On nomma ce terrible jour comme tel : la Trahison. La figure d’espoir ayant abandonné les siens ainsi que sa patrie, le visage du Japon changea du tout au tout. On savait les Alters dangereux, mais à quel point ?
Il y a quelques jours, un peu plus d’une semaine, que Sayoko avait interpellé Akimitsu alors qu’il quittait le travail. Il l’avait revue au bar depuis, deux fois même, mais n’arrivait pas à se retirer l’impression qu’elle restait proche, au point où il avait cru la repérer à Aqua city, le jour où il s’est fait poser un lapin.
Il ne comprenait pas vraiment pourquoi cette impression le suivait. Il s’était renseigné à son sujet, bien évidemment, et avait compris que son impression de déjà-vu était fondée lorsque son visage lui est apparu dans une des affiches de recherches.
Il savait désormais qu’elle faisait partie des criminels recherchés par la shogun et la police, et que son métier de “garde du corps” n’était probablement que de la poudre aux yeux. Quand bien même, il avait décidé de faire son enquête de son côté, de continuer à la voir pour se faire une réelle idée de qui elle est réellement. Il avait appris à connaître Ryoma, plus connu sous le surnom du “cyclope”, après tout, et cet homme n’avait rien d’un grand criminel, il s’agissait juste d’un homme perdu.
Il passait de plus en plus de temps à regarder le petit bout de papier qu’elle lui avait donné… Ce même mot qui avait sa place dans une poche intérieure de son veston depuis lors. Ce mot, accompagné d’un numéro.
Un mardi, il se décida donc. Il indiqua à Hyotaro de prendre sa place un moment, profitant du calme du début d’après-midi pour passer un coup de téléphone. Il ne prit pas la peine de composer le numéro de téléphone, l’ayant tellement relu qu’il s’en souvenait très clairement.
Il avait composé le numéro, certes, mais il ne lança pas immédiatement l’appel. Ne risquait-elle pas d’être occupée, ou bien de dormir ? Ne risquait-il pas de la mettre en danger, si elle était en train de travailler ? Ou bien de la faire arrêter ?
Se rendant compte de l’idiotie de certaines de ses hésitations, il appela finalement Sayoko, qui lui répondit assez rapidement, un peu trop à son goût d’ailleurs. Ils réussirent à prendre rendez-vous le soir même. Akimitsu quitterai le travail un peu en avance, lorsque la criminelle se présenterai au Sekai.
Cela faisait quelques jours depuis cette nuit. Cette nuit où j’avais rencontré Akimitsu, sortant du travail. Nous avions passé un petit moment ensemble, fort agréable, je dois dire. Soirée durant laquelle je lui avais donné mon numéro. Mais pour l’instant, je n’avais pas reçu de coup de fil. Peut-être lui avais-je fait peur ? Plus les jours passaient et plus l’anxiété faisait son apparition. À un point où je me mettais à le suivre. Comme lorsqu’il était allé à Aqua City. Et pour tout vous dire, à force de le suivre ainsi et de mener une petite enquête personnelle : J’avais réussi à trouver son identité.
En même temps, il n’y a pas beaucoup de héros travaillant dans un bar. Faire le rapprochement était donc facile quand on savait où chercher. Mais, pourquoi même en ayant appris cela, l’envie de le revoir en dehors du Sekaï ne changeait pas d’ampleur ? Il fallait se rendre à l’évidence. La Nocturne avait un faible pour ce jeune homme fort séduisant. Et si le fossé qui les séparait, devait-être ce pourquoi je ne recevais pas de coup de fil . . . Alors soit, je me contenterai de le regarder de loin.
Je commençais à poser mon téléphone pour essayer de dormir, quand une sonnerie se mit à retentir. Comme un signe du destin ? Au moment où je baissais les bras ? Je ne prenais même pas la peine de regarder qui appelait que je décrochais rapidement.
