Kagome ~ Kagome... (pv Inori Hanae )

Aujourd'hui, à la pause déjeuner, ce n'était ni au self, ni dans l'immense cour de Daiki que l'adolescente avait prévu de se rassasier. En effet, son paternel n'ayant guère eu le temps de lui préparer un de ses fameux paniers repas, bien souvent trop infect pour qu'elle parvienne à les digérer comme il se doit, il lui avait donné quelques yens pour qu'elle aille s'acheter ce que bon lui semble au moment propice. Cela n'arrivait que peu de fois, voire même jamais, pour ainsi dire. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas pour déplaire à Hanae qui, lorsque la sonnerie vint retentir pour annoncer l'heure de la pause, se précipita en dehors de l'académie pour se diriger à vive allure vers le quartier de Takadanobaba. En y réfléchissant, c'était un bien drôle de nom tout de même, celle-ci le répétant en boucle dans sa tête pendant plusieurs secondes avec un air des plus niais qui soit.

Sur le chemin, l'étudiante de première année croisa toutes sortes de personnes, dont - majoritairement - des élèves en provenance d'autres académies diverses. Ils avaient tous de beaux uniformes aux couleurs de leurs écoles respectives. Pour Hanae, c'était un véritable spectacle coloré qui s'offrait à elle, la divertissant ainsi tout au long de son trajet. Mais rien ne pouvait la faire changer d'avis : à ses yeux, l'uniforme de Daiki restait de loin le plus chic et le plus élégant de tous. Bien évidemment, elle n'était pas vraiment très objective, loin de là. « Takadanobaba, me voilà ! » chantonna-t-elle à voix basse en arrivant aux abords du quartier en question. L'heure était venue de se remplir la panse.


Aussitôt, sans même patienter ne serait-ce qu'une seule minute pour reprendre son souffle, l'adolescente poursuivit sa route vers un tout petit restaurant de nouilles indépendant qu'elle ne connaissait que trop bien. « BIEN LE BONJOUR KOKORO-CHAN ! » hurla-t-elle en arrivant telle une folle furieuse, surprenant ainsi le petit personnel qui était en train de travailler. Malgré cela, ils la saluèrent tous en retour, ne pouvant guère lui en vouloir à la vue de sa bouille d'ange présentant - comme toujours - un sourire des plus radieux. Prenant place sur l'un des tabourets positionnés devant le comptoir, Hanae en profita pour déposer son cartable à ses pieds avant de s'étirer rien qu'un court instant. « Je te sers comme d'habitude ma petite Hanae ? » interrogea la propriétaire du lieu, aussi bienveillante que généreuse. « OUIIIIIIIII ! » s'écria-t-elle en s'agitant beaucoup trop.

De ce fait, la cheffe se mit au travail : lui préparant son bol de nouilles préféré qu'elle avait prit l'habitude de commander à chaque fois qu'elle se retrouvait assise sur ce même tabouret. En général, elle venait avec son père quand celui-ci avait gagné un petit peu plus d'argent que d'habitude et qu'il voulait faire plaisir à sa fille adorée. Ils étaient devenus extrêmement complices depuis la mort de Mio, la mère d'Hanae. Il faut dire que cela avait été une sale période autant pour l'un que pour l'autre. C'est pourquoi ils avaient dû se serrer les coudes et se soutenir autant que possible pour ne pas craquer. Enfin, il ne fallait plus y penser à présent. D'autant plus que son repas vint lui être servi assez rapidement, prêt à être dévoré par cette sauvage de Daiki. « MERCI KOKORO-CHAN ! »

Puis, après s'être exprimée encore bien trop fort, elle entama son plat tout chaud sans se faire prier, ne manquant pas de se brûler la langue telle une véritable débutante. Ainsi, ce fut sous les rires collectifs de la petite équipe qu'elle quémanda tristement de l'eau en urgence. Quel phénomène cette petite ! Heureusement, son désir fut un ordre et elle put se désaltérer dans la seconde qui suivi, se débarrassant par la même occasion de cette affreuse sensation de brûlure sur sa langue. « Pfiou ! J'ai eu chaud. » soupira-t-elle en s'étalant très peu gracieusement sur le comptoir, faisant encore résonner quelques rires au sein du petit restaurant. Mais alors qu'elle était en train d'engloutir les dernières nouilles présentent dans son bol, une alarme vint soudainement retentir dans la rue.

