Il était temps de revenir. Les vacances scolaires étaient presque terminées, et les cours d’infiltration n’allaient pas se préparer seuls. Akimitsu laissa donc la préparation du bar a son cher employé, commençant à prendre le rythme des cours à venir.

Dès huit heures du matin, il était présent à l’académie. Il fit le tour de l’établissement, cherchant à voir comment prendre en compte la topographie de l’académie pour donner ses cours. Chaque coin de l’Académie doit être mémorisé afin que les cours soient donnés