C’était bien sa voix. Rougissant comme une ado face à son premier amour, j’acceptais son invitation de l’attendre ce soir au Sekaï. Alors qu’il quitterait plus tôt. Une fois le coup de fil terminé, je regardais l’heure, impatiente d’y être. Sautant dans ma salle de bain pour me préparer sous les yeux curieux d’Evelynn et de ma nouvelle amie, Erica. Une autre petite chauve sourie qui avait suivi Evelynn et dont je m’occupais depuis peu également.
Une fois ma toilette terminée, je regardais mon armoire, que mettre ? Y aller avec ma tenue habituelle ne me convenait pas. J’optais finalement pour une tenue des plus simples. Un short court, accompagnée d’une chemise à manche longue dont je retroussais les manches et déboutonnais au niveau du col.
En début de soirée, je m’étais déjà présenté devant le bar, attendant que le jeune Akimitsu termine son service. Sans avoir oublié de lui envoyer un message pour le prévenir de mon arrivée. En attendant son arrivée, je remarquais que deux petites choses m’avaient suivie. Bah, je pouvais bien les laisser faire ça. De toute façon, elle était libre de faire ce qu’elles souhaitaient.
« Je me demande bien ce que la soirée va nous réserver. »
Je n’ai pas eu à attendre longtemps. Enfin… J’attendais ce moment depuis que j’ai appelé. Mais on s’était dit en début de soirée. J’aurai dû préciser un horaire. J’ai profité du calme de l’après-midi pour aller en vitesse chercher de quoi me changer chez moi. Il était hors de question que je laisse le drame de l’autre jours se répéter.
Jamais je n’aurais dû oublier ce détail. Quel abruti je fais… Je regarde de temps en temps à l’extérieur… Depuis quatre heures de l'après-midi… Honnêtement, je ne me comprends pas. Elle est une criminelle, je ne devrais pas être si impatient… Au pire, je devrais simplement prendre ce fait comme une enquête, mais je n’y arrive pas. Ce n’est pas comme ce que j’ai ressenti envers l’infirmière, où nous nous sommes rapidement rendu compte que cela ne pouvait être sérieux.
Toujours est-il que je n’avais pas la tête au travail aujourd'hui. Lorsque je l’ai vue, j’ai tout de suite arrêté ce que je faisais. Je me suis éclipsé pour me changer rapidement en une tenue plus convenable. C’est bien la première fois. La première fois que je ne fais pas la fermeture du bar. La première fois que je le quitte dans une autre tenue que celle de travail.
Une fois dehors, je regarde sa tenue. Très décontractée, heureusement. De mon côté, j’ai opté pour un pantalon ample, sombre, et un t-shirt clair à manches courtes, ample également. Ainsi, aucun souci de bouton qui se défait et me dévoile.
— Bonjour… Tu, ça va ?
J’ai passé l’après-midi à l’attendre, certes, mais j’ai comme qui dirait oublié de penser à ce que je ferai après.
— Tu veux qu’on marche un peu ?
Je ne me reconnais pas. J’ai l’impression qu’un autre a pris ma place, ce qui est assez perturbant. Je veux parler, mais la seule chose qui me vient en tête, le seul sujet de discussion, est son identité. Ce sujet, précisément, est celui que je ne peux me permettre d’aborder.
Alors que je regardais le ciel, j’entendis une porte se claquer derrière moi. Je ne perdis pas une seconde pour me retourner et constater qu’il s’agissait bien d’Aki. En tenue décontractée, un t-shirt qui le seyait bien. Je pouvais voir les muscles de ses bras, si bien dessinés. J’en restais quelques secondes bouche bée avant qu’il ne m’adresse la parole.
« Bonjour . . . Tu, ça va ? »
Je n’étais, visiblement, pas la seule à être tendue aujourd’hui. Je me raclais la gorge pour me re-concentrer.