Presque instantanément, l'adolescente se pencha pour tenter d'apercevoir d'où cela pouvait bien provenir, mâchant encore vulgairement sa nourriture avant de l'avaler. Ce fut lorsqu'elle aperçut un groupe de trois hommes sortir en courant d'une épicerie, pourchassés par une pauvre vieille dame fatiguée, qu'elle se leva instinctivement, sans vraiment réfléchir à ce qu'elle comptait faire par la suite. « MERCI POUR TOUT ! C'ÉTAIT DÉLICIEUX, COMME D'HABITUUUuuude... » hurla-t-elle une toute dernière fois avant de jeter la somme suffisante de yens sur le comptoir et de disparaître au loin, sa voix s'effaçant au fur et à mesure de son éloignement. Son cartable à la main, elle se rapprocha du lieu du crime, jetant un énième coup d'œil en direction de la grand-mère qui avait abandonné la course-poursuite, à bout de force. Quelle bande de lâches !



Aussitôt, Hanae fronça les sourcils à la vue du trio, ou plutôt du quatuor, qui pénétrait actuellement dans une ruelle un peu plus étroite. Ils allaient le regretter. Sans attendre une seconde de plus, elle se précipita à leur trousse, n'ayant aucunement l'intention de les laisser s'échapper. Cette pauvre mamie lui faisait bien trop de peine pour rester sans rien faire. Elle refusait d'être impuissante malgré son manque d'expérience. Après tout, être empli de bonne volonté devait bien suffire, non ? Non. Mais cela, elle allait finir par l'apprendre avec le temps. De ce fait, elle arriva à son tour dans la ruelle qu'avait emprunté le groupe de bandits, analysant la situation par réflexe. L'un d'entre eux était à la traîne : c'était l'occasion ou jamais d'en profiter. Si elle ne pouvait pas tous les arrêter, elle tenterait au moins d'en neutraliser un pour le forcer à dénoncer ses petits complices.

L'étudiante de Daiki vint alors s'immobiliser, se concentrant sur la position du dernier des quatre brigands à la longue chevelure noire. Intensifiant sa concentration, elle parvint donc à ériger un large champ de force devant lui qui, elle l'espérait, allait le stopper net dans sa course lorsqu'il se cognerait dedans. Mais encore fallait-il pour cela qu'il ne s'y attende pas. Quoi qu'il en soit, à minima, il allait normalement être obligé de s'arrêter. Ce fut exactement à ce moment précis que la jeune fille en profita pour agir, fonçant telle une véritable sauvage vers sa cible pour tenter de lui asséner, par surprise, un puissant coup de cartable au visage. « Shelter à la rescousse ! » s'écria-t-elle fièrement, sans même vérifier si son coup avait bel et bien porté ses fruits. Et, profitant de la confusion, elle tenta également de sauter sur le dos de l'homme pour essayer tant bien que mal de le neutraliser par tous les moyens possibles. « RENDS-TOI, SALE VOLEUR ! » hurla-t-elle.

Sans même avoir eu le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait, Hanae se retrouva plaquée au sol avec une arme braquée droit sur elle. Il était clair que là, intérieurement, elle se sentait beaucoup moins maligne pour le coup. Déglutissant, elle fronça tout de même les sourcils pour montrer qu'elle ne se laissait pas impressionner pour autant. Mais en réalité, c'était plutôt l'inverse. En effet, elle était encore bien trop jeune pour mourir de la main d'un bandit, même si ce dernier tenta désespérément de lui faire croire qu'il était en fait un agent de police aux trousses du trio. « Si tu crois que je vais avaler ça, tu te mets le doigt dans l'œil espèce d'a... ma... teur... » déclara-t-elle avec plus ou moins d'assurance, avant que sa voix ne faiblisse - petit à petit - après qu'elle eut aperçue le badge officiel que l'homme portait autour du cou et qu'il venait tout juste de rendre visible.

