Issu d’une famille campagnarde, l’apparition de mon alter a été source de problème pour mes parents. « Ce petit va être une malédiction pour les récoltes s’il prend le mauvais chemin. » C’est avec ce genre de réaction que l’été de mes 3 ans lorsque mon alter s’est déclaré lorsque je buvais un jus de fruit qui n’était pas assez frais à mon goût d’enfant. Mes parents ont dû quitter la maison de famille et le terrain car tout le monde nous considérait comme « fléaux en puissance », déjà que l’Alter de mon père de dévier les flux thermiques existants était mal vu à cause de son potentiel impact sur la production des champs. Brimades, insultes, graffitis et autres dégradations de nos biens ont eu raison de la patience et de leur endurance physique et psychologique.

Ils ont donc déménagé dans la préfecture de SAITAMA, ouvert un petit commerce de primeur (l’Alter « Luxuriance » de ma mère permettant une pousse accélérée des végétaux) qui nous a permis de vivre convenablement. Enfant plutôt solitaire, j’ai passé la majeure partie de mon enfance en solitaire, parlant peu et me liant peu aux autres. Mais ça ne m’a pas empêché de me faire quelques amis (pouvoir sortir des sodas frais en plein été ça aide) qui m’ont aidé à me rendre compte que les gens ne me considéraient pas tous comme un monstre en puissance. Du genre à profiter de la vie et ne pas chercher les ennuis. Du sport pour garder la forme et un esprit clair (il ne faut pas que mon alter s’emballe ça pourrait être dangereux pour moi si je perdais le contrôle) le ju-jitsu me convenait plutôt bien. Bon élève mais pas trop aussi bien au collège qu’au dojo, je n’en faisais pas plus que le nécessaire. Mais cette aisance a fini par créer des jalousies car un jour après l’entrainement, sur le chemin du retour, un autre élève du dojo qui m’en voulait d’être meilleur que lui m’a jeté dessus un nid de guêpes plein de ces violents insectes. Mes amis et la fille qui me plaisait étaient avec moi. Sans m’en rendre compte alors par réflexe j’ai transféré la chaleur de mon corps à l’air autour de nous, provoquant une suée de mes amis et la mort des guêpes. Grelottant pour ma part mais indemne comme mes amis, ils étaient à la fois surpris et heureux de ce que j’ai fait, disant que c’est ce qu’un héros aurait fait. Ça a été le déclic, mon pouvoir pouvait être utile aux autres.

J’étais en dernière année au collège quand Solem passa de Héros Solaire (inaccessible, surpuissant et bienveillant) au statut de rebut de la société après ça disparition succédant à son combat dantesque. Ce fût un choc, comment pourrais-je être un héros avec mes faibles moyens si le modèle avait failli… La fermeture des lycées doucha mes ambitions, ne subsistait tant bien que mal que Yuei, qui s’érigeait en rempart à la discorde malgré les braises de la colère populaire qui n’attendaient qu’un rien pour tout consumer. Mais la création de trois nouvelles écoles raviva l’espoir, bien que la méfiance fût toujours là. Ayant vécu cela pendant ma petite enfance, brimade, défiance, ma motivation ne fut pas ébranlée. J’ai redoublé d’effort pour que mon dossier soit parmi les meilleurs pour me permettre de passer les tests d’admission en institut pour futur héros.

Le jour du test fut… tourmenté. Même si l’épreuve en elle-même banale (un départ, une arrivée, des cibles, des pièges, un classement suivant l’ordre d’arrivée), une erreur d’attention mis en danger 2 concurrents qui furent pris dans un piège incendiaire générant un mur de flamme, un d’eux se blessa gravement à une jambe et ne pouvait se sortir de là. Je n’ai pas pu les abandonner là, j’ai absorbé la chaleur du brasier ce qui a éteint les flammes. En sueur, avec la concurrente indemne, nous avons soutenu le blessé et fini l’examen d’entrée exæquos, derniers du classement. Certain de ne pas avoir réussi mais content d’avoir pu aider quelqu’un, je fus surpris d’être admis.

Au lycée j’y retrouve mes deux camarades de test, admis également. Ce fut difficile, même avec un bon physique et en bossant dur les cours ça n’a pas été une partie de plaisir tous les jours, mais malgré les échecs, avec mes amis nous nous soutenions et n’avions de cesse de s’entrainer et réviser pour avoir le niveau et pouvoir être utile. Ce fut long, intense, même si pour « l’art du combat » ça a été un peu plus simple que pour le reste à part pour utiliser ingénieusement mon alter. Mais les cours sur l’Evolution de l’Alter m’ont permis de voir à quel point mon potentiel restait à développer.

Redoublant d’efforts, sur la théorie comme sur la pratique, nous avancions finalement jusqu’au stage de dernière année en agence héroïque. Étrangement, cette petite agence de banlieue qui m’accueillit pour le stage trouva que j’avais « de l’avenir », et un bon contact avec les civils en intervention comme en cas de crise (bien qu’il n’y en ait pas eu de réellement grave). Les quelques interpellations se déroulèrent plus facilement que lors des simulations et des entrainements.

Mon diplôme reçu, j’intégrai une autre agence de faible ampleur, mais proche des civils. Ça fait 3 ans maintenant et même si le travail de héros n’est pas de tout repos, c’est une vie agréable…