« J-je vais bien et toi ? »
Lui dis-je tout sourire. J’essayais de cacher mon enthousiasme. Mais si mes oreilles pouvaient bouger : elles le feraient. Même si leur rougissement parlait de lui-même. Il me proposa de marcher un peu. Ce que je m’empressais d’accepter. J’avais hâte de commencer ce rendez-vous. Jusqu’où allait-il nous mener ? Qu’allait-ont rencontré ce soir ?
Nous commencions donc à descendre la rue, trop occuper pendant un temps à rester calme en cette situation. J’en oubliais presque que j’avais un héros à côté de moi qui pouvait m’arrêter à n’importe quel moment. Je brisais finalement le silence.
« Qu’as-tu prévu de bon pour cette belle soirée ? »
C’est à peu près à ce moment qu’une personne nous interpella avec des prospectus. Il parlait du karaoké au-dessus des Onsens de Kamata. Je n’avais jamais fait de karaoké, ni ne m’étais prélasser dans un Onsen. Pourquoi pas, j’attrapais un prospectus avant de passer mon bras sous celui d’Aki. Lui montrant le dit prospectus.
« Qu’en dis-tu ? Ça t’intéresse ? Je n’ai jamais eu l’occasion de faire ce genre d’activité. Et puis . . . à deux, c’est plus amusant non ? »
Je mis par la suite quelques secondes à réaliser que je m’étais agrippé à lui. Je lâchais prise doucement, rouge de la tête au pied.
« P-pardon, je n’ai pas pensé sur le coup ah ah. »
Je voulais lui faire peur ou quoi ? Ah, mais pourquoi je n’arrive pas à agir normalement avec lui. Comme si sa présence suffisait à chambouler tout mon univers. Sans me déranger le moins du monde ! Aller Sayo reprend toi un peu bon sang. Assure comme d’habitude !
Elle me sourit. Sourire auquel je réponds sans m’en rendre compte.
*Quel beau sourire… Non ! Stop Akimitsu. Reste concentré, tu dois enquêter.*
Je ne dois pas me laisser emporter par ce que j’ai l’impression de ressentir. C’est une criminelle, selon la loi, et je dois rester calme et maître de moi. Il faut que je reste objectif, et que je lui pose toutes les questions nécessaires mais discrètement afin qu’elle ne m’identifies pas.
Nous commençons à marcher, je me laisse porter par mes pieds alors qu’elle semble me laisser la direction de notre petite sortie.
— Qu’as-tu prévu de bon pour cette belle soirée ?
*Quel con !*
J’espère qu’elle ne voit pas mon visage faire écho à mes pensées, tandis que je continue de me demander comment j’ai pu être si peu organisé lors de la préparation de la soirée. Je n’ai absolument rien prévu ! Je me dis que je suis franchement un bel idiot aujourd’hui, je trouves que je me conduis comme un adolescent prépubère en chaleur.
C’est à ce moment qu’un homme passe à côté de nous. Il nous interpelle et nous donne un prospectus. C’est une publicité pour l’Onsen de Kamata et son karaoké. J’en avais déjà entendu parler, bien entendu, surtout qu’il s’agit d’un établissement assez proche de l’académie.
Alors que je réfléchis à l’idée, je sens une présence autour de mon bras. Yabe s’est accroché à ce dernier. J’en viens à rougir alors qu’elle me parle, plus concentré sur le contact que sur ce qu’elle commence à dire.
— ...Ca t’intéresse ? Je n’ai jamais eu l’occasion de faire ce genre d’activité. Et puis… à deux, c’est plus amusant non ?
Je lui sourit en sentant le rouge me monter aux joues, mais elle se détache de moi avant que je ne puisse répondre.
— P-Pardon, je n’ai pas pensé sur le coup ah ah.
Je… J’aurais dû m’éloigner d’elle, lorsqu’elle s’est agrippée à moi. Il n’est pas impossible qu’elle ait réussi à identifier mon identité de héros, malgré les précautions que j’ai tenté de prendre. Pourtant, c’est l’inverse. Je suis, tout simplement, déçu qu’elle se soit éloignée.
je me frotte la nuque, alors que je tente de reprendre le contrôle de mes émotions.