Hanae écarquilla les yeux, ces derniers se posant d'abord sur l'insigne avant de croiser le regard de l'agent, puis de se poser à nouveau sur l'insigne et de croiser une fois encore ce même regard sévère. « Oooooooooooh... » fit-elle en réalisant finalement la situation et en constatant également son erreur. Par la suite, profitant du moment où l'homme vint relâcher quelque peu son étreinte, elle se positionna à genoux avant de lui présenter mille excuses, face contre terre. « Vraiment désolé monsieur l'agent ! Pardon ! » s'écria-t-elle, extrêmement gênée par ce quiproquo des plus inopportuns. « À vos ordres, chef ! Je vais faire disparaître ça, illico presto. » déclara-t-elle en se relevant, avant que le champ de force ne se volatilise aussitôt en une fine nuée de poussière aux différentes teintes violettes. En soit, un sublime spectacle coloré qu'ils n'avaient malheureusement pas le temps d'admirer. Ils avaient des voleurs en cavale à poursuivre après tout.

Par la même occasion, elle se rendit compte de la distance qui les séparait des vrais brigands, les apercevant tourner à l'angle de la ruelle qui allait les mener directement vers la grand-rue. « Oh non ! Ils vont nous sem- » constata-t-elle avant de s'interrompre d'elle-même. « Je sais ! J'ai une idée ! Suivez-moi monsieur l'agent ! » indiqua-t-elle, en tentant de le tirer par le bras. De ce fait, elle se précipita à travers la ruelle, passant par des chemins de plus en plus étroits qui devaient sans nul doute être un raccourci. Du moins, il fallait l'espérer. Tout en sautant agilement par-dessus les divers obstacles qui se dressaient sur sa route, l'étudiante semblait se diriger vers un endroit précis... Mais où ?

Puis en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, Hanae se retrouva face à une porte en bois cassant qu'elle s'empressa d'ouvrir par un coup de pied des plus violents, pénétrant ainsi dans une arrière-boutique dont elle semblait connaître le gérant : un vieil homme tout à fait sympathique. « Bonjour Tatsumi-senpai ! » s'écria-t-elle, en continuant sa course folle vers la boutique principale. « Oh, ma p'tite Hanae... » fit-il assez surpris, mais habitué par ses entrées en scène intempestives. « Désolé pour la porte Tatsumi-senpai ! » hurla-t-elle une énième fois en jetant son cartable dans un coin de l'arrière-boutique. Elle viendrait le rechercher, plus tard. « Dis-moi, comment vas-tu depuis le t- » allait-il interroger avant de se faire interrompre aussitôt. « Au revoir Tatsumi-senpai ! » s'égosilla-t-elle une toute dernière fois, avant de parvenir à la boutique en question. Il s'agissait d'un petit commerce vendant divers déguisements. D'ailleurs, sur son passage, elle attrapa habilement une fausse casquette de policier qu'elle plaça sur sa tête. « Chérie ! Il faudra que tu me fasses penser à réparer la porte... Encore... Pour la vingt-septième fois... » soupira-t-il faiblement, en ricanant.

