Pour demain, je grandirai | Solo

POUR DEMAIN, JE GRANDIRAI

En si peu de temps, tout avait changé, TU avais changé. La Momo que tu es, a essayé tant bien que mal d'avancer, de pouvoir se faire une place dans ce petit monde qui t'avait emprisonné, laissé à l'abandon. Tu avais appris la souffrance, le rejet et l'injustice. Mais aussi, tu as appris à aimer, à faire confiance et à rencontrer des personnes merveilleuses qui t'ont acceptée tel que tu es. Tu avais cru n'avoir jamais eu quelque chose, tu avais arrêter d'espérer, ne vivant que dans la misère de ton âme et pourtant, maintenant, tu rayonnais, tentant tant bien que tu pouvais, de te délivrer des chaînes du passé.

Ton regard se dépose au coin de la rue, rejette une courte mèche rose derrière ton oreille. Cette fois-ci, la peur s'en est allée, elle n'est plus présente dans le fond de ton cœur. Désormais vit une ambition, une envie de vivre et de sortir de terre, tu veux être sur le devant de la scène, qu'on te reconnaisse enfin, toi, Momo. Tu ne veux plus penser à ce passé, ce dur temps où tu n'étais qu'un objet qu'on détestait et qu'on laissait sur le bord de la cheminé, qu'on frappait par envi. Les temps sont révolus.

Tu as une famille, certes, de coeur, mais tu sais que tu les aimeras toujours, qu'importe la différence, le fossé vous séparant. Est-ce cette drôle de sensation qui te fait rougir, à chaque fois que tu écoutes ton maître Goro ? Est-ce la gentillesse de Shina qui te fait comprendre que tu n'es plus seule ? La volonté d'Astrid de te voir grandir ? Ou est-ce encore une de ces personnes qui t'ont montré la voix, qu'importe leur façon de faire.

Tu sais que tu ne veux faire de mal, que tu détestes ton alter. Pourtant, tu sais désormais, tout au fond de toi, que sa puissance te mènera à ta gloire... ou à l'échec. Mais si la volonté y est, alors, tu peux y arriver, qu'importe la façon de faire. Tes mains sont déjà salis, tu te sais déjà déchue depuis bien longtemps, depuis que tu as rendu à la terre ta propre mère par un assassinat. À l'époque, tu en pleurais mais désormais, tu n'éprouvais plus aucun sentiment qu'une pointe de haine envers ces êtres qui t'avaient donné la vie, ceux qui t'avaient condamnée à vivre l'enfer.

Tu détournes légèrement la tête, fixant une des maisons d'un petit quartier tranquille. Le soir était tombé, il n'y avait plus personne dehors à par toi. Et tu pouvais observer les lumières que chaque bâtisse avait, indiquant les signes de vie. Pourtant, celle-là, tu l'as connaissais, tu l'avais déjà vu plusieurs fois depuis quelques années. C'était le toit d'un garçon qui aimait bien te persécuter, avant que tu te fasses adopter par ton maître Goro. Tes yeux roulent dans tes orbites, un instant, tu hésites avant de finalement déposer un pas sur le seuil de la porte.

- Ai-je vraiment besoin de sonner ? Murmure à peine audible.

Avant que ta main se pose sur le bois. Concentre-toi, ne perds pas tes moyens. Il ne te faut qu'une petite minute pour que la porte moisisse avant de devenir assez moite pour ne plus te résister. À peine que tu pousses du doigt qu'elle finit par tomber en silence sur le sol et avance sans mot dire dans le couloir. Il n'y a que la mère, en bas. Est-ce la cuisine ? Cela y ressemble. Que fait-elle ? La vaisselle, comme dit Aiko ? Peut-être. Tu marches silencieusement dans son dos, dépose alors ta main sur son épaule qui commence peu à peu à noircir. Elle se retourne, effrayée mais n'a pas le temps que tu plaques de ta main sa bouche, faisant alors apparaître un par un les os, mettant à nue chaque organe de son corps avant de finir par disparaître. L'odeur du cadavre pourrissant embaume alors toute la pièce que tu t'obliges à ravaler ta salive, te bouchant le nez d'une main. Désormais, ce n'est qu'un tas de poussière à tes pieds que tu balayes de tes pieds, finissant par faire disparaître toute trace d'un être humain.