— Ce… C’est pas grave.
Moins d’une poignée de secondes après ça, je me rappelle qu’elle m’a posé une question à laquelle je n’ai toujours pas répondu.
— Je… C’est une bonne idée… On y va?
Sans véritablement attendre de réponse, je commence à prendre la direction de l’Onsen.
Ses réactions me faisaient fondre. Même si je sentais une pointe de déception quand j’étais décroché. Il se frottait la nuque comme un peu gêné. Il me répondit que ce n’était pas grave. Mais si ça l’était ! Je n’arrivais pas à réfléchir dix secondes sans faire quelques choses normalement insensées ! Le temps d’en finir avec mes pensées, Aki acquiesça pour se diriger au karaoke de Kamata. Ouvrant la marche, il me frôla le buste. La réaction fut quasi instantanée, un frisson qui arriva jusqu’à mes oreilles.
Je le suivis, deux pas en arrières, et si ? . . . Non ça serait étrange, et puis, ça se trouve, ça allait créer un blocage. Mais, ce pourrait être un test ? Pourquoi pas, aller ma grande ! Je pris mon courage à deux mains, et revînt agripper son bras. J’étais officiellement rouge comme une tomate. Je n’osais même plus prononcer un mot, car quand j’essayais ma voix s’estompait. Mon cœur dansait la salsa et ne semblait pas vouloir se calmer. La chaleur grimpait à toute vitesse.
Je n’avais pas la main moite si ? Mince, je fais quoi maintenant ? Après plusieurs minutes de silence agréable. Je brisais le silence.
« On-nous Hum on est bientôt arrivé non ? J-j’ai hâte de te voir chanter. »
Souriante, mais toujours aussi rouge. Plus loin, la silhouette du bâtiment commençait à se dessiner. L’enseigne était magnifique et bizarrement, il n’y avait pas beaucoup de monde. En milieu de semaine aussi, peut-être que ça jouait ? On rentrait finalement dans le bâtiment quand une hôtesse nous accueillait.
« Bonjour, aujourd’hui nous faisons une réduction karaoke et baignade tout compris pour les couples ! »
Je vous ai déjà dit que j’étais rouge ? Je n’avais même pas la voix pour refuser que nous étions déjà dirigé vers notre salle avant de nous laisser seuls. Une lumière tamisée, un micro posé sur la table basse avec des menus. Une ambiance bien différente de ce que je connaissais. J’attrapais le micro en premier.
« Honneur aux dames, c’est bien ça ? »
Toujours le sourire aux lèvres, je cherchais la première musique à interpréter. Avant de commencer à chanter.
A peine ai-je commencé à avancer que je sens quelque chose frôler mon bras. Non, c’est mon bras qui a frôlé quelque chose. Je suis tellement perturbé que je n’arrive même plus à bien me situer dans l’espace. Je continue d’avancer, faisant semblant de n’avoir rien remarqué alors même que je suis en train de m’empourprer. Pourquoi ? Simplement parce que, vu nos positions respectives, et la hauteur à laquelle l’effleurement a eu lieu, je n’ai pu entrer en contact qu’avec son buste.
Elle semble me suivre avec quelques pas d’écart, enfin, selon le bruit que j’entends. Je ne peux me permettre de me retourner. Elle verrait, sinon. Elle verra à quel point elle me fait de l’effet. Je sais que je ne peux pas lui montrer de faiblesse. Je sais que c’est une hors la loi. Je sais qu’il faut qu’on parle de ça… Mais je ne peux pas. Je ne veux pas briser ce rêve éveillé, je ne veux pas qu’on passe de cette magnifique situation à une relation d’ennemis… Pas tout de suite… Laissez-moi en profiter encore un petit moment.
