Rencontre incongrue [PV Ryuko]

Rencontre incongrue

« Tu veux plus de contrats ? Mes tiroirs en regorgent… mais regarde toi. Va falloir que tu prennes ça au sérieux, ma pouliche. Il va te falloir du matos et je sait exactement ou tu vas te fournir. Evite juste de mentionner mon nom. »

Est-ce que ce vieux courtier t’avait fait une farce ? Il avait mentionné une ingénieure qui commençait à faire parler de son talent mais dont la discrétion était un atout certain compte tenu de l’usage que tu comptais faire de son travail...ou était-elle ? Tout ce que tu voyais c’était un hangar paumé au milieu de ses semblables, sans aucune trace de vie qui ne te sautes aux yeux...et pour ne rien arranger, y’avait presque pas de réseau dans cette zone industrielle...foutu opérateur. Foutu courtier. Tant qu’à faire, puisque tu étais là, autant être certaine qu’il n’y avait personne là-dedans avant de rentrer bredouille. Qui sait, peut-être que cette fameuse ingénieuse était suffisamment.. spéciale, pour aimer vivre comme une pestiférée marginale. Au gré de ton errance, une sonnerie familière finit par te déconcentrer. Un numéro tout aussi familier, le seul qui te contactait sur ce second téléphone, à vrai dire. Qu’est ce qu’il voulait ?


A l’autre bout du fil, un profond soupir résonna. Il avait l’habitude de ton tempérament explosif et de ton irritabilité latente mais tu le désespérais toujours autant. Cela dit, au moins, avec toi le travail était toujours rondement accompli et sans bavure.. ou presque. Valait mieux pour vous deux que tu restes dans la discrétion si tu voulais continuer à mieux gagner ta vie qu’en exsanguant des cadavres d’animaux qui n’ont rien demandés à personne.


Avant même qu’il puisse rétorquer, tu avais raccroché. Il voulait sûrement se renseigner sur ce que tu allais te fournir, le prix que ça allait indirectement lui coûter...voir même te conseiller, ce dont tu n’avais pas besoin. Ou plutôt dont tu ne voulais pas. Car il fallait bien admettre qu’hormis tes poings, ton alter et le matériel classique d’effraction ainsi que le kit du supposé crime parfait, tu ne voyais pas de quoi d’autre tu pouvais avoir besoin...mais ne fallait-il pas que tu te construises une sorte de seconde identité ? Si tu faisais de ce genre de sale boulot ton quotidien, mieux valait prendre des précautions pour que ta famille en soit préservée. Finalement, après avoir muselée ton impatience innée, tu n’avais pas mis longtemps pour repérer ce que tu pensais être ce fameux entrepôt marqué d’un logo...ou de quelque chose qui y ressemblait. Cela dit, l’endroit te réservait encore bien des surprises. Notamment le fait d’être entièrement plongé dans le noir...pourquoi ? C’était donc vraiment un lieu abandonné ? Sérieusement ? Non...du calme. Tu avais largement de quoi t’accommoder de cette obscurité. Elevant ton bras en avant, un léger courant s’en échappe alors, éclairant faiblement ce qui semblait être un atelier...finalement, tu ne t’étais peut-être pas trompée ? Mais restait à savoir si la propriétaire supposée était bien là. Avançant alors à tâtons dans son antre, tu entrepris de trouver la femme que tu étais venue rencontrer.


Puis, la bourde. Un écho métallique retentit subitement. Dans quoi tu avais pu taper pour l’envoyer aussi loin, aussi bruyamment ? Voilà que tu te faisais déjà remarquer. Mais on ne pouvait pas dire que la luminosité de l’endroit étais de ton côté.

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Même avec ton courant pour essayer de faire fuir cette obscurité ambiante… tu n’y voyais pas à 30 centimètres. Comment trouver quelqu’un dans ce joyeux foutoir ? Fallait déjà que tu mettes la main sur un interrupteur, ou un truc qui y ressemblait. Ca devait bien exister ici, non ? Malheureusement, tu n’eus pas le temps de débuter ces recherches qu’une présence tierce se révéla. D’abord par des bruits de pas qui captèrent ton attention...puis par des paroles qui la retinrent. Heureusement que tu n’avais pas cherché l’origine de cette voix en hauteur...tu ne l’aurais pas trouvée, il fallait dire les choses. La femme qui se révéla n’avait pas exactement ce qu’on pouvait appeler une carrure d’athlète, mais dans le fond si elle vivait recluse ici comme tu le supposais, c’est vrai qu’elle n’en avait pas besoin.