Cette fois-ci, tu montes à l'étage, remarque une porte entrouverte que tu traverses. La salle de bain. Un homme et un enfant dans la baignoire. Père et petit frère ? Ce n'est pas eux que tu cherches mais ils t'ont vu. Tu sais désormais que tu es en danger, si tu laisses des témoins car déjà l'homme se lève, une légère flamme sort de son poing. Tu sens ton corps se projeter en avant, touchant à peine la main de ta future victime, trempée et ne pouvant à peine utiliser son alter. Il semble s'arrêter sur le temps alors que de nouveau, tu tentes de te maîtriser pour le faire parler mais tu t'embrouilles, ta colère et la peur d'avoir échouer montent en toi, réduisant automatique le père en cendre dans la baignoire.

- Papa ? Papa ? PAPA !

À tes côtés, le petit enfant gémit, cherche son père du regard. Cela te rend triste, toi aussi, tu ne voudrais pas perdre ton père mais pourtant, quelque chose t'oblige à le faire, la vengeance t'appelle. Et sans un mot, ta main se porte sur le visage du petit garçon, le rendant lui aussi poussière. Puis, automatiquement, tu plonges tes doigts dans l'eau, cherche le bouchon pour que le liquide s'évacue, emportant avec lui les cendres des deux victimes.

- Il n'est pas là... Où est-il ?

Ta tête se retourne plusieurs fois. Tu dois trouver le garçon, celui qui t'a t'en fait souffrir. Est-ce que tu peux lui pardonner ? Est-ce que seulement tu peux tout oublier ? Non, il doit lui aussi retourner à la terre, pour que tu puisses enterrer la Momo que tu étais avant, tu te dois. Après tout, tes mains sont déjà salies. Alors, un crime de plus, qu'est-ce que cela changera ? Pas grand chose, du moins, pour toi. Et même si la police venait à enquêter dans cette maison, elle ne retrouvera rien, pas de sang, pas de personnes qui se sont débattus, rien... Juste une maison vide.

Tu finis par marcher calmement à l'étage, te servant de ton ouïe pour voir s'il y a le garçon que tu recherches mais... Il ne semble être là. Était-il parti ? Non, il allait revenir, tu l'avais bien trop observé ces dernières années pour savoir ses gestes et tu trouvas sa chambre, en y découvrant quelques unes de ses photos. La pièce était médiocre, plutôt sale avec énormément d'images sur les murs. Rien qui se rapprochait de ta nouvelle chambre, décorée de merveilles dans la maison de ton nouveau maître. Un instant de pause, tu t'écroulas sur le lit, serrant dans tes bras l'oreiller et y déposa délicatement ton nez.

Odeur peu agréable, celui du garçon qui t'avait tant traumatisé à l'époque. Ce parfum que tu laisseras graver dans ta mémoire, afin de te rappeler que tu es désormais une personne libérée, que tu n'es plus la fragile enfant d'autrefois. Tu n'avais qu'à attendre ici son retour, bien sagement.

L'attente de fût pas long car tu l'entendis monter, en compagnie d'un autre humain. Les pas ne sont pas bien lourds, laissant facilement deviner des adolescents. Tu te dois de garder le silence, fermant alors ton poignet pour emmagasiner toute ton énergie à l'intérieur.

- Eh ! Qui es-t... Merde ! T'es la morveuse ! Qu'est-ce que tu fais là ? Où sont mes parents ? J'ap...

Il n'a pas le temps de continuer son discours qu'aussitôt, tu provoquas une onde de choc en sa direction, le projetant en arrière alors que ses vêtements disparurent à moitié ainsi que celui de son ami. Sa peau commença à noircir, laissant alors une peau à vive et pourtant, pas de sang qu'une croûte noire et un os blanc. Il hurla de douleur, peut-être trop pour qu'il puisse utilisé son alter. Son compère, lui, était à moitié dans le même état et rampait sur le sol.