Quelques instants plus tard, je sens à nouveau une chaleur confortable entourer mon bras. Je rougit à nouveau instantanément. Il est impossible que je baisse les yeux. Je ne peux pas la regarder… Enfin je n’ose pas. Je suis certain d’avoir le visage complètement écarlate maintenant. On continue alors de marcher quelques minutes, alors que mon coeur bat intensément et rapidement dans ma cage thoracique. Je sens d’ailleurs celui de la demoiselle, de huit ans mon aînée, battre aussi frénétiquement contre mon bras.
—On-nous Hum on est bientôt arrivés non ? J-j’ai hâte de te voir chanter.
Je déglutit à cette phrase. Il va falloir que je chante, c’est vrai… Oh mon dieu… Je suis pris de sueurs froides à cette idée. Je ne penses pas chanter si bien que ça… Pourquoi, mais pourquoi ai-je accepté cette balade au karaoke ?
— On… On ne devrait pas… Pas tarder à arriver… J’ai hâte de t’entendre chanter, moi aussi…
Je rougis à nouveau en disant cette phrase, dire que j’avais réussi à prendre une teinte à peu près normale. Heureusement pour moi, le bâtiment finit par apparaître devant nous, ce qui me permet de ne pas pousser plus avant cette conversation. Le silence, d’habitude, ne me gêne ni ne me plaît mais aujourd’hui il m’apaise un peu. Après tout, si je me tais, je ne risque pas de dire quoi que ce soit de stupide, non ?
Une fois entrés, je me prépare à parler lorsqu’une hôtesse vient à nous.
— Bonjour ! Aujourd’hui nous faisons une réduction karaoke et baignade tout compris pour les couples !
Rouge, encore, je baisse les yeux vers mon bras, celui auquel est attachée ma compagne de la soirée. Je voulais m’assurer de la bonne présence de mon portefeuille dans ma poche, mais ce regard me donne un aperçu direct sur son décolleté, ce qui me fait relever immédiatement la tête alors que l’employée nous entraîne à notre salle.
Une fois dans le box, nous nous séparons à nouveau, ce que je regrette immédiatement. Pendant que je ferme la porte, Yabe prend le micro. L’ambiance de la pièce ne m’aide pas du tout à me calmer, bien au contraire. Cette ambiance tamisée, intime, ne sert qu’à augmenter mon malaise, car je m’y sens trop bien pour ce que je suis censé faire.
— Honneur aux dames, c’est bien ça ?
Elle sourit, Et son sourire me détend. Je lui rend un sourire éclatant.
— Fais-toi plaisir.
Pendant qu’elle sélectionne sa chanson, je m'assois. Ensuite… Je me laisse porter par sa voix alors qu’elle chante. Je n’écoute presque pas les paroles, obnubilé que je suis par la chanteuse.
Quelques minutes plus tard, le silence se fait à nouveau, tandis que je continue d’admirer la vilaine. Je ne décroche les yeux d’elle que lorsqu’elle me tend le micro arès qu’elle se soit tournée vers moi.
— A ton tour Aki~
Je pâlit presque instantanément, mais prend le micro qu’elle me tend. Nos doigts se touchent à ce moment, et je reprends alors des couleurs, un rouge bien vif à vrai dire.
— C’était… Sublime...
Je prends le micro et commence à regarder quelles chansons sont dans le menu, jusqu’à me figer. Une de mes chansons préférées est ici, c’est un signe, car c’est la seule dont j’arrive à suivre les paroles d’habitude. Je la sélectionne donc, et me mets à chanter à mon tour, oubliant petit à petit ce qu’il se passe autour de moi, la présence de Sayo, mon embarras, mes questions par rapport à elle.
chanson:
Une fois terminé, je la regarde et lui tend à nouveau le micro.
— Alors ?
Je retiens inconsciemment ma respiration, j'ai peur de sa réaction...
Je tendais le micro à Aki qui se mit à pâlir, visiblement, il redoutait le fait de chanter. Mais lorsque nos doigts se touchèrent. Ce fût comme un petit courant électrique qui nous transperça. Il reprit des couleurs tandis que j’en gagnais.