Ainsi, en quittant le magasin par la porte principale, ils arrivèrent dans la grand-rue, comme Hanae devait l'avoir prévu. Et, comme elle s'en était douté, les trois malfrats étaient bel et bien présents eux aussi, se dirigeant maintenant vers une imposante voiture, un 4x4 plus précisément. « Mince ! Ils vont nous échapper ! » fit-elle remarquer en commençant à analyser la situation tant bien que mal. Si elle tentait de les arrêter avec son alter, elle prenait le risque de les blesser tant elle était maladroite. De plus, comme l'avait mentionné le policier un peu plus tôt, il s'agirait une fois encore d'une utilisation non-réglementée. Pourtant, elle n'avait pas le choix. Il fallait agir et vite. Ce fut donc lorsque le moteur de la voiture se mit à gronder que l'adolescente attrapa Swirl, son éventail tranchant qu'elle gardait sur elle en toutes circonstances. « Désolé monsieur l'agent, mais c'est un cas d'urgence. Enfin, j'espère... » déclara-t-elle avant d'élancer, d'un mouvement fluide, son arme tourbillonnante en direction des roues arrières du véhicule.

Par chance, l'éventail atteignit ses cibles avant que le moyen de transport n'ait le temps de démarrer, évitant un quelconque accident par la même occasion. De ce fait, les pneus arrières de la voiture se dégonflèrent lentement, empêchant ainsi les bandits de prendre la fuite. De son côté, l'arme revenant droit sur elle, Hanae la réceptionna avec poigne avant de la glisser dans l'une de ses manches. Suite à cela, elle replaça correctement sa fausse casquette de policière sur sa tête, puis colla ses deux mains pour former un pistolet factice avec ses majeurs et ses index. Elle fit mine de viser l'imposant 4x4 tout en observant les alentours. « Allez-y partenaire ! Je vous couvre ! » indiqua-t-elle à l'agent de police en jouant son rôle à la perfection. Cela dit, elle en faisait peut-être un peu trop.

Lorsque l'agent de police procéda à l'arrestation du groupe de voleurs, Hanae eut des étoiles plein les yeux. Elle se sentait à la fois fière et satisfaite de son intervention aux côtés d'un vrai policier digne de ce nom, bien qu'elle n'ait rien fait dans les règles de l'art. En effet, elle avait agi sans un permis ou autre autorisation quelconque. Ce qui, en soit, pourrait lui apporter pas mal d'ennuis avec les forces de l'ordre. Cependant, cela ne fut pas la priorité de l'agent de police qui se concentra tout d'abord sur les réels malfaiteurs, leur passant les menottes en un rien de temps. L'instant d'après, ils se retrouvèrent au sol, neutralisés et incapables de lancer la moindre offensive pour tenter de s'échapper.

De son côté, pendant que le policier semblait contacter des renforts par l'intermédiaire de son téléphone portable, l'étudiante de Daiki se retourna vers les passants à proximité afin de les rassurer après s'être rendu compte de leurs airs quelque peu inquiets. « Tout va bien citoyens... CAR LA CAVALERIE EST LÀ ! » s'écria-t-elle énergiquement avant de prendre une posture des plus héroïques. Il s'agissait d'une réplique qu'elle avait entendu, une fois, à la télévision et, depuis, elle avait toujours voulu avoir l'occasion de la réutiliser. D'ailleurs, cela lui fit penser qu'elle aurait peut-être mieux fait de piquer une cape plutôt qu'une casquette de policier, dans la boutique de déguisements. Quoi qu'il en soit, aux yeux d'autrui, celle qui se voulait rassurante eut plus l'air d'une comique de service qu'autre chose finalement. Mais qu'importe, car malgré tout, cela eut pour effet d'en faire sourire certains, tandis que d'autres retournèrent simplement vaquer à leurs occupations.

Suite à cela, son attention se reporta aussitôt sur l'agent de police qui lui fit signe de s'approcher en lui expliquant bien la situation. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il déclara avoir besoin d'elle et, principalement, de son alter en cas d'imprévu. « À vos ordres, mon commandant ! » répondit-elle, d'un air étrangement sérieux, en plaçant sa main droite sur sa tempe respective afin de mimer un salut militaire, avec sa fausse casquette de policier toujours présente sur sa tête. De ce fait, elle se positionna alors aux côtés de l'homme, raide comme un piquet, les bras le long du corps. Il était difficile de croire qu'elle prenait la situation au sérieux. Et pourtant, cela était bel et bien le cas. Il s'agissait simplement du comportement d'une adolescente inexpérimentée, un peu maladroite et légèrement naïve sur les bords. Il ne fallait pas lui en tenir rigueur.

