La scolarité et ses aléas |PV Sora]

La scolarité et ses aléas

De l’autre côté du fil, la sonnerie caractéristique d’une interlocutrice ayant raccroché promptement pouvait se faire entendre. Tu n’avais pas besoin d’en savoir plus...ou plutôt, tu ne le voulais pas. Pas avant d’être en face à face avec la principale concernée. Il fallait dire aussi que cette sonnerie t’avais tirée de la léthargie éthylique dans laquelle tu étais plongée jusqu’à maintenant...mais quelle heure était-il ? Déjà l’heure de la fin de ses cours ? Dire qu’elle aurait simplement pu rentrer...sans ce coup de fil, jusqu’à quelle heure aurais-tu continué à comater ? Au final ce n’était pas si mal qu’elle t’aie réveillée sinon ta journée de repos serait passée en un éclair. Il fallait encore que tu trouves l’énergie de te lever avec ce mal de tête. Quelle idée de passer la nuit sur ton bord de fenêtre en compagnie de trois bouteilles de vodka. Tu n’osais même pas imaginer ton alcoolémie en ce moment, l’environnement semblant toujours légèrement instable.

Persuadée par le soleil au dehors, tu t’étais pour le moins négligée. Absence de maquillage comme à  ton habitude, tenue on ne peut plus simple qui laissait voir ta blessure, un détail dont tu n’étais pas suffisamment sobre ni posée pour te soucier, mais surtout, une coiffure sommaire. Rien ne rebiquait mais derrière cette apparence lisse on voyait bien qu’un coup de peigne n’aurait pas fait de mal...au moins ta chevelure masquait-elle partiellement ton regard érubescent. L’avantage fut que cela te permis de te dégourdir les jambes. Quoi de mieux qu’un peu d’exercice sur le chemin du collège pour te mettre en forme..et accessoirement te vider d’un peu d’énergie dont ta fille ne ferait pas les frais lorsque tu te trouverais face à elle.

Arrivée à l’établissement, une surveillante te reconnut assez facilement et te permis d’entrer avant de te guider dans ces couloirs que tu aurais préféré ne jamais arpenter. Tu avais bien tenté de te renseigner auprès d’elle sur les âneries de ta fille mais elle n’était au courant de rien. Bientôt, une voix familière, comportant une peine relative, se fit entendre. Au détour d’un couloir, à l’entrée du bureau du chef d’établissement, il ne lui fallut pas longtemps pour se réfugier dans tes jupons lorsqu’elle t’aperçut, mais tu ignoras ce premier élan, ne faisant que poser une main sur sa tête en sentant les premières larmes couler sur ta cuisse.Visiblement l’histoire ne concernait qu’un jeune garçon dont le père...ou le frère, était aussi présent. La personne dont le discours t’intéressait en l’occurence, c’était la professeure.


Bien que tu n’aies pas quitté le dirigeant des yeux pendant son discours, ton regard s’était voulu assez ennuyé. Il n’aurait pas pu faire plus simple ? « La petite Nea est intenable en cours et s’est battue avec un de ses camarades aujourd’hui en usant même de son Alter », une phrase qui résumait tout aussi bien le propos en étant dix fois plus rapide. Ton soupir fut néanmoins masqué, ton attention se reconcentrant alors sur ta fille. Pourquoi est-ce qu’elle pleurait autant ? Même quand tu étais abrupte avec elle, ça n’en arrivait pas jusque-là. Sans la chasser, tu pris la liberté de t’asseoir sur une chaise en la maintenant relativement contre toi, lui laissant pour une fois l’opportunité de vider sa peine auprès de sa mère, bien que ses pleurnicheries encombraient tes oreilles. Tu adressas un regard successivement à la directrice, puis au jeune garçon fautif.


Tes yeux s’aventurèrent alors brièvement sur elle. Ses larmes semblaient s’estomper. Tu remarquas bien vite quelques bleus sur ses bras ainsi que l’hématome particulièrement visible entourant son œil gauche humidifié. Ces deux-là n’y avaient pas été de main morte.