Sweat~muscle~skin... (feat Astrid et Sayoko)

Sweat-Muscle-Skin

Dire que tu t’étais levée avec la ferme intention de rester calme aujourd’hui. Torchée de la veille, ta fille étant déjà partie au collège lorsque tu daignas enfin sortir de sous la couette, la maison était complètement vide. Un silence presque dérangeant par rapport à tes habitudes mais au moins il n’y avait absolument rien qui pourrait te faire sortir de tes gonds au quart de tour. Par contre, vu que tu n’étais pas obligée d’aller t’ensanglanter les mains pour payer tes factures aujourd’hui et que tu avais déjà honoré Dyonysos la veille, tu ne savais pas quoi faire...si tu poursuivais le culte aujourd’hui en faisant la tournée des bars, pas sûr que tu te réveilles en état convenable le lendemain. Pour te rafraîchir les idées, il fallait déjà une bonne douche.

C’est justement après t’être relaxée qu’un détail déciderait de ce que tu ferais aujourd’hui. Habituellement, le miroir de cette salle de bain t’était complètement inutile, mais tu ne pus t’empêcher de le voir en passant devant.. 

Certes, ta chevelure de neige et tes formes étaient généreuses pour leurs standards...mais y’avait pas que ça dont tu disposais allègrement. A cet emplacement ou se dressait un léger relief, tu aurais juré qu’il y avait des abdominaux prononcés il n’y a encore pas si longtemps...le chocolat avait fini par fondre, avec tes excès réguliers de boisson. Ca faisait combien de temps que tu tenais un verre au lieu d’une barre ? Beaucoup trop...c’était peut-être le temps de t’y remettre ? Ce n’était pas en ayant un bide à bière à charge que tu te faciliterais tes entreprises pas très légales...et puis si tu ne rentabilisais pas cet abonnement, à quoi ça servait de le garder ?

Un trajet plus tard, tu passas à nouveau les portes de ta salle habituelle, ou ça faisait un bail que tu n’avais plus mis les pieds. Heureusement, les lieux n’avaient pas changés, donc tu n’éprouvas aucune difficulté à retrouver les vestiaires...et même ce casier à ton nom, dans lequel tu jetas tes affaires avec ta nonchalance habituelle, une fois changée. Normalement, avec tes petites habitudes, tu savais exactement quelle salle occuper pour qu’il n’y ait personne. Ni adhérent ni coach, tu n’avais besoin de personne dans tes pattes. Tu n’avais besoin ni de conseils, ni de remarques déplacées...et encore moins qu’on te reluques pendant que tu transpirais, même si on pouvait penser que tu cherchais à attirer le regard avec cette tenue près du corps qui ne cachait pas grand-chose.

Comme tu l’imaginais, hormis quelques élévations de voix brèves, peu de bruit vint te déranger initialement. Combien de temps s’était écoulé, tu ne savais pas le dire, mais ces haltères te brûlaient déjà les bras et cette fois tu avais l’impression que les bruits de pas se rapprochaient quand même. Un individu quelconque attiré par les cliquetis métalliques peut-être ? Dans un ultime râle, tu replaças ta barre sur son support et te redressas, curieuse de voir qui pouvait bien venir ici. Dans tes souvenirs, tu restais toujours seule jusqu’au milieu de la matinée ici. Mais maintenant que tu y faisais plus attention...rien n’allait plus ici.


Finalement, tu daignas retirer tes écouteurs pour te préoccuper du nouvel arrivant...ou arrivante, qui sait ?

Sweat~Muscle~Skin

C’était loin d’être la compagnie que tu aurais imaginé avoir...et il fallait tout aussi bien préciser que tu t’en serais passée. C’était en premier lieu un homme que tu avais remarqué, probablement pas très réceptif aux autres de manière générale, à en juger par la banalité de sa réponse. Bien qu’elle fût à la hauteur de la banalité de ton approche. D’un côté, valait mieux ça qu’une pie bavarde qui venait surtout ici pour accomplir des exercices de musculation des cordes vocales. Tu te souvenais déjà en avoir entarté plusieurs qui, malgré toute la retenue dont tu avais pu faire preuve pour ne pas les envoyer paître, s’étaient même cru subitement autorisés à tâter de tes abdos présentement un peu recouverts ou bien d’autres parties de ton corps.

En revanche, ton expression changea radicalement quand tu te rendis compte d’une troisième présence dans cette salle. Malgré un instant de doute...ça ne pouvait être qu’elle. Est-ce que le destin avait décidé de vous rassembler dans la situation la plus incongrue qui puisse être ? Naturellement, avec les circonstances de votre première rencontre, la grisâtre eut rapidement droit à ton plus beau regard de prédatrice, mais ça n’irait sûrement pas beaucoup plus loin. Déjà parce que tu avais un peu mieux à faire et surtout parce que vous n’étiez pas seules. Néanmoins, puisqu’elle t’avait déjà adressée une pique, la joute semblait inévitable...du moins sur le plan verbal.


Quel genre de matériel t’étais-tu mise de côté pour la suite de ta séance ? Ah...oui, ça c’était parfait. Une haltère de cinquante kilos, sûrement pas très loin de peser autant qu’elle, à vue d’oeil. Tu la quittas des yeux un bref instant pour t’en saisir, le sourire que tu arborais ensuite étant assez révélateur de tes intentions avant même que tu ne lui lances l’haltère au niveau de la poitrine.


Rien que pour le plaisir coupable de lui taper sur le système, ça valait le coup de devoir retourner en chercher une. Sans compter la difficulté qu’elle devrait avoir à intercepter ce lancer bien entendu. C’était finalement là une manière d’interrompre le time-out en vigueur depuis que votre cible commune avait été réveillée par la confrontation de vos fiertés respectives...même si cette fois un détail t’était déplaisant.

La dernière fois, même si elle avait fini par t’arracher une part de ta tenue, l’obscurité faisait tout de même en sorte qu’elle ne puisse pas voir la séquelle qui rayonnait sur toute une moitié de ton corps. Mais là, avec la luminosité ambiante et le peu de tissu qui recouvrait ta peau...c’était littéralement lui offrir la vision de ta faiblesse passée et l’occasion de rebondir dessus. Bon, techniquement, sa couleur de peau anormale était un possible contre-argument...mais tu n’étais pas convaincue que ce soit un de ses complexes, si elle en avait, puis il fallait dire que ce n’était pas une couleur si horrible. Tu en vins même à te dire, avec ce qu’elle t’avait montré de son Alter lors de votre première rencontre, que c’était bel et bien une créature de la nuit.


Après ce dernier jet d’huile sur les braises de son agacement, tu t’installas à nouveau sur ton banc de musculation pour reprendre tes séries. A défaut d’en venir aux mains une nouvelle fois, pour peu que votre confrontation sur fond d’égo reprenne, il allait falloir innover sur la forme.