« C’était . . . sublime. »
Mes oreilles déjà rouges, commençaient à bouger un peu. Ce n’était que maintenant que je m’apercevais de mon embarras. Je n’avais jamais chanté devant quelqu’un d’autre. Enfin, pas depuis ma petite enfance. Ce rendez-vous était vraiment anticonstitutionnel, une vilaine et un héros, seuls, dans une pièce à la lumière provocatrice. Pendant qu’Aki choisissait sa musique, je commandais des boissons rafraîchissantes. Chanter, ça assèche la voix, et je comptais bien écouter chaque mot sortir de sa bouche enchantée.
Enchantée, oui, car il venait de commencer à interpréter une musique que je ne connaissais pas. En même temps, je n’y connaissais rien en musique. Cette musique était puissante, elle provoquait un fort sentiment en moi. Poignante, saisissante, tout comme l’était son interprète. Il réussit même à me faire lâcher une petite larme au coin de l’œil. Que je m’empressais d’essuyer d’un revers de manche tandis qu’Akimitsu terminait sa chanson.
« Alors ? »
J’essuyais mon œil droit en souriant avant de lui faire signe de venir s’asseoir à côté de moi.
« C’était magnifique, vraiment. Tu es doué ! J’ai commandé des boissons pour éviter qu’on perde la voix trop facilement. »
Le serveur arriva a peu près à ce moment. Accompagné d’un Side Car et d’un Wedding Bells. J’avais choisi ces cocktails, car leurs noms étaient sympathiques. Je tendais l’un des verres à Aki pour trinquer. Lui laissant le choix de la boisson.
« Selon vos désirs mon cher~. Kampai ! »
Je buvais un petit coup avant de saisir le micro. C’était à mon tour de chanter, je voulais rester dans le thème. Que pouvais-je bien choisir ? Huuum, non celle-ci n’était pas adaptée à la situation. Et celle-là était beaucoup trop festive. Peut-être . . . celle-là ? Cela faisait une éternité que je ne l’avais pas entendu. C’était bien une des seules qui venait tout droit de mon enfance. Et pourtant, je ne me rappelais plus du tout à quel moment, je l’avais connu. À la télé peut-être ? Ou à la radio ? Impossible d’en être sûr. Il fallait dire que j’avais sans doute vingt ans de plus qu’à l’époque.
J’espérais ne pas trop la saccager en essayant de l’interpréter. Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir. J’enclenchais le bouton play.
La 2eme musique:
J’y avais mis pas mal d’énergie et toute mon âme. J’espérais avoir atteint mon seul public ici. Je respirais à pleins poumons avant d’expirer. Je regardais tendrement mon auditeur tout sourire.
« Comment, c’était ? J’espère que je ne t’ai pas trop cassé les oreilles ah ah ah.»
Je me réinstallais à côté de lui en lui tendant le micro.
« J’attends avec impatience ta prochaine chanson. »
J’ai chanté. Vraiment ? Je ne sais pas, je ne sais plus… Tout ce que je sais c’est que… J’avais choisi une chanson que j’adore, la chanson qui m’avait donné envie d’apprendre le coréen à l’adolescence, et ensuite, Sayoko me félicitait.
Je ne la vois pas essuyer les larmes du coin de ses yeux, je ne vois que son sourire alors qu’elle me parle.
— C’était magnifique, vraiment. Tu es doué ! J’ai commandé des boissons pour éviter qu’on perde la voix trop facilement.
Je ne peux m’empêcher de sourire. Elle est si prévenante… Il me semble impossible qu’elle ne soit autre chose qu’un ange tombé du ciel.
Bon… J’exagère probablement un tout petit peu… Je sais bien qu’elle ne peut être un ange après tout… Enfin… Voilà quoi…
— Merci d’y avoir pensé, tu nous sauve la vie, là.