Par contre, indubitablement, elle devait avoir besoin de compagnie. A en juger par la longueur des différentes tirades qu’elle t’adressait, elle devait pas souvent se servir de sa bouche, sinon elle aurait fait bien plus court...la majorité des choses qu’elle t’avait dites, elle aurait bien pu les garder pour elle. Pourtant, cette Imari Ryuko n’était pas moins agréable ou même aimable que tu pouvais l’être. Supposant qu’elle avait fini son discours après t’avoir demandé de garder ton électricité à l’intérieur de ton corps, tu en profitas pour enchaîner. Ton poing, pour l’instant, il resterait serré dans ta poche.


Evidemment, on t’avait plutôt chanté ses louanges, mais pour l’amabilité qu’elle te témoignait, tu n’allais pas non plus la complimenter d’entrée de jeu. Maintenant que c’était fait, tu pouvais...régler tes comptes ?


Au fil de ton énumération, tu t’étais rapprochée de la demoiselle, dans son dos, avant de te pencher pour venir tapoter d’un doigt sur son masque de soudure.


Puis, un court instant, tu sortis prendre une bouffée d’air frais à l’extérieur. Non pas que ça sentait le renfermé dans cet atelier mais tu risquais de ne pas seulement être cassante verbalement si tu ne le faisais pas. Puis, tu te retournas face à la demoiselle qui se tenait à son hangar comme s’il allait tomber.


Vu la façon dont tu t’étais présentée, le doute était légitime quant à tes intentions...mais vraiment, t’avait pas envie d’avoir à te justifier, encore moins devant elle. Ca se voyait que t’étais pas non plus une tueuse en série psychotique...peut-être ?

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Ce que ton mandataire avait visiblement oublié de te dire, c’était qu’elle était discrète, oui, sans doute...mais que c’était aussi une sacrée garce calculatrice. Elle avait probablement des caméras partout et t’avait repérée dès l’instant ou tu étais arrivée aux abors de sa bâtisse. Qu’il y ai ton visage découvert sur des images qui pourraient être utilisées à ton encontre puisque tu n’étais pas venue ici pour chercher du matériel de dînette, ça ne te plaisait pas vraiment. L’éventualité de griller tout bonnement son système électrique te traversa alors l’esprit un court instant...mais ça aurait été contre-productif et tu aurais dû l’éliminer elle aussi. Peut-être qu’elle avait anticipé cette option ? Ca expliquerait pourquoi elle t’avait braqué un canon directement dessus...avec sa gestuelle ? C’était étrange...elle contrôlait l’intégralité du lieu par télékinésie ? Clairement...mieux valait ne pas trop la provoquer chez elle, bien que tu aurais sans doute pu désarmer tout son arsenal pour lui ramener les pieds sur terre, ce n’est pas ce que tu cherchais à obtenir d’elle. Fallait d’ailleurs bien l’avouer, ce que tu voyais comme de l’audace et une certaine démesure chez elle, ça te plaisait, comme pouvait en rendre compte le sourire que tu affichais en fixant son canon.


Avec un minimum de volonté de ta part, son jouet n’était pas vraiment un danger pour toi...et quand bien même, ça n’aurait pas vraiment suffi à t’intimider. Au contraire, une idée assez saugrenue traversa ton esprit. Tu jetas un rapide coup d’oeil à la propriétaire de l’armement avant de t’en rapprocher nonchalamment, les mains croisées dans le dos comme si tu ne faisais que visiter un musée, avant d’arriver face au canon et de reconcentrer ton attention sur la mécanicienne, bien sûr en laissant ta tête reposer directement sur la trappe qui recouvrait l’arme. Un clic ou tu ne sais quoi de sa part et il faudrait sûrement trouver un autre moyen que la reconnaissance faciale pour identifier ton cadavre...mais oserait-elle seulement l’actionner quand elle devait savoir qu’une tierce personne savait de toute façon que tu étais venue ici ? C’était là un bon moyen de retourner sa curiosité contre elle. Tu pouvais maintenant continuer, en affichant toujours le même manque d’intérêt envers ce qui pouvait te coûter la vie d’une seconde à l’autre. Tu prenais en effet soin d’observer cette jambe qu’elle avait voulu te révéler.


