On nomma ce terrible jour comme tel : la Trahison. La figure d’espoir ayant abandonné les siens ainsi que sa patrie, le visage du Japon changea du tout au tout. On savait les Alters dangereux, mais à quel point ?
Ce rêve, ça commençait vraiment à être une habitude. C'était souvent le même, bien que l'issu était à chaque fois différente. Je ne me souviens plus combien de fois je me suis battue, combien de fois j'ai tué. Mais dans tout les cas, il y avait toujours un meurtre. Mais c'était pour la protéger, pour protéger mon petit être trop fragile, de ce monde de brutes, je la renforçais parce que je me devais de nous faire survivre, qu'importe les moyens que j'utilise.
Mon nom est Momo, mais je suis son autre elle, je me suis construite, pour combattre ceux qui veulent me voir morts. J'ai treize ans et je suis déjà une guerrière. Et j'ai tué ma mère et je continuerai de la tuer, encore et encore.
Mes pas grincent sur le plancher de la maison. Elle tombe un peu en ruines, l'odeur de l'alcool est assez présente, elle me retourne le coeur mais cela ne me détourne pas mon attention. C'est drôle qu'il fasse si obscur, les lumières sont toujours éteintes, pourtant, ce n'est pas l'heure de dormir même si la nuit est tombée. Pourquoi je n'allume pas la lumière ? Je pourrai, cette fois-ci ? Non... Ils vont me trouvé, s'ils me trouvent, la partie est fini, je perds. Je ne dois pas.
Je me glisse doucement dans les escaliers, les voix, je les entends. Elles sont fortes, très fortes mais je ne les comprends pas. Bah, peu importe, je dois continuer. Finalement, une d'elle, celle d'un homme, s'arrête. Il est parti, comme d'habitude. Pourquoi ne reste-t-il pas, au moins une fois ? C'est bête, j'ai envi de voir son visage. Soudain, la deuxième voix, celle d'une femme, passe à l'hystérie.
Il faut que je me dépêche, je cours, j'arrive finalement en bas de l'escalier, au bout du couloir. Ma tête passe l'entrebaillement d'une des portes. Cette fois, je les vois. Je vois cette femme debout, cette petite fille au sol. Arrête de pleurer, arrête de pleurer. Pourquoi tu pleurs, s'il te plait...
Les yeux de l'enfant se tournent vers moi, me supplie. Je sais... je suis elle. Je dois l'aider. Je dois tuer cette femme, cette femme qui nous sert de mère.
Tou est fait de poussière, les rêves aussi(Pv Momo)
Les Danois ont un proverbe qui est le suivant : "Plus on avance dans l'eau, plus on y trouve de profondeur", ce qui coule de source non ? Pourtant, il y avait tous les ans des cas de baigneurs qui s'aventuraient trop loin et perdaient pied : certains arrivaient à refaire surface d'autres disparaissaient dans des trous pour peut-être réapparaître un jour telle une embarcation érodée et vidée de toute âme ailleurs sous le même ciel...
Triste histoire qui peut aussi être appliquée à d'autres facettes de l'existence après tout, on compare quelque fois la vie à un long fleuve. C'est pourquoi il était important de ne pas se contenter d'un regard superficiel s'arrêtant à la surface de ce qui nous entoure et se contenter des faits qui nous parvenaient parfois bien indirectement, incomplets et déformés par le temps et les transmissions.
Autant d'énigmes qui n'attendaient qu'à être découvertes ou à attirer l'attention de qui daignerait leur accorder un regard ou aurait la coïncidence -provoquée ou non- de tomber sur leur piste. Bien qu'il fallait savoir se montrer prudent dans ces enquêtes puisque certains individus aimeraient garder leurs secrets personnels : leur cher squelette dans le placard ou sous le lit comme un croque-mitaine qui les hante. Et on pouvait dire que l'errance nocturne et onirique de Gensou l'avait amené sur une scène de crime-disparitions- dont il avait vu les photographies et un signalement celui d'une fillette aux cheveux roses dont il voyait deux versions : une apeurée devant la femme disparue qui l'accablait et la deuxième emplis d'une sombre détermination qui s'approchait du centre de la scène.