Elle me tend deux verres, deux cocktails que je n'identifie pas, en me poussant à me servir. Je lève alors mon verre, le cocktail Wedding Bells en main.
— Kampai !
Contrairement à elle, je vide mon verre d’un coup, tentant de reprendre contenance. Elle reprend ensuite le micro et se met à chanter. Je me laisse encore porter par sa voix. Elle fait vivre cette chanson qui m’est inconnue, comme je n’aurais cru pouvoir la vivre. Je ne saurais dire si elle a massacré, ou non, le matériel d’origine. Tout ce que je puis dire, c’est :
— Ouah…
Elle s’assoit à côté de moi après m’avoir parlé, mais je ne répond qu’après qu’elle ne me tende le micro et ne me pose sa deuxième question.
— C’était beau, tu chantes vraiment bien...
En prenant le micro, je choisis de laisser volontairement nos doigts s’effleurer. Nous sommes tous deux rouge pivoine après tout, alors autant en profiter. Et puis… Nous sommes censé être en rendez-vous, après tout.
— A mon tour maintenant…
Je chante alors une chanson venant d’un anime ancien qui m’a marqué, espérant que ça lui plaise.
Je me sentais . . . légère . . . cette musique était spéciale et son interprète tout aussi divin. Telle une muse devant son Apollon. Une sorcière venant de trouver le prince charmant qui allait la délivrer de sa malédiction. L’attirance que je ressentais pour lui était belle et bien palpable, alors que la chanson se terminait et qu’Aki s’essaya à mes côtés. Me demandant si j’avais aimé. Aimé ? Un aussi petit mot ne saurait désigner l’impression que j’avais eu. Cette impression de faire face à un nouveau monde inconnu. Bercer par les sentiments du chanteur qui se transmettait à travers ses mots. Je le regardais dans les yeux.
« Je n’ai pas le vocabulaire pour décrire l’expérience que tu viens de me faire vivre. C-c’était tout simplement magnifique. »
Je continuais de le regarder dans les yeux, n’arrivant pas à décrocher. C’est au moment où je dirigeais ma main vers le micro que quelqu’un frappa à la porte. Me sortant de cette espèce de trance, bien que toujours émoustiller. Un employé de l’enseigne pénétra dans la salle.
« Bien le bonsoir Madame, Monsieur. Je viens vous prévenir que si vous le souhaitez, le bain est prêt à vous accueillir. »
Je regardais quelques secondes dans le vide avant de me tourner vers Aki, puis l’employé.
« Ma foi, je pense qu’un bon bain nous revigorera de ces merveilleuses chansons ! »
L’employé nous fit signe de le suivre, le temps de récupérer nos affaires. Et c’était parti, descendant de notre étage, ils nous invita à rentrer dans une première pièce. De là, deux portes s’offraient à nous.
« Les Dames à droite, les Monsieurs à gauche, je vous prie. Passez un agréable moment. »
À ces mots, il nous laissa ici. Je me dirigeais vers la porte de droite, avant de me retourner et de lui simuler un baiser avec la main.
« A tout à l’heure mon cher~ »
Je pénétrais dans la salle pour me changer. Laissant mes affaires dans un panier mis à disposition, ajustant une serviette autour de moi, et attachant mes cheveux en petit chignon. J’étais fin prête à patauger. Une fois dans la petite cour, je m’asseyais au bord du bassin. Trempant mes pieds, puis mes jambes, avant de m’y engouffrer jusqu’au-dessus de mon buste. Là, je me prélassais convenablement, pensant à la suite de la soirée. C’est à ce moment que je me rendis compte que je n’étais pas seule dans le bain.
À peine un mètre de moi, Aki pataugeait lui aussi dans ce bain. Je virais une fois de plus au rouge, à se demander si mon cerveau n’allait pas exploser à force d’être oxygéné de cette façon.
« Je . . . tu . . . mixte ? »
Je n’arrivais pas à aligner trois mots, me contentant de passer mes bras devant ma poitrine.
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