Puis, tu te raclas la gorge et laissa le silence s’installer quelques secondes. Vraiment, cette situation, tu ne l’aimais pas. Bien évidemment qu’elle n’obtiendrait jamais le nom de ton contact, ce même si elle se mettait en tête de te torturer pour l’avoir...mais il semblerait que tu sois obligée de lui vendre tes motivations pour te la mettre dans la poche. Tss...elle avait intérêt d’en valoir la peine.


Attrapant le téléphone qui reposait dans ta poche, tu te mis alors à scruter ton écran. Tu avais sous les yeux un paquet d’autres adresses potentielles à visiter s’il le fallait.


La carte du chantage, entièrement assumée. La balle était à présent dans son camp.

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Les secondes s’écoulaient, tandis que tu jaugeais la femme du regard.  Est-ce qu’elle allait déclencher le tir, oui ou non? Visiblement, tu avais fait suffisamment bonne impression. Enfin, à moitié. Si tu avais été invitée à entrer dans ce qu’elle considérait comme son antre, ce fut au prix d’une réponse. Sa curiosité commençait à t’agacer. Elle ne te faisait pas confiance, mais qui disait qu’elle n’allait pas répéter tout ce que tu allais lui avouer ? Non, tu ne pouvais pas tout déballer comme ça.


Ton missionnaire était loin d’être vertueux mais pour ce qui était des plus basses besognes tu laissais généralement le soin à d’autres de ses pions de s’en charger. Purger les rangs d’un gang ou d’une bande de trafiquants qui desservaient ses intérêts, tu pouvais le faire, mais brûler un orphelinat pour qu’un industriel peu scrupuleux puisse s’approprier et réhabiliter le terrain, ça, c’était pas pour toi...non, tu serais plutôt celle qui tordrait le cou de la personne s’en étant chargée si tu venais à mettre la main dessus. Du moins si l’on partait du principe que tu t’y intéressais vraiment, murée dans ton petit égoïsme. Jouer les bonnes samaritaines, tu t’y résoudrais peut-être quand ta famille serait à l’abri, qui sait ?

Attrapant la lampe qu’elle te tendait, n’essuyant aucune obstruction de sa part, tu la suivis alors jusqu’à ce qui ressemblait à son bureau, accordant une attention relative à ne pas envoyer valser une autre pièce de son écosystème bordélique. Dans l’unique but de ne pas avoir une autre crise infantile à gérer. Tu t’installas à une chaine sans même attendre un éventuel accord et, la toisant d’un agacement certain après qu’elle ait une nouvelle fois demandé des informations dont elle n’avait pas forcément besoin, tu soupiras avant de poursuivre.


Ni clinquant, ni recherché, mais dans le fond c’était ce qui te résumait le plus simplement possible. Pour peu que tu aies besoin de recourir à un alias dans le futur, au moins, tu saurais quoi utiliser.  


Le moment idéal pour renverser la tendance. Ca t’avait suffisamment irrité de la voir jouer son petit numéro.


En réalité, tu n’en avais pas grand-chose à faire, mais la confiance ça allait dans les deux sens. En vérité, tu étais assez curieuse de voir les créations qu’elle pouvait réaliser, si toutefois elle était disposée à te faire tester un truc. Après tout, elle savait déjà que ton Alter reposait sur l’électricité.

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Décidément, ton interlocutrice ne semblait pas décidée à en venir au sérieux de la chose, à la raison de ta venue entre ces quatre murs. Faut dire que tu y as été fort...non seulement une attaque sur sa personne mais aussi sur son habitat. D’un côté, elle se gênait pas pour te rendre la pareille. Ainsi, tu l’écoutas parler, encore parler, accordant seulement une attention relative à cet outil qu’elle te décrivait. C’était pas un truc dont tu avais besoin...mais ça te permettait au moins de mesurer son panel de capacités. Finalement, on ne t’avait pas menti. Elle savait ce qu’elle faisait.


Oui, tu venais de lui lâcher un compliment sur une de ses œuvres. Disons qu’il compensait l’irrespect dont tu avais fait preuve jusque-là, du moins partiellement. Mais quand même, tu lui serais reconnaissante d’arrêter de te taper sur le système avec ses questions. Finalement, ton regard se releva sur le visage de ton interlocutrice, fixant directement le sien...ou ce qu’il en restait.


