La rencontre au coin de rue [Ft Nanahara Hikaru]

Le soleil. . . le soleil est un astre principalement composé d’hydrogène et d’hélium. Il produit ce qu’on appelle des rayonnements solaires qui apporte des énergies lumineuses sur notre planète. Rendant ainsi la vie possible. Ou plutôt contraignante pour certains. En effet, cet astre que tout le monde idolâtre ne peut s’empêcher de m’éblouir sans arrêt. Me forçant le jour à mettre des lunettes contre la photophobie. Des lunettes de soleil en somme. C’est un peu à cause de ça (et aussi en grande partie par mon rythme de vie) que je préfère me balader la nuit. La lune, elle, ne brûle pas les yeux.

Toute cette tirade pour écarter de la main mon ennui. Là, dehors, en plein jour, guettant le moindre signe intéressant d’information à glaner. Où ? Eh bien pas si loin de mon trou situé à Kabukicho. Et plus précisément : à Takadanobaba. Toujours au sein de Shinjuku. Capuche remontée sur la tête, lunettes sur le nez. En quête de savoir et d’informations ou d’un divertissement quelconque pourvu qu’il me libère de ce soleil éclatant.

Me voilà donc en vadrouille dans les rues, un café à la main. Je pensais venir écouter les élèves sortant des cours. Mais j’avais oublié un point très important. Les vacances scolaires. . . mauvais timing me dira-t-on. Mais qu’à cela ne tienne, je continuerai de vadrouiller jusqu’à entendre une information digne d’intérêt . . . ou simplement hilarante. Le secret d’un héros ? Un lieu de rassemblement régulier ? Des héros habitués des cafés et autres restaurants de cette rue ? Peut-être faudrait-il que je poste mes mouchards à chaque point digne d’intérêt ? Ce serait sans doute moins épuisant à la longue.

Je repartais dans mes pensées quand un enfant vint trouver refuge dans mes jambes. Manquant de peu de me faire tomber.

« Eh bien mon petit ? On ne regarde pas où l’on va ? »

Lui tapotant délicatement le haut de sa frêle petite boîte crânienne.

« Où sont tes parents ? »

Il me désigna une direction. Avant de s’excuser et de repartir en courant. Je le saluais de la main avant de soupirer. Il ou elle aurait eu son âge cette année. . . Je prenais quelques secondes pour me remettre de cette remontée d’émotion. J’avais bien changé depuis cette époque. Je devais continuer d’avancer en portant ce fardeau sur mes épaules. Mais celui-ci venait de s’alléger. En effet, mon café était vide. Il m’en fallait un autre avant de commencer à m’endormir.

Je m’arrêtais devant un café et zieutais leur diversité. Un café est un café, quelle différence entre l’un et l’autre ? Leur but, n’est-il pas de nous maintenir éveiller ? Pourquoi nous faire donc hésiter devant leur nom de star italienne ? Capuccino, Affogato, Macchiato. . . . Ah, mais quel calvaire. . . Je me grattais la tête et commençais à regarder autour de moi en quête d’une âme charitable pour m’aider à choisir. Peut-être cette demoiselle ?

« Excusez-moi ? Pouvez-vous m’éclairer ? Je comprends rien à leur charabia. ».

La jeune femme que je venais d’interpeller était un ange. Enfin, je crois, je ne sais pas à quoi peut bien ressembler un ange. J’acceptais son offre de me joindre à elle et pris place sur la chaise désignée à cet effet.

« Volontiers, si je ne vous dérange pas. »

La jeune dame travaillait visiblement sur son ordinateur. Elle devait être débordée et vachement douée pour accepter d’aider une inconnue tout en travaillant sur la terrasse d’un café. Je l’observais quelques instants.

« Ce quartier est bien animé pour les derniers jours de vacances. Vous venez souvent boire un verre dans le coin ? »

Même si je ne savais pas vraiment si cette personne savait des choses intéressantes je pouvais tout de même essayer. Et puis, parler un peu m’empêcherai de m’endormir sur place.

« Pardonnez mon impolitesse. Je vous pose des questions sans même me présenter. Sabe Yoko, pour vous servir. »

J’attrapais enfin le menu pour commander. Plus je lisais moins je comprenais pourquoi ces boissons à la caféine avaient des noms étranges. Peut-être pour renforcer le côté mystérieux de la chose. Bon, qu’à cela ne tienne. Je pris mon index et après quelques secondes à tournoyer celui-ci au-dessus du menu : je choisis au hasard une des boissons proposées. Qui sait, peut-être qu’elle deviendra ma nouvelle boisson préférée. J’interpellais un serveur afin de lui signifier mon intention de commander.

« Un café Lungo s’il vous plaît. Merci à vous. »

Avec un sourire jusqu’aux oreilles. Il était mignon ce serveur. Mais peut-être un poil trop jeune. Peut-être un étudiant en job d’été ? Il faut dire qu’être étudiant n’est pas de tout repos dans ce pays. Je m’étirais un bon coup, avant de rediriger mon regard vers ma nouvelle amie.

« C’est quand même passionnant de voir tous ces jeunes s’activer pour leur futur. Ça fait rêver un peu. Vous travaillez dans quoi ? »

Peut-être était-elle une jeune entrepreneuse ou une présidente d’une compagnie grandissante. Ou une avocate chargée de traduire en justice bon nombre de criminels comme moi. Que cachait-elle ? Je voulais savoir.