Il était une fois, un jeune couple sans histoire avec chacun un Alter totalement inoffensif dans un monde peuplé de héros et de vilains capables de prouesses surhumaines. La femme travaillait comme vendeuse dans un magasin de vêtements de style européen et faisait parfois des ourlets et autres retouches pour les clients, et son mari quant à lui tirait partit de son Alter qui lui permettait de nettoyer tout ce qu'il touchait de ses mains en proposant ses services en tant qu'auto-entrepreneur. Ils vivaient heureux dans l'arrondissement de Toshima au nord de Tokyo. Ensemble, ils eurent une petite fille qu'ils nommèrent Manae.

La petite ressemblant déjà plus à son père qu'a sa mère, avait obtenu une forme évoluée de l'Alter de ce dernier. En effet, peu de temps avant ses quatre ans à la maternelle tout ce qu'elle tentait de saisir devenait glissant et plus ça l'énervait plus elle sentait la lavande au point d'en écœurer ses petits camarades. Apprendre à maîtriser l'activation de son Alter ne fut pas chose aisée et malgré tout ses efforts elle ne peut toujours pas à ce jour contrôler sa senteur lavande, alors elle décida plutôt d'en être fière.

La petite famille vivait la plus heureuse des vies, mais c'était sans compter sur les secrets du paternel. Il avait plusieurs fois été approché par des gens douteux pour effacer des traces tout aussi douteuse et avait toujours décliné ce genre de contrat rencontrer sans problèmes, jusqu'à ce qu'un des gangs de Yakuza local le demande en personne. Malgré tout, il refusa et c'est ainsi que commença la descente au enfer.

Chaque jour, la famille était victime de menaces anonymes de plus en plus lourdes, allant des lettres de menace de mort au sabotage des freins de la voiture. Manae ne comprenait pas la situation, du haut de ses 7 ans. Ses parents veillaient a ce qu'elle n'en sache rien. Cela dura plusieurs mois, jusqu'à ce que le gang fasse l'action de trop. Envoyer un de leur gars rôder devant l'école de Manae à l'heure de la sortie des classes, s'en était trop pour son père. Quelques jours plus tard, il disparut en laissant toutes ses économies à sa femme. Son corps fut retrouvé dans une forêt en dehors de la ville, il avait préféré se donner la mort plutôt que de devoir choisir entre le crime et la sécurité de sa famille.

Bien sûr, la version de l'histoire pour Manae était toute autre, son père était monté au ciel après avoir eu un accident avec sa moto en rentrant du travail. Elle était bien trop affectée par la disparition soudaine de son père pour en plus s'imaginer que sa mère lui cachait la vérité. Peu de temps après les obsèques, ce qui restait de la petite famille déménagea à Iwaki, où le logement était bien moins cher. Après tout, qui voulait vivre à moins de 50 bornes de la tristement célèbre centrale de Fukushima ? La mère de Manae réussi tant bien que mal à apprendre à confectionner des vêtements avant que les économies de son défunt mari soient épuisées et se mit à prendre des commandes auprès des habitants du quartier, puis par le bouche a oreille et en travaillant dur, elle pu s'assurer des revenus corrects pour arriver à élever seule sa fille.

Pendant ce temps-là, Manae se faisait doucement à sa nouvelle vie. Son père lui manquait toujours, mais elle s'était fait de nouvelles copines que ce soit à l'école ou au club de roller où elle était inscrite. Tout se passa relativement bien pour elle et sa mère jusqu'à son entrée au collège. Un jour, un inspecteur vint à la maison pour poser des questions sur la mort du père de Manae et sa mère n'eut d'autre choix que de lui dire la vérité, pile au moment où Manae renta des cours. Le choc fut terrible pour la jeune fille qui en voulu énormément à sa mère de lui avoir menti tout ce temps, puis à la police et aux héros qui laissaient ce genre de chose se produire, mais malgré tout, elle ne put jamais en vouloir à son père. Qui sait ce qui lui serait arrivé si jamais il en avait parlé à la police. Ils auraient pu aussi bien le condamner pour ne pas avoir dénoncé les Yakuza plus tôt ou alors laisser pourrir sa plainte si jamais les Yakuza avaient glissé quelques billets à la bonne personne. D'ailleurs, le passage de l'inspecteur chez eux ne changea rien, sa mère n'ayant aucun détail sur l'identité des membres du gang.