Parfois, tes contrats comportaient bien sûr des dommages collatéraux...mais elle avait pas besoin de le savoir. Quel héros pouvait se vanter d’avoir toujours sauvé tout ceux qu’il était venu secourir ? Aucun. Donc ce n’était sûrement pas une pourriture de ton espèce qui allait se poser ce genre de questions existentielles.


Car c’était évident, du moins à tes yeux, qu’ils étaient tout sauf innocents. Cela dit, peut-être qu’elle s’en était déjà chargée ? Le cas échéant, au moins, ça lui montrerai sûrement que tu comprenais comment elle se sentait. Si jusque-là tu étais avachie sur ta chaise, tu te redressas légèrement pour tendre une main en direction de l’ingénieure. Libre à elle de la saisir ou non, tu ne voulais qu’apaiser un peu cette ambiance toxique. C’est que pour l’instant, pour une fois, tu arrivais à garder ton calme ? Tu t’étonnais toi-même.


Ce que tu t’apprêtais à faire, tu ne te souciais pas de comment elle le prendrait. Tu te mis à ton tour debout, face à elle, toutefois séparées par le bureau, et attrapas à nouveau la lampe pour éclairer ton propre bras gauche marqué. Car au fil de cette discussion, il y avait au moins une chose qui t’étais venue à l’esprit.


Au moins, vu la personnalité de ton interlocutrice, en voilà une qui ne demanderai pas à savoir d’ou ta brûlure venait, même si elle se rendait compte que cette dernière était loin de se limiter au bras. Et ça tombait bien, tu n’avais pas envie d’en parler.

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Au moins, ta tentative d’éteindre l’animosité qui s’était doucement installée ne s’était pas vue rejetée en bloc. Par contre, un détail sensoriel te chiffonnait et allait accaparer une part de ta réflexion pour la suite de la conversation.


En effet, tu ne désespérais pas qu’un jour ton Alter finirait par évoluer. Tu avais connu plusieurs changements chez celui de ton frère, celui de ta sœur s’était même amélioré récemment...mais toujours rien pour toi. Parvenir un jour, au minimum, à pouvoir assimiler ta propre énergie lorsqu’on la retournait contre toi c’était quand même la base, non ? Restait à voir si l’évolution voulait bien te faire cet honneur...quel comble de t’être blessée toi-même ce jour là. D’ailleurs, même si tu avais écouté d’une oreille plutôt distraite jusque-là, sa demande te fit grimacer. Mais après tout...fallait bien y passer. Qu’est-ce qu’elle pouvait gagner à avoir des gestes déplacés après tout.


Néanmoins, pendant qu’elle faisait sa besogne, ses propos résonnaient dans ton esprit. C’était une chose que la tenue ne couvre pas le visage, mais y’avait-il vraiment besoin d’un complément ? Le principal souci était que tu n’avais jamais vraiment dompté ta crinière et que tu n’avais pas envie de l’ensevelir sous un bout de métal.


Il fallait déjà voir le prix. Le gars qui t’entretenait pour ces jobs était certes Crésus mais pas philanthrope. Au pire des cas s’il refusait de payer tu avais une marge de manœuvre qui serait probablement suffisante...mais valait mieux pas être trop gourmande dès le début.


Quittant un bref instant le regard, tu reportas ton attention sur son bras droit. C’était à coup sûr pas de la chair que tu avais touchée, tout à l’heure...est ce qu’elle était un peu dérangée elle aussi ? En y repensant, le fait qu’elle ait besoin d’un exosquelette pour sa jambe gauche et que son bras ne paraisse pas être humain...non, y’avait vraiment un truc qui clochait chez elle.  


Tu marquas une pause pour réduire légèrement la distance qui vous séparait, t’appuyant en partie sur ton côté du bureau.


Avec ce raisonnement, tu commençais à te dire qu’elle ne valait sûrement pas beaucoup mieux que toi. Pour autant, tu comprenais sa supposée façon de penser...tu avais exactement la même. Fallait que quelqu’un se salisse les mains pour remettre un peu d’ordre, peu importe le prix.

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Cette femme était...étrange. Elle avait été particulièrement curieuse...mais tout aussi bavarde quand tu lui avais renvoyé l’ascenseur. Elle ne devait pas avoir grand-chose à cacher...ou du moins avait-elle assimilé la notion qui disait qu’une main lavait l’autre. Cela dit...tu sentais qu’elle ne te disait pas tout, qu’elle en gardait sous le pied. Si elle sécurisait autant ce lieu c’était probablement autant pour la sienne que celle de ses créations.Vous n’étiez pas si différentes dans le fond, le peu que vous aviez, vous y teniez autant qu’à votre propre vie car c’en était difficilement dissociable.

