La vie de Koji, c’est un peu comme un long fleuve tranquille dans lequel les gens s’amusent à jeter des cailloux justes pour créer des remous.

Celle-ci commença de la plus simple des manières, dans une maison lambda de la périphérie de Tokyo. En effet, ses parents n’étaient pas les gens les plus riches du monde, mais ils avaient suffisamment mis de côté pour pouvoir se payer le luxe d’être propriétaire dans la ville de Tokyo et ça ce n’était pas rien. Koji passa les premières années de sa vie entourée d’une mère aux petits soins pour lui, puisqu’elle avait décidé de se mettre en congés sabbatiques pour pouvoir s’occuper de lui. Quant à son père, celui-ci était peu présent, car il avait un job très prenant. Effectivement, il était d’abord membre de l’armée de terre du Japon, avant de se reconvertir dans la police suite à de nombreuses suppressions de postes au sein de l’armée. Cette reconversion laissa des traces chez lui, on le sentait de plus en plus blasé et presque indifférent vis-à-vis de son enfant. Non pas qu’il ne l’aimait pas, mais il semblait avoir perdu goût à la vie.

Les semaines et les mois s’enchaînèrent, jusqu’au jour où l’alter de Koji se déclara comme par enchantement. Ce jour-là, l’enfant jouait dans le parc du coin en compagnie de sa mère qui l’observait de loin. Il s’amusait sous plusieurs arbres, quand une pomme lui tomba sur le haut du crâne. Si l’on pouvait s’attendre à ce que celle-ci blesse le jeune homme, c’est plutôt son crâne qui réduisit le fruit en compote. En effet, il ne restait plus rien de la pomme et sa mère qui vit la scène de loin fût stupéfaite. Elle prit son enfant par le bras et le ramena chez eux, puis attendirent que le maître de maison rentre du boulot. Le soir même, le père de Koji qui rentra d’une journée éreintante allait devoir gérer un problème de plus, l’alter de son enfant. S’il se doutait bien que ce moment allât finir par arriver, car lui-même étant altéré du durcissement, il ne pensait pas que ça allait arriver si tôt. Dans sa tête, il se disait qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités et que son enfant n’était tout simplement pas prêt à maîtriser ce pouvoir.

Le père de Koji se mit donc en tête faire maîtriser son alter à son enfant et c’est ainsi que commença plusieurs semaines de durs labeurs pour le jeune homme. En outre, il devait s’entraîner au moins une fois par jour à chaque fois qu’il rentrait de l’école. Si au début l’expérience plaisait à l’enfant, au fur et à mesure que les séances s’écoulèrent, celui-ci devenait de plus en plus réticent à l’idée de s’entraîner. En effet, cela l’agaçait de devoir recevoir des coups, pendant que les autres enfants de son âge, notamment les sans alters, pouvaient s’amuser à jouer au foot au parc. Si sa mère tentait tant bien que mal de réduire le nombre de séances, le père de famille rappelait qui était le chef à la maison.

La routine commença à s’installer jusqu’au jour où Koji se rebella contre son père, il devait avoir 14 ans environ. Celui-ci tenta de lui imposer un énième entraînement qu’il refusa, ce fût celui de trop. Quand il entendit la réponse de son enfant, le père de famille se mit à durcir son bras pour coller une rouste à son enfant qui se défendit comme il peut en durcissant son visage. Le jeune homme n’aimait pas utiliser son pouvoir, il estimait que c’était une tare avec laquelle il fallait vivre, mais qu’il ne fallait cependant pas la mettre en avant. Son père lui, pensa l’inverse. C’est ainsi que s’écoula l’une des plus longues soirées de la vie de Koji.

Celle-ci se solda par l’envoi de Yamashiro dans l’une des écoles les plus prestigieuses du Japon, Yuei. Il passa le test d’admission relativement facilement, les juges ayant reconnu le potentiel de son alter. Le jeune homme commença son cursus de la meilleure manière qu’il soit, mais plus il avançait dans les semaines et plus Koji se rendit compte que le modèle du super-héros que représente cette école n’était pas pour lui. Si l’adolescent ne remettait pas en cause la foi vis-à-vis de la justice de Yuei, il commençait à se poser des questions sur la hiérarchie, les procédures et tout ce qui tourne autour du fonctionnement de l’école. En effet, Koji avait l’impression qu’être un super-héros ne lui permettait pas d’accomplir sa mission comme il le voulait, à savoir sauver la veuve et l’orphelin. Il décida donc progressivement de moins s’intéresser aux cours, à ne plus réviser les examens. Cette descente aux enfers dura quelques semaines, jusqu’au jour où l’établissement décida pour son bien ainsi que pour le leur qu’il était préférable qu’il quitte l’établissement. Ce qui expliqua cette décision, c’est que Yamashiro ne respectait plus le couvre-feu et qu’il s’était même permis de taguer un phallus sur l’entrée de l’établissement.

Koji fut donc viré de Yuei et il commença à errer dans la capitale à la recherche d’un petit boulot pour subvenir à ses besoins. Pour lui, il n’était plus question de rentrer chez lui, par ego notamment, mais aussi parce qu’il redoutait la réaction de son père. Après moult galères, le jeune homme trouva un boulot de chauffeur livreur. Ce n’était pas le job idéal, mais cela permettait de vivre et la sensation de liberté que procure le scooter lui permettait de retrouver une joie de vivre qu’il avait perdu depuis quelque temps maintenant. Il enchaîna donc les services, se faisant mieux voir de son patron de jour en jour. Celui-ci lui accordait parfois quelques avantages comme des petits cadeaux. Ces petits gestes lui rappelaient ceux de sa mère étant enfant, une mère qu’il n’a plus vu depuis maintenant quatre ans.

Mais il recroisa celle-ci par hasard un bon matin d’hiver. La neige tombait doucement sur Tokyo et lui se préparait à livrer un colis, quand une dame l’interpella. Le jeune homme se retourna sans savoir que c’était sa mère. Sa réaction fut très forte, mais encore plus quand elle lui annonça que son père était décédé il y a quelques jours de cela. La discussion dura un bon moment, puis elle tendit un collier à son fils tout en lui donnant l’adresse de l’enterrement. Koji avait beau ne pas aimer la façon dont son père l’avait traité durant son enfance, il ne put s’empêcher d’assister à son enterrement de loin bien sûr, car il ne voulait pas gêner sa famille qui ne l’appréciait plus tant que ça. En effet, ils n’avaient pas supporté son départ de Yuei et considéraient qu’il était la honte de la famille.

Les années passèrent et Koji commençait de mieux en mieux à connaître la capitale, ce qui pouvait s’avérer utile dans bien des situations, notamment quand il s’agit de sauver la veuve et l’orphelin. Car oui, Yamashiro avait décidé de devenir un héros à temps partiel pour honorer la mémoire de son défunt père qui souhaitait qu’il devienne un héros. Avec le temps, il le devenait de plus en plus, mais pas de la façon dont il l’imaginait. En effet, Koji était plutôt du genre justicier de l’ombre à intervenir dans n’importe quel cas avant même que celui-ci soit déclaré, qu’il soit risqué ou non. Si ses premières interventions se passèrent sans encombre, il se rendit rapidement compte que la police n’allait pas laisser passer son comportement. Il dût donc se soumettre à tout un tas de test, signer tout un tas de décharge où il promettait de ne pas abuser de ses privilèges, mais aussi de faire part systématiquement au commissaire Kawashima de toutes les arrestations qu’il effectuait.

C’est ainsi que Koji devint celui que l’on surnommera plus tard l’Unbreakable !