*Ce serait donc la version onirique des faits qui se seraient produits dans cette affaire ? Et donc la fillette doit être l'enfant Uzuki qui revit ces événements... *observa dans l'obscurité poussiéreuse et pesante qui teintait la pièce et l'ensemble de ce songe assez...étouffant ? Déprimant par sa nature résignée comme si la rêveuse savait qu'il n'y avait pas d'échappatoire et une seule conclusion possible à cette histoire connue et revécue d'innombrables fois au point de connaître chaque réplique et action par cœur pour s'y conformer sans lutter. L'un des moyens les plus rapides pour abréger le récit était de précipiter la fin sans prêter attention aux détails du moment qu'on atteignait l'arrivée quitte à manquer des occasions pouvant créer de nouvelles possibilités...
Bien sûr, l'Etranger n'oubliait pas que ce n'était qu'un songe et que ce qu'il y ferait ne changerait pas le passé et ne pouvait être comparer qu'à un mirage n'ayant aucune valeur ni substance apportant la joie illusoire liée à une fin alternative mais qui ne peut pas changer sa nature, sa fausseté. Cependant, les songes pouvaient réellement apporter du baume au cœur et il n'était pas interdit de rêver d'un avenir différent au fond de son lit pour souffler et se libérer des chaînes de la réalité.
C'est pourquoi il allait intervenir tel un élément perturbateur dans ce scénario qui malgré le fait qu'il devait abriter des vérités importantes et vitales n'ôtait en rien le pressentiment d'urgence et l'empathie qui survivaient au fond de lui l'enjoignant à intervenir et venir en aide à l'enfant qui se trouvait devant lui et qui n'était même pas en paix-sécurité- dans son sommeil qu'importe qu'une des versions de cette enfant-la plus lucide et en contrôle- s'approche telle une menace aux intentions décisives -et mortelles- envers l'adulte onirique. Il allait intervenir travestir l'histoire et son identité.
"STOOOOP ! Au nom de la Justice et Loi, moi Pipo-kun vous somme de vous arrêter !"[/b]claironna avec autorité soudainement une voix aigue provenant d'un petit personnage coloré qui servait de Mascotte à la Police de Tokyo et répondait au nom de "Pipo-Kun" alors que l'Etranger étouffa au fond de lui la surprise qu'il ressentait face à ce changement de perspective et à sa nouvelle apparence prise au hasard afin de mettre en confiance l'enfant et ne pas être pris comme une menace alors qu'il volait pour s'interposer entre le Trio tant pour protéger l'enfant apeurée de l'adulte onirique que pour servir de rempart entre elle et la fillette déterminée. Une situation à deux fronts qu'il fallait garder à l'œil pour éviter de manquer le détail qui bouleverserait l'équilibre et brusquerait la situation dans le chaos total...
Heureusement, il se trouvait dans un songe et malgré le lieu si volatile et propre aux excès, il avait à sa disposition plus d'options et de liberté d'action dans ses choix pour l'aider à atteindre une meilleure conclusion que ce qu'il aurait pu obtenir dans la même situation dans la réalité. Bien que ce n'était pas une excuse pour ne pas exploiter du mieux qu'il pouvait les ressources qu'il disposait éveillé et de tâcher de les augmenter. Dans le cas présent, il comptait utiliser sans hésitation son alter afin d'influencer l'adulte onirique hystérique qui semblait déboussolée par son apparition mais s'apprêtait à se relancer dans une diatribe à tout instant.
"Ce n'est pas la situation... Non, non, elle est mauvaise ! Reprenez vôtre calme et asseyez-vous là-bas." demanda la mascotte alors qu'elle indiquait de sa petite main jaune une chaise qui se trouvait dans la pièce-ou venait-elle d'apparaître suite à son injonction- qui se précipita dans les jambes de la femme mirage afin de l'obliger à s'y asseoir avant de se reculer en amenant avec elle sa charge qui se retrouva avec le derrière collé sur le siège pas que cela soit visible au premier coup d'œil.
Tournant l'attention de ses petits yeux noirs vers les fillettes, il leur posa la question suivante d'un ton plus doux et chaleureux :
"Est-ce que ça va ? Ah que je suis bête, je m'appelle Pipo-kun : n'ayez pas peur, je ne vous veux aucun mal. Je suis même à vôtre service~"
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