Mais tu ne te préoccupes guère de lui, t'approche de ton ancien bourreau, donnant alors un coup de pied dans son ventre qui se désagrégea peu à peu. Puis, tu tendis le bras, attrapant alors ses cheveux pour le soulever suffisamment car après tout, tu n'étais pas très forte niveau physique. Ton regard bleu se plongea directement dans celui du blessé, un regard froid, mauvais.

- Je rends à la terre son due. Et toi, toi qui m'a fait tant de mal tu vas mourir. Ne le prends pas mal, je ne fais pas ça par plaisir, crois-moi. Mais mon ancien moi a tellement souffert, surtout avec toi. Je ne rends que la justice, bien que se soit ma justice. Tu laisses ta phrase en suspens, jetant un petit coup d'oeil à son ami rampant sur le sol.Aucun héros ne viendra à ton secours. Je n'y crois plus aux héros. Ils se sentent si supérieurs, un peu comme toi, tu vois. Mais je vais te montrer que moi, je suis au niveau d'un dieu. Enfin... Je le serai un jour.

Puis tu lui caresses les cheveux, tendrement, alors que tu te baisses à son front afin d'y déposer un délicat baiser. Il était enfin l'heure d'obtenir vengeance. Tu allais être libéré de ces chaînes qui t'alourdissent.

- Adieu.

Avant que l'adolescent finisse par disparaître dans les airs, balayé par la brise de la fenêtre ouverte.

Désormais, il ne restait plus que le témoin mais tu ne le connaissais, il ne faisait pas parti des jeunes qui t'avaient torturé. D'un coup, tu l'arrêtas, le retournas vers toi et y déposa un long regard qui était de bonnes intentions, contrairement aux autres.

- Pardon. Tu n'aurais jamais dû voir ça... Puisque tu m'as vu le tué, je suppose que tu irais directement le dire à la police ou aux héros ? Enfin, dans ton état, se serait pas trop possible. Mais vois-tu, ton ami, il a été méchant avec moi, alors, je me suis défendue. Mais toi, tu ne m'as rien fait alors je ne te ferai rien.

Tu lui indiques ses blessures, ceux que ton alter avait provoqué lorsque tu avais projeter ton énergie sur lui et l'autre garçon. Puis tes doigts touchèrent les plaies. Au départ, rien ne se passa, t'obligeant à fermer les yeux pour te concentrer, refaire une mise à zéro sur son corps. Lorsque tu rouvris les yeux, le blessé était désormais intact, sans blessure mais bien trop effrayé de toi.

- Je te propose un marché. Tu ne dis rien et te mets à mon service. En échange, je te promets de t'offrir ce que tu veux et de te protéger grâce à mon alter. Et si tu oses me dénoncer, je n'hésiterai pas à demander à ce que ta famille subisse un terrible sort. C'est ok ?

Pari dangereux que tu prenais en lui proposant de l'aider avec ton alter car depuis peu, tu apprenais à l'arrêter quand tu le souhaitais. Mais tu ne le maîtrise pas entièrement, pas encore. Pourtant, cela sembla convaincre le garçon qui hocha doucement de la tête, acceptant la main que tu lui tendais pour le relever. Aussitôt, tu arboras un magnifique sourire, grand et bienveillant.

- Super ! Appelle-moi Momo !

Puis tu lui donnas une petite tape dans le dos, assez amical pour ne pas qu'il se sente en danger avec toi. Même, il te rendit le sourire, bien qu'un peu timide.

- Ei... Eiji.

Tu te dirigeas vers la sortie en compagnie du garçon, agitant ta main vers la porte moisie de l'entrée afin de la reconstituer. Tu voulais absolument que la maison soit telle qu'elle était avant mais sans ses propriétaires.

- Bien, Eiji... Donc je compte sur toi pour ne rien dire. Retrouve moi à cette adresse demain, vers midi. J'aurai quelques consignes à te donner ! C'est pour ton bien.