Malheureusement, ne parvenant pas à rester concentrée et immobile bien longtemps, cette dernière se rapprocha dangereusement des malfrats neutralisés et toujours allongés sur le sol. Une fois suffisamment proche, elle s'agenouilla afin d'observer les menottes de plus près, ignorant inconsciemment les regards noirs jetés par les membres du gang dont la fierté devait avoir pris un coup après qu'une novice ait été à l'origine de leur arrestation. « Dites colonel ! Est-ce que c'est des menottes qui neutralisent les alters ? Ça s'rait vraiment trop cool si c'était l'cas ! » interrogea-t-elle alors, pleine d'entrain, avant de revenir se placer à côté de l'agent de police en question. Tout en restant attentive à sa réponse, elle ne manqua pas de provoquer le trio avec un regard satisfait, accompagné de quelques haussements de sourcils assez discrets. Décidément, elle ne manquait pas de confiance en elle. Enfin, cela pouvait tout aussi bien provenir du fait qu'elle ne réalisait pas vraiment le danger que ces hommes représentaient d'une certaine façon.

Puis avant même qu'un imprévu n'ait le temps de se produire, les renforts arrivèrent pour prendre en charge la situation. Par la même occasion, l'agent de police vint l'informer de la suite des événements et du fait qu'elle allait devoir le suivre au commissariat afin qu'elle puisse témoigner de l'incident. Elle acquiesça donc sagement avant de suivre les pas de l'homme qui se dirigeait maintenant vers la fameuse boutique par laquelle ils étaient arrivés dans la grand-rue. Une fois sur place, elle dut faire face au gérant qu'elle ne connaissait que trop bien. « Voilà votre casquette, Tatsumi-senpai ! Encore désolé pour l'dérangement... » fit-elle, quelque peu gênée, en se courbant aussitôt devant son aîné. « Tu es toujours aussi agitée et imprévisible à ce que je vois... Tu n'as pas changé, fidèle à toi-même ! » constata-t-il amicalement, en ricanant bruyamment, avant de lui administrer une toute petite tape aussi délicate qu'inoffensive sur la tête.

Un échange se fit ensuite entre le vieil homme et l'adolescente, cette dernière lui rendant la fausse casquette de policier, tandis qu'il lui remit son cartable. « J'reviendrais vous aider pour les réparations, c'est promis Tatsumi-senpai ! » s'écria-t-elle en s'éloignant aux côtés de l'agent de police, avec un large sourire, saluant le couple de personnes âgées par de vifs mouvements de main. À présent, elle se laissa guider par l'homme à la longue chevelure noire, prête à le suivre jusqu'à leur prochaine destination : le poste de police. Mais avant cela, une question la turlupinait, plus ou moins. « Dites sergent ! Ça veut dire que j'retournerais pas en cours cette après-midi ? » demanda-t-elle avec un air faussement triste, en espérant vraiment une réponse positive de sa part.

À l'entente de la réponse de l'agent de police, Hanae vint prendre un air faussement rassuré. « Pfiou ! J'ai eu peur... Tant mieux ! » fit-elle sans la moindre crédibilité, bien que cela ne soit pas totalement faux. En effet, elle aimait beaucoup les cours à l'académie de Daiki, mais elle n'était jamais contre un peu de repos en plus. Suite à cela, ils prirent le chemin en direction du poste de police, l'étudiante suivant bien sagement l'homme à la longue chevelure noire. Enfin, sagement était un bien grand mot puisqu'elle n'hésita pas vraiment à prendre la parole pour combler le silence bien trop long à son goût. « Au fait, vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure... » débuta-t-elle alors, quelque peu intriguée. « Mais les menottes, du coup, elles permettaient bien d'neutraliser leurs alters ou pas du tout ? » interrogea-t-elle avec un léger surplus de curiosité. Très léger.