Maintenant qu'elle savait, Manae avait pris une décision. Elle fera tout pour devenir une héroïne et empêcher que d'autres perdent un père ou un ami, et pour être sûre que les criminels organisés comme les gangs de Yakuza et autre organisation capable de se payer d'excellents avocats soient punit, elle décida aussi qu'elle étudierait le droit. Hors de question qu'ils s'en sorte sur des vices de procédures ou autre. C'est la rage au ventre qu'elle se jeta corps et âme dans ses études afin d'entrer dans un des lycées héroïques du pays, n'importe lequel tant qu'on lui donnait sa chance.

Lors de l'épreuve d'admission, elle fut noyée dans la masse d'aspirant héros lors des épreuves de type combat, mais elle su se rendre utile et travailler en équipe lors de la simulation de sauvetage après une catastrophe naturelle en milieu urbain. Un lycée accepta son dossier et vu qu'il était loin d'Iwaki, Manae passa ses trois années de formation en internat, rentrant chez elle uniquement lors des vacances afin de passer ses week-ends à étudier et à s'entraîner seule ou en groupe. Sa vie de lycéenne fut somme toute assez banale, elle a même eut quelques petits copains, mais rien de bien sérieux. Pour son stage de fin d'étude, elle pu le faire dans l'une des agences Iwaki, ce qui lui permis de retourner auprès de sa mère et de faire la paix avec elle.

Elle commença sa carrière d'héroïne dans l'agence où elle avait fait son stage et collaborait souvent avec la police dans leurs enquêtes sous le nom de code « Lavandine ». Elle avait choisi ce nom à la fois pour changer son incontrôlable odeur de lavande en élément significatif de son identité héroïque et aussi pour que son nom de code n'en révèle pas trop sur la nature de son Alter. Pendant les cinq premières années, Manae était héroïne à temps partiel afin d'obtenir un doctorat en droit, faire les deux à la fois se révéla assez ardu, même pour une bûcheuse, elle perdit contact avec ses camarades de lycée et n'eut gère le temps que pour quelques histoires sans lendemain. Une fois à temps plein, sans pour autant devenir célèbre, le nom de Lavandine n'était pas inconnu dans les environs d'Iwaki. Elle avait notamment bien aidé lors de catastrophes naturelles et participé à l'arrestation de quelques vilains.

Manae avait 26 ans lorsque l'inimaginable se produit. Solem, la définition même de l’héroïsme pour toute sa génération et sûrement pour tout le Japon avait laissé périr la population de Kawasaki plutôt que de risquer de perdre la sienne. Autant de lâcheté de la part de l'ultime symbole de la Paix réveilla de vieilles blessures. Une fois de plus, personne n'avait pu empêcher le drame de se produire. Dégoûtée à la fois par Solem et par la réaction des civils qui généralisaient son cas à l'ensemble des héros, Manae mit son costume au vestiaire et quitta l'héroïsme. Avec son doctorat en droit, elle se tourna vers l'enseignement, afin d'aider les futures générations de héros à relever les défis d'un monde sans Solem, le monde post Trahison.

Pendant deux ans, elle enseigna à temps plein dans l'une des dernières écoles héroïque du pays avant de reprendre progressivement du service en tant qu'héroïne, cette fois dans l'immense ville de Tokyo, au plus près de son lieu d'enseignement. De nos jours, Manae est mi-prof de droit, mi-héroïne de proximité dans les rues tokyoïtes, mais qui sait, peut-être le devoir la poussera t-elle à sortir de cette nouvelle routine prochainement.