Réminiscences [PV Iwa]

Réminiscences

Après être restée silencieuse et penaude durant l’entièreté du trajet, ta fille osait enfin rompre le silence que toi-même tu n’avais pas daigné meubler. On pouvait légitimement se demander ce qui t’avais poussée en plein cœur d’Azabu, étant qui plus est accompagnée, mais même toi tu n’étais pas certaine de la réponse. Etais-ce par pure mélancolie égoïste ou bien conformément au souhait qu’avait exprimé ta fille il y a maintenant plusieurs mois ? Dans le doute, tu optas pour la seconde option. Tout en t’efforçant de lui sourire alors que tu dirigeais ton regard vers le sien.


Presque instantanément, l’expression affligée de Nea disparut pour laisser place à un mélange d’étonnement et d’émerveillement. Que sa mère fasse preuve d’une quelconque attention pour elle était clairement nouveau pour l’enfant bien qu’elle se demandait quel était ton but caché. Seulement, pour une fois, il n’y en avait pas.



Même si ces paroles que tu attribuait à la petite découlaient sûrement de sa colère après que tu l’aies repoussée une énième fois, faisant qu’elle cherchait seulement à t’atteindre à son tour...il devait bien y avoir une part de vrai dans ce qu’elle t’avais dit. Cela dit, tu avais choisis une heure assez spéciale pour l’y emmener, celle de la sortie des cours. Dans cette masse grouillante de futurs héros plus ou moins méritants, il y avait bien une personne vivante sur qui ta fille pouvait prendre exemple. Car à tes yeux c’est ainsi que l’on se constituait mais que tu ne souhaitais clairement pas qu’elle prenne une route similaire à la tienne. Les circonstances t’ayant poussées à devoir te salir les mains en prenant parfois la vie d’innocents contre de l’argent...tu espérais qu’elle n’ait jamais à les connaître.


Un vague grognement sourd t’interrompit. Sondant rapidement les alentours du regard, tu en compris assez vite l’origine.


Évidemment, lorsque tu la fixas de nouveau, Nea eut ce même réflexe de baisser la tête et de se murer dans un silence qui était paradoxalement révélateur. Tu n’avais pas vraiment besoin de sa réponse pour t’agenouiller à son niveau en lui tendant de l’argent, captant tant bien que mal son regard penaud. Avant de te résoudre à placer toi-même l’argent dans ses petites mains tremblantes.


L’incompréhension avec laquelle ta fille t’observas ensuite était pour le moins totale...et déstabilisante. C’était si dur à croire pour elle que tu puisses faire un geste aussi simple ? Le fait que tu commençais à lui entrouvrir légèrement ton cœur sans te murer dans ta coquille de brutalité habituelle y était sans doute pour quelque chose également. C’est d’ailleurs un aspect de ta nature que tu retrouvas assez rapidement une fois qu’elle s’était éclipsée. La sonnerie devait avoir retenti il y a peu car tu pouvais apercevoir les prémices d’un défilé d’élèves. Si tu ne l’avais pas accompagnée, c’était principalement car tu voulais intercepter Shina qui serait probablement surprise de te voir sans aucune raison valable...mais tu te disais qu’elle pouvait apporter à ta fille ce que tu étais incapable de lui apprendre. Ainsi, les profils inconnus passèrent les uns après les autres, mais aucune fille aux cheveux rouges...bon, ça arriverait sûrement. Pour te défouler et calmer les tremblements qui commençaient à te prendre, tu te redressas pour faire les cent pas dans un sens puis dans l’autre. On pouvait dire que ta présence ne passait pas inaperçue mais la plupart ne faisaient que te remarquer sans t’accorder plus d’attention que ça. Hormis peut-être une silhouette familière que tu ne tarderais pas à distinguer et qui n’étais pourtant pas la jeune Ayuzawa.