Sans même attendre la réponse du policier, elle enchaîna. « Oh, non ! J'sais ! J'sais ! » Elle reprit simplement sa respiration avant de poursuivre, toujours aussi débordante d'énergie et de vitalité. « J'suis sûr que ces liens avaient un rapport avec votre alter, n'est-ce pas ? » s'écria-t-elle fièrement, comme si elle venait de faire une incroyable découverte. « J'ai vu juste, hein ?! » insista-t-elle avec un large sourire qui, à cet instant précis, pouvait se révéler des plus agaçants. « Mais si c'est pas l'cas, c'est quoi votre alter m'sieur ? » questionna-t-elle avec des étoiles plein les yeux, impatiente de l'entendre lui révéler la nature de son alter. Mais pour cela, encore fallait-il qu'elle daigne lui laisser la parole pour que celui-ci puisse finalement avoir l'occasion de lui répondre.

De ce fait, l'adolescente vint se taire avant de devenir étrangement plus attentive. Lorsqu'il s'agissait d'alters, elle était parfaitement capable de se contenir quelque temps afin de se concentrer et de comprendre ce qu'il lui était expliqué. Ainsi, elle l'écouta calmement, sans l'interrompre une seule fois - contrairement à ses habitudes - avant qu'ils ne parviennent enfin jusqu'au poste de police. Là-bas, ils se retrouvèrent bien rapidement dans le bureau de l'homme qu'elle avait précédemment assisté, cette dernière s'extasiant aussitôt sur le moindre meuble présent dans la pièce, même ceux sans un véritable intérêt quelconque. « Wooow ! Vous êtes super bien organisé ! » constata-t-elle, en admirant chaque détail d'un peu plus près pour confirmer ses dires. « Alors comme ça vous vous appelez... » Hanae rapprocha son visage de la plaque déposée sur le bureau afin de la lire, syllabe par syllabe. « A... MA... TSU... GEN... SOU... » articula-t-elle donc soigneusement.

Par la suite, elle fut interrompue dans ses observations et autres constatations diverses par l'agent de police qui vint l'inviter à prendre place en face de son bureau. Lui, il alla aussitôt s'asseoir de l'autre côté, sur son fauteuil probablement aussi confortable qu'il en avait l'air. Quoi qu'il en soit, elle n'avait pas à se plaindre : les chaises n'étaient pas de mauvaise qualité non plus et semblaient même suffisamment moelleuses pour lui éviter une douleur au postérieur après un certain temps. Puis en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, le professionnel démarra par quelques questions des plus basiques, après qu'elle eut confirmé - par un vif hochement de tête - ne pas avoir la moindre question à lui poser. « Alors ! Je m'appelle Inori Hanae. » commença-t-elle, bien assez distinctement.

Lui laissant le temps de taper sur son clavier d'ordinateur, si tant est qu'il s'agissait bel et bien de la façon dont il allait prendre en note ses réponses, l'adolescente poursuivit ensuite. « Mon alter, il me permet d'créer des champs d'force. Ce sont des barrières d'énergie, comme vous avez pu l'voir tout à l'heure. » précisa-t-elle, en se grattant la tête, plus ou moins gênée en se remémorant la scène. Elle poursuivit encore en l'informant de son adresse ainsi que de son numéro de téléphone qu'elle prit soin de vérifier afin d'éviter de lui fournir un faux ou un non-attribué, ce qui ne se révélerait pas très pratique s'il tentait de la recontacter plus tard. Peut-être pour former un duo de choc... Qui sait ? « C'est bien ça. Oui, je suis élève à l'académie de Daiki. » précisa-t-elle, en pointant du doigt le symbole de cette dernière présent sur son uniforme. « D'ailleurs, tant qu'on y est... Comment vous trouvez ça vous ? Shelter, ça claque, non ? » interrogea la jeune fille avec une certaine assurance. « J'espère juste que ce n'est pas déjà pris. »