En revanche, dès l’instant ou elle t’annonças enfin le prix de ton costume, tes yeux s’écarquillèrent un instant. Mille cent Yens ? Elle...se payait à nouveau ta tête ? Elle avait l’air on ne peut plus sérieuse...qu’est ce que ça voulait dire ? Le bon côté c’était que ton boss ne ferait pas le difficile pour régler ça vu ce que tu lui rapportait comme commissions et gains. Fallait dire que tu t’imaginais un prix environ cent fois supérieur. Cette somme...tu l’avais même sur toi. Mais vu que c’était ton propre argent et puisque tu n’avais pas encore le produit entre les mains, cela pouvait attendre. Pour l’heure, tu allais combler le silence qui s’était installé en rebondissant sur sa dernière question. Tu étais presque...satisfaite, qu’elle t’ait permise de voir un peu mieux la façon dont elle percevait le monde. Parvenues là ou en étiez, la situation paraissait difficilement pouvoir s’envenimer de nouveau. Sauf si ton tact inexistant venait à frôler un point sensible.


Tu n’en savais pas suffisamment sur elle pour avancer une théorie plus qu’une autre, bien que tu avais déjà tes petites idées.


Il y avait bien une autre possibilité qui trottait dans ton esprit...mais elle te semblait bien peu probable.


Là, peut-être que tu avais bel et bien heurté un point sensible ? Non, elle ne te répondrait probablement pas de toute façon...et c’était complètement son droit. Par contre si elle te mettait à la porte sous la menace d’un arsenal de guerre ou bien en s’égosillant, ça ne ferait que confirmer tes hypothèses, sans pour autant te dire laquelle était réelle.


Un bref instant de silence s’installa. Mais rapidement, tu préféras conclure sur une note différente avant de lui laisser le choix entre te répondre ou te dégager.


En un sens...tu pouvais même dire qu’elle valait finalement mieux que toi. L’argent, cette chose superficielle par excellence, menait clairement ta vie pour l’instant.

Rencontre incongrue

Comme tu t’y attendais, elle se terrait dans le silence quant à tes interrogations, n’y répondant qu’à moitié. Ce n’était pas surprenant qu’elle refuse de déballer sa vie entière à une parfaite inconnue, mais elle en avait sûrement dit plus qu’elle ne l’imaginait. A moins que tu ne réfléchisses trop. Cela dit, à en juger par sa réaction d’appréhension au moment ou tu lui posas ce que tu pensais être une simple question...tu avais déjà une idée précise de la raison de ce geste. Mais elle avait raison sur un point, on ne pouvait pas dire que ça te concernait. Tu te contentas de la suivre du regard jusqu’à sa fameuse bobine, peu impressionnée par la décharge...puisqu’elle avait mieux selon ses dires. Elle aurait pu sortir l’artillerie lourde que ça n’aurait pas fait de différence à tes yeux mais c’était son choix d’experte, tu ne relevas donc pas.


Tu te redressas enfin de ta chaise, lui adressant un dernier regard et un semblant d’au revoir avant de lui tourner le dos pour regagner la sortie du hangar...au niveau de laquelle tu t’arrêtas sans toutefois te retourner. Si elle était encore dans les parages elle t’entendrait, mais si elle s’était déjà éclipsée tes mots s’envoleraient dans le vent. Ça n’avait de toute façon pas de réelle importance.


Sans même attendre qu’une réaction vienne ou ne vienne pas, tu disparus de l’encadrure, puis de la rue, avant de retrouver ta bécane planquée quelques rues plus loin. Deux semaines, c’était un délai plus court que ce à quoi tu t’attendais...mais ça t’ennuyait quand même pas mal de devoir bosser pour ce plein aux as sans la moindre précaution pendant tout ce temps. Peut-être que pour une fois tu allais poser plus de conditions que sur le simple choix de tes besognes. Il traînait dans des milieux aussi prospères que vicieux alors si tu te mettais à y être confrontée régulièrement sans un minimum de précautions, ta maison serait incendiée en moins d’un mois avec toute ta famille dedans...et c’était pas vraiment l’objectif auquel tu aspirais en faisant ça.