Réminiscences

Certains jours, le destin réserve de désagréables surprises. Il semblait que ce soit un jour similaire aujourd’hui. L’avais-tu ratée ? Ne t’avait-elle pas aperçue ? Peut-être qu’elle était sortie par ailleurs...ça t’apprendras à ne pas la prévenir que tu voulais la voir. Pourtant malgré tout ces visages inconnus, tu n’étais pas passée totalement inaperçue. La gêneuse de Kabukicho...maintenant que tu y repensais, c’est vrai qu’elle était du même lycée...c’est d’ailleurs tout ce qu’elle avait bien voulu te dire avant de disparaître. Laissant alors planer quelques secondes de silence durant lesquelles tu la jaugeais du regard, avant de finalement lui accorder une réponse. Le balai sortant d’élèves s’était suffisamment tassé pour qu’aucune oreille indiscrète ne s’invite, tant que vous ne vous faisiez par remarquer par des éclats de voix.


Sans même lui laisser le temps de répondre, tu poursuivis.


Après tout, tu pouvais encore jouer sur ce point précis. Elle semblait avoir besoin d’un contact pour que son pouvoir fonctionne…ce qui n’était pas ton cas, puisque ton énergie pouvait se diffuser dans les environs. D’autant que maintenant que tu étais avertie, tu ne la laisserais plus avoir ce contact. Elle avait pour ainsi dire raté sa chance et puisqu’elle ne représentait plus vraiment une menace pour toi, tu te permis d’en détourner le regard en vue de repérer Shina, d’un côté, puis ta fille de l’autre. Une mauvaise nouvelle, mais aussi une bonne, les deux recherches furent infructueuses. Elle devait tout juste avoir rejoint la supérette après tout. Quant à l’élève introuvable...n’étais-ce pas l’occasion de creuser un peu celle qui se trouvait devant toi ?


Car même avec le plus efficient des endoctrinements, il était difficile de parvenir rapidement à forcer les héros en herbe à braver le danger. Tandis qu’elle, même si elle t’avait vu à l’oeuvre lors de ton meurtre de l’autre fois… c’est sans la moindre information sur ton Alter qu’elle t’avait prise en chasse et coincée. Tout n’était peut-être pas à jeter dans son caractère.

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Tu l’avais laissée parler jusqu’à enfin obtenir la réponse qui t’intéressait, et au final, un constat s’imposait. Elle avait quand même du répondant pour son âge. Certainement que tu ne l’effrayais pas...ce qui était d’ailleurs réciproque. Quelque chose te disait que l’électricité présente dans l’air n’était pas due uniquement qu’à ton Alter. Cependant, même si l’on pouvait vous voir comme deux louves prêtes à sauter chacune à la gorge de l’autre au moindre faux pas de sa part, vous ne faisiez guère davantage que vous observer en chiens de faïence pour l’instant. Cela durerait-il ?


C’était là ta manière de conclure ces petites chamailleries qui ne mèneraient sans doute pas à grand-chose. Du moins le temps que tu puisses t’exprimer. Ton interlocutrice raviverait certainement les braises par la suite, à moins qu’elle ne te réserves d’autres surprises. Un détail de ses propos avait d’ailleurs retenu ton attention.


Des premières années qui s’y mettent à plusieurs sur leur camarade pour la passer à tabac...ni courage, ni solidarité, ni quoi que ce soit de méritant. Bien qu’elle devait être plus âgée qu’eux d’après ses dires.


Ce n’était même pas la seule chose que tu aies ratée. Il y avait aussi ton entrée en matière. Fallait peut-être lâcher un peu de leste pour réussir à l’aborder après tout. Ainsi, instinctivement, tu tendis la main vers elle. Tout comme tu savais qu’un contact lui suffisait à rendre les choses explosives, peut-être qu’elle savait qu’un toucher pouvait te suffire à ôter une vie sans aucun artifice extérieur. Donc si le geste se déroulait bien, c’était déjà un pas de fait.

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Une fois que vous mettiez vos égos respectifs de côté, la discussion semblait possible. La jeune femme semblait même plus avenante que tu ne l’aurais imaginée, derrière son air taciturne et désintéressé. Par ailleurs, l’unique chose que tu avais affirmée à son sujet s’avérait fausse. Elle connaissait donc Shina et semblait lui adresser autant de crédit que tu le faisais toi-même. Peut-être que tu l’avais jugée un peu vite. Elle semblait bien plus intéressante que ne le laissait penser sa façade.


Un léger sourire s’installa sur ton visage, qui n’était pour une fois pas destiné à titiller ton interlocutrice. Tu te rapprochas légèrement d’elle avant d’acquiescer à sa proposition, du moins à ta manière. C’est à dire en lui adressant un faible coup de poing au niveau de l’épaule, tout en laissant échapper un léger rire.


Ca tombait assez bien, à vrai dire. Non loin de la supérette ou ta fille se baladait il y avait un salon de thé qui y offrait une vue clairement dégagée. Qui plus est tu t’en souviens principalement car ton frère avait l’habitude de vanter la qualité de leurs boissons comme de leurs pâtisseries. Vous étiez une famille de goinfres et tu étais loin de faire exception à la règle...tu la magnifiais même. Après avoir indiqué la devanture et échangé un rapide regard d’approbation avec la jeune adulte, tu pris l’initiative d’ouvrir la marche tout en veillant à ne pas la laisser derrière.


Bien entendu, et pour peu que ça l’intéresse, tu lui déclinerais ton prénom en retour. Ce qui te vaudrait probablement une question sur tes origines étant donné que ce pays s’était coupé du reste du monde depuis que cette jeune femme était véritablement en âge d’exister. On ne pouvait pas dire que ça contribuait à ton anonymat mais tu n’avais pas de raison d’avoir honte de ton prénom ou même de le cacher à ceux qui piquaient ton intérêt. Ce qui était justement son cas.


L’établissement se rapprochait assez vite, et bien que tu laisserais le soin à ta compagnie du jour de s’installer pour découvrir aussi bien l’endroit que la carte, tu avais déjà une petite idée de ce que tu prendrais pour peu qu’ils en proposent. C’est que cette marche aurait presque suffit à te donner faim.

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C’était assez drôle de constater les quelques similitudes entre vous. Un fort caractère détestable en surface qui dissimulait pourtant un côté plus empathique...ou du moins plus compréhensible. Si on ajoutait à ça vos similitudes physiques, il y avait vraiment de quoi se poser des questions. Elle te ressemblait autant si ce n’est plus que ta propre sœur.


Tout comme elle, ton choix fut rapidement effectué. Un café et un châtaignier, il n’en fallait pas plus pour ravir ton estomac.


Bien qu’en réalité, et tu le savais pertinemment, tout ce que tu faisais n’était pas toujours admirable. Seulement, le choix ne t’avait pas vraiment été laissé. Bien que tu avais toi-même choisi de te mêler à ce fardeau car les efforts dont étaient capables ton ascendance étaient bien loin de suffir. Peut-être qu’une fois que tu aurais mis assez de sang sur tes mains, il ne sera pas trop tard pour te racheter une conduite.


Portant brièvement ton café à tes lèvres en jetant un œil dans la rue au dehors, tu reportas de nouveau ton attention sur la jeune femme après cela.


Non seulement c’était du passé, mais tu n’étais pas là pour monopoliser la conversation. Encore moins pour te faire plaindre. C’était d’ailleurs bien la première fois que tu extériorisais autant. Ce serait pas plus mal de t’intéresser davantage à elle.


Une manière comme une autre de l’inviter à en faire autant que toi.

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C’était amusant de constater que plus elle parlait, plus tu appréciais son attitude tout en comprenant son point de vue. Au moins, et c’était une bonne chose, la jeune femme conservait une certaine compréhension de cet univers ou elle baignait. Un recul dont tu ne bénéficiais plus depuis que cette rancune, bien que digérée, t’avait gagnée.


La plupart des autres héros, dans les circonstances de votre rencontre, t’auraient probablement emmenée au poste pour dénoncer ton crime, dans le seul but de faire du zèle pour redorer le blason de leur profession. C’est qu’il commençait à ne plus y avoir de réel point noir sur le tableau de l’apprentie héroïne. A l’entendre, son enfance n’avait pas dû être des plus utopiques mais elle s’en était visiblement particulièrement bien accomodée.


Pour ce qui étais de ta dernière question, sa réponse fut la plus inattendue possible. Forcément, en l’entendant répondre cela, un sourire s’installa sur ton visage.


Ca n’aidait jamais à trouver l’amour quand les fameux prétendants se prenaient un savon à la moindre indécence relevée.


Elle devinerait sûrement d’elle-même qu’il s’agissait d’une capacité reposant sur l’électricité. Bien que tu n’en dirais pas plus de ton propre chef elle était libre de vouloir en savoir plus.

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Face à elle, avec ce genre de questions, tu semblais petit à petit retomber en enfance. Parler de vos goûts, communs comme respectifs, de vos amours, tout ça...on pouvait dire que même si tu n’avais pas à te plaindre de l’éducation qui fut la tienne, tu avais tout de même une jeunesse à rattraper. Est-ce que c’était vraiment raisonnable de penser ça quant on approchait de sa troisième décennie ? On avait qu’une seule vie après tout, c’était bien à toi en l’occurrence de décider de ce que tu en faisais.

Ainsi, même dans son établissement, elle repoussait les élèves ? Décidément, son tempérament ne devait pas être des plus doux. Pourtant, tu le voyais bien, elle n’avait pas spécialement l’air de mordre les mains tendues. Prêtant une attention continue au flux de ses paroles, sans que ton regard ne quitte le sien, tu jetas cependant ton dévolu sur cette douce pâtisserie en te retenant toutefois de l’engloutir d’une seule bouchée pour modérer ton appétit...mais aussi pour que le moment que tu passais avec elle ne prenne pas fin trop vite. Fallait bien l’avouer, quand des gens te ressemblaient, tu avais une certaine facilité à échanger avec eux et tu en tirais tout de même une certaine satisfaction. Dans un pays ou ta taille comme ton tempérament dénotaient clairement avec la masse, ça faisait du bien de trouver une future héroïne qui te ressemblait à ce point sans pour autant être une copie conforme. Qui sait, peut-être qu’elle deviendra réellement une partenaire dans le futur ? Tu étais encore bien loin de pouvoir penser à ce que tu ferais après.


Un court instant, ton regard se figea dans le vide, laissant un bref instant de silence s’installer. Ses parents l’avaient mise à la porte mais elle ne leur en voulait pas le moins du monde ? C’était assez impressionnant de voir ça. Bien que si elle avait fini à la rue livrée à elle-même comme Momo tu doutais que son coeur serait resté si pur. Il suffisait hélas de si peu de choses pour basculer du mauvais côté. Tu espérais qu’elle n’effectue jamais ce virage.

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Réflexe somme toute naturel de sa part, te retourner la question. Pourtant, avec une question si simple, elle réussissait à ce que tu n’aies besoin de réfléchir à la réponse. Tes critères pouvaient sembler paradoxaux sur la forme à qui n’en connaissait pas le fond...mais est-ce que tu devais pour autant tout déballer ? Ou plutôt, quelles raisons possédais-tu pour ne pas le faire.


Conclus-tu simplement en lui adressant un sourire, en réaction à sa dernière question. Une famille ? Un copain...un mari ? Oh, tu aurais pu continuer à répondre sérieusement, mais la tentation était trop forte.


Ponctuant ta vanne par un éclat de rire que tu espérais réciproque pour que le peu de bonne humeur qu’elle montrait ne soit pas étouffé dans l’oeuf, c’était peut-être le moment de vraiment lui répondre. Pour peu qu’elle s’intéressait enfin ouvertement à toi.


Le temps d’enfouir la rancure subite qui remontait dans ta gorge et de t’éclaircir à nouveau la voix, tu poursuivis.

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Évidemment, lorsque tu avais dressé le portrait d’un partenaire idéal à tes yeux...il avait plutôt bien collé à la jeune femme qui te faisait face. ¨Ce qui n’avait rien d’étonnant puisqu’il était, inconsciemment, basé sur toi. Vos ressemblances avaient menées jusque-là. Il fallait reconnaître que c’était encore une étudiante, mais qu’avec quelques années de plus...elle aurait sûrement été plus plaisante encore que cette fameuse ingénieure. Sans compter que son petit numéro aurait très vite dérapé. Cela dit, tu comptais bien le relever...mais plus tard. C’était suffisamment gênant qu’elle ne te complimentes sur cette enfant, pour l’instant.


Trouver quelqu’un de mieux d’un homme dont tu ne connaissais rien, sinon qu’il faisait partie d’un quatuor qui s’était particulièrement bien amusé à tes dépens...dit comme ça c’était terriblement simple et pourtant, en avais-tu vraiment envie ? En un sens...peut-être que ta fille trouverait en cette seconde figure parentale l’amour que tu avais été incapable de lui donner lors de ses premières années.


Dis-tu simplement, en te penchant pour lui adresser un léger coup sur l’épaule, comme elle n’avait aucunement protesté la première fois. Ce geste résonna d’ailleurs avec sa dernière question. Ou étais ta fille ? Et bien...l’espace d’un instant tu t’étais enfermée dans ta bulle. Elle, en revanche, depuis combien de temps est-ce qu’elle t’observait à travers la vitrine du café ? Bon, ça va, elle ne faisait encore que s’ouvrir un sandwich...si tu allais la chercher maintenant ça minimiserait le ridicule de la situation. Aussi, brusquement, tu t’excusas auprès de la jeune femme, tout en lui tapant sur l’épaule en passant.


Heureusement que le ridicule ne tuait pas sinon tu serais morte sur place. Au moins, lorsqu’elle te vit te lever en l’apercevant, elle compris d’elle-même et renonça bien vite à déguster son casse-croûte, le rangeant dans le petit sac de courses qu’elle s’était fait avant que tu n’arrives auprès d’elle. Pour une fois, elle semblait avoir le sourire ? Du moins avant que son air triste ne réapparaisse à la conclusion de sa phrase.


Son innocence te retira, un court instant, la capacité de parler. C’était...pour ça ? Pour ça qu’elle faisait cet air ? Bien que sa déclaration t’arrachas un sourire, tu ne savais pas toi même si c’était de la joie ou de la culpabilité pour tout que cela signifiait à tes yeux. Aussi préféras-tu rester simple.


Toujours avec la même innocence, et un regard en direction de la lycéenne, sa petite voix fluette résonna.


La prenant par la main, tu raccompagnas ton enfant dans le café dont tu venais de sortir, lui attrapant une troisième chaise tandis que tu t’excusais d’un mouvement de tête auprès de ton interlocutrice avant de te rasseoir.


Puis, instinctivement, ton regard se dirigea sur l’assiette de ta camarade. Après tout, peut-être que tu pouvais faire d’une pierre deux coups ?


C’était aussi car tu avais encore faim, mais c’était une autre histoire.

Réminiscences

Si Nea ne rechignait pas à s’asseoir face à une parfaite inconnu et à lui sourire lorsque celle-ci se présentait, elle opta bien vite pour d’imperceptibles mouvements qui n’avait pour seul but que de rapprocher son assise de la tienne. Tu l’avais si peu sortie qu’elle craignait encore la foule comme si elle n’avait que quatre ans...et maintenant que tu la présentais à une connaissance, voilà le résultat. Une enfant qui préférait t’avoir au plus près d’elle face à des inconnus...quand bien même dans la sphère privée c’est tout juste si elle osait t’approcher. Il y avait vraiment certains moments ou elle faisait encore moins de sens que toi...ce qui permettait au moins de ne pas douter de l’identité de sa mère. D’ailleurs, plutôt que de s’exprimer...elle préféra tirer sur ton haut jusqu’à ce que tu n’approches ton oreille suffisamment pour qu’elle puisse y murmurer ce qu’elle voulait. Même si tu ne comprenais pas vraiment de quoi elle avait peur...son comportement te fit rire. Aussi, quand un serveur passa, tu en profitas pour lui décliner la commande. C’était bien dommage qu’Iwa ne reprenne rien mais toi, tu n’allais sûrement pas te priver, puisque la petite voulait la même chose que toi avec un banal verre d’eau.


A nouveau, son regard maladroit chercha à attirer le tien pour que tu trouves les mots à sa place...et rien que pour le plaisir de taquiner la jeune femme sur ce qu’elle avait dit mais aussi fait auparavant, tu avais bien une réponse à formuler.


A ton tour, tu adressas un clin d’oeil joueur à la lycéenne. Elle t’avait bien lancé plusieurs piques du genre, qu’y avait-il de mal à lui renvoyer l’ascenseur. D’autant que si ça la gênait que cela se fasse en présence de ta fille, c’est qu’il y avait des questions à se poser, mais cela n’avait pas vraiment de raison d’arriver.


Bien que le sujet n’était pas encore à l’ordre du présent, à voir la lueur que cela éveillait dans les yeux de ta fille, tu te disais que tu n’étais peut-être pas la seule à t’intéresser à la future héroïne dans cette table. C’était assez amusant de voir que l’inverse semblait vrai également.. du moins pour l’instant

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Le regard de l’enfant se posa alors sur l’adolescente, curieuse. Elle n’en avait jamais parlé à qui que ce soit et n’avait donc jamais reçu le moindre encouragement mais le climat dans lequel elle vivait n’aidait que peu à vouloir s’ouvrir. Prise d’une légère nervosité, ses jambes se mirent à se balancer sous la table, tandis qu’elle baissa un instant les yeux sur son gâteau avant d’oser en prélever un morceau. Une chose que tu avais oublié de lui interdire et qu’elle fit donc naturellement, c’était de parler la bouche pleine. Du moins au début de sa phrase.


En effet, à ses yeux, la disparition de son oncle, l’adoucissement inexpliqué du tempérament de sa mère, mais surtout l’apparition soudaine de règles bien plus sévères quant à son comportement de tout les jours. Tout ça devait bien avoir un certain rapport. Elle ne se représentait parfaitement ni la mort ni la sécurité mais voyait bien que ce n’était plus comme avant malgré son jeune âge.


Principalement pour les réprimandes que ça lui valait de ta part. C’était quand même une sensation étrangement déplaisante de la voir s’ouvrir davantage à une inconnue qu’elle ne le faisait envers toi mais tu en étais clairement la seule responsable. Tant que les deux s’entendaient bien après tout.

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La vision qu’avait ta fille sur l’adolescente se vit tout de même remise en question par ses paroles. Tout comme l’avis qu’elle se faisait jusque-là sur les héros. Ils n’étaient pas obligés de se soucier de l’avis d’autrui ? Et surtout...ils étaient tout aussi victimes de leurs émotions qu’elle ne l’était ? La seule différence était qu’ils ne les montraient pas. Pour autant, la jeune Iwasawa lui apparaissait comme une sorte d’exemple. Une indéniable capacité à faire abstraction du regard d’autrui se réflétait dans ses paroles et ça, c’était bien ce que Néa rêvait d’acquérir. Se concentrer sur ce qu’elle voulait faire pour elle et non pour plaire aux autres. L’enfant ne saisissait pas les nouvelles règles et implications de l’héroïsme depuis cet incident dont elle soupçonnait tout juste l’existence, mais est-ce que cette porte lui était vraiment fermée ? Il lui restait bien quelques années pour se créer des opportunités, si elle en était capable.


L’attention de la jeune fille se porta alors sur l’héroïne en herbe, toujours avec ces mêmes étoiles dans les yeux qu’elle était la première à susciter. La ressemblance de sa nouvelle rencontre avec sa mère jouait sans doute légèrement dans l’appréciation de l’enfant qui, par dessus le marché, n’avait pas été rejetée cette fois. Même plutôt accueillie...en tout cas elle y trouvait une sorte de chaleur familière, pour la première fois.


Elle t’avait observé un court instant tout de même, mais une nouvelle fois, tu ne répondis pas, dirigeant ton regard sur la future héroïne. Il était plus de son ressort de décider de la suite puisque vous ne feriez que suivre le mouvement. Ce serait elle qui ouvrirait la marche puisqu'il s'agissait de la raccompagner.