C'était du temps d'avant la Trahison, quand tout le monde regardait encore Solem avec admiration. Dans cette paix que tous pensaient durable, un couple eut la chance de voir naître des jumeaux. Ou plutôt des faux jumeaux, vu qu'il s'agissait d'un garçon et d'une fille. Le garçon, de plus était atteint de dépigmentation pileuse.

La petite famille vécut trois années des plus paisibles, jusqu'à ce qu'un jour, le petit Akimitsu tombe dans les escaliers en se levant. Il empestait l'alcool au point que ses parents durent l'emmener à l'hôpital en urgence. Ne sachant pas ce qu'il s'était passé, le personnel soignant garda le jeune enfant une nuit. Officiellement, c'était pour vérifier que la situation n'empire pas, mais en réalité il s'agissait de se laisser le temps d'envoyer les services sociaux au domicile familial afin de vérifier les dires des parents.

Ce que les infirmiers et docteurs n'avaient pas vu venir, c'est que le bambin produisait lui-même de l'alcool par sa main droite. En quelques dizaines de minutes, des vapeurs d'alcool s'étaient mises à s'imprégner de la chambre ou il se trouvait. Heureusement, ils ont rapidement réagi, empêchant la situation d'empirer.

Cette preuve effectuée, les médecins indiquèrent une marche à suivre aux parents, afin que le problème garde des proportions convenables jusqu'à ce que le jeune enfant apprenne à gérer son Alter convenablement. Durant ce temps, chaque nuit, un des parents se levait toutes les deux heures afin de vérifier qu'il n'ait pas relâché d'alcool.

L'année de ses cinq ans, ce balai incessant fut enfin terminé, et la famille put reprendre un rythme de vie normal, ou presque. En effet, Akimitsu annonça à sa famille que plus grand, il deviendrai un héros aussi fort que Solem et que pour ça il devait s'entraîner dès maintenant. Il s'entraîna donc, en servant tous les soirs des boissons à ses parents selon ce qu'ils lui demandaient. Ils n'avaient en effet pas trouvé meilleure solution pour le laisser s'entraîner sans faire de mal à personne.

Vu que son entrainement se passait uniquement les soirs, il pouvait jouer avec sa sœur le reste du temps. Leurs jeux étaient pourtant aussi un peu de l'entrainement pour eux. Elle ne lui avait pas dit si elle comptait, ou non, devenir elle aussi une héroïne, mais elle semblait tout autant, voir même plus énergique que lui alors qu'ils passaient leur temps à courir, sauter, grimper aux arbres et autres acrobaties.

En plus de ça, à l'école, tout se passait bien, les deux s'en sortaient avec de bonnes notes (même si sa sœur s'en sortait mieux que lui), et purent ensuite choisir l'école de leur choix. N'ayant pas fait un score suffisamment bon à l'examen d'entrée, il ne fut pas accepté à yuei à l'époque, mais fut pris par une autre école, certes moins réputée, mais l'important à ses yeux était de devenir un héros.

Il venait d'avoir quinze ans. Le lendemain de sa fête d'anniversaire, toutes les chaînes télévisuelles se mirent à montrer le même programme. Solem venait d'arriver à la rencontre de Mu. Le héros face au monstre. Tout le monde commençait à parier sur la manière dont il allait gagner, sur combien de temps Mu allait tenir avant de finir au tapis.

Quelques minutes plus tard, un silence de mort remplaçait l'atmosphère auparavant joyeuse de la salle. Personne n'osait parler, personne n'osait ne serait-ce que penser à ce qu'ils venaient de voir.

Jusqu'à ce que quelqu'un ose. Un enfant,un jeune garçon qui n'avait pas plus de cinq ans… Il ne pouvait pas savoir. C'était normal qu'il pose la question. C'était déjà très bien de sa part d'avoir autant attendu.

— Maman, maman, pourquoi il est parti Solem?

Tout à coup, la salle explosa. Pas littéralement, bien sûr, mais tout le monde se mit à réagir à sa façon. Certains pleuraient, d'autre débattaient entre eux, d'autres encore criaient pour être les seuls à parler. Ce qui était surprenant est le fait que tout ça ne s'était déclenché qu'après la simple question d'un enfant qui ne comprenait pas ce qu'il se passait.

Le père Toliima rappela Akimitsu dans la foulée. Il lui interdit de continuer ses études d'héroïsme sous peine de le déshériter. Il ne fut apparemment pas le seul, car les institutions se mirent à fermer les unes après les autres, soit par manque d'élèves, soit parce que les professeurs abandonnaient leur rôle de héros, redevenaient des gens normaux, par honte de leur échec.

Pendant les années suivantes, Akimitsu suivit ses études, comme le désirais son père, dans une école de civils. Il s'entrainait tout de même en secret. En deux ans, il était capable de fournir les fêtes de ses camarades dans des proportions convenables. Un jour, alors qu'il rentrait des cours, il croisa sa sœur.

— Qu'est-ce que tu fais là?
— Je vais à l'académie héroïque. J'ai trouvé un moyen de me le payer sans aide de papa.

Le frère comprit alors pourquoi il n'avait pas entendu parler de sa sœur depuis la Trahison. Elle avait fait ce qu'il n'avait pas osé. Elle avait tenu tête à leur père pour rester à l'académie. Il décida alors de faire en sorte de financer lui-même ses études. Il alla passer discrètement les examens d'entrée, utilisant l'argent qu'il s'était fait en vendant son alcool aux camarades de classe pour payer les frais d'admission.

Il s'occupa, seul, de la paperasse administrative et fit signer sa mère sur ceux qui nécessitait l'accord parental, cette dernière l'ayant toujours soutenu dans tout ce qu'il faisait.

Il put alors, en prenant un petit job de barman à la cafétéria de son académie, de vivre de ses propres efforts. Il termina donc ses études là-bas, avant d'y donner des cours, malgré le fait qu'il possède son propre bar en ville.


.