitement éxécutée, ne se résuma qu’à un cuisant échec. Sakuya n’eut même pas le temps de se retourner pour entreprendre une prochaine action qu’elle sentit une pression sur sa nuque. Evidemment, cette pression provoqua chez elle un réflexe d’immobilisation. Elle se doutait que le fossé était grand, mais qu’au-delà de l’expérience, sa force physique comme sa vitesse soit insuffisantes pour lui octroyer la moindre option avait de quoi remettre en doute la légitimité de l’exercice dans son esprit. Mais, connaissant suffisamment sa professeure pour savoir que celle-ci n’agissait jamais par hasard, l’adolescente en vint à se perdre dans ses pensées, faisant abstraction de l’objet qui reposait sur sa peau et de son éventuelle libération.


Il s’agissait bien de la première fois ou la victoire, mais surtout le moindre succès, si insignifiant soit-il, lui semblait clairement inatteignable. De manière frontale, comme de manière détournée, elle n’avait réussi qu’à se faire neutraliser en un éclair. Se jeter sur son enseignante sans plus de cérémonie conduirait indubitablement à un résultat similaire...d’autant que leurs carrures respectives suffisaient à prédire à coup sûr l’issue de cette troisième tentative. Là n’était pas la solution. Pour la première fois, Sakuya se trouvait dans une situation ou elle ne pouvait simplement pas prendre l’ascendant. Il ne lui restait qu’à se résigner à suivre le courant décidé par l’héroïne, si celui-ci ne prenait pas fin. A défaut de brandir à nouveau son arme, elle la rangea dans son fourreau tout en se retournant face à son enseignante dont elle attendait les nouvelles directives. Il lui semblait assez clair que cela ne mènerait nulle part mais peut-être que sa professeure n’était pas du même avis.

Si courte fut-elle, la leçon aura au moins permis à la jeune fille de tirer plusieurs conclusions. Tout n’était peut-être pas à jeter mais en combat réel, elle ne tiendrait pas une seconde. La rudesse de sa professeure n’était en aucun cas inhabituelle mais l’absence d’une marche à suivre ou bien d’instructions avait tout de même déstabilisée l’élève. Ainsi, face aux ultimes recommandations de la bretteuse, Sakuya n’avait fait qu’acquiescer silencieusement. Attendait-elle autre chose de ce cours, au moment ou elle en a fait la requête ? Cela semblait aussi probable que naïf. La vérité s’imposait finalement, malgré son désir d’excellence, elle ne réussirait sans doute pas à briller dans cette discipline comme dans les autres. Tout simplement car combattre ne correspondait pas au rôle que Sakuya pouvait avoir.

L’adolescente ne fera finalement que s’incliner respectueusement face à sa professeure en la saluant avant de s’éclipser. Non sans avoir l’amère impression de n’avoir que fait perdre du temps à l’enseignante. L’impression de ne pas avoir été à la hauteur ébréchait encore bien trop son moral d’héroïne. Sans doute était-ce le principal travail à effectuer sur elle-même pour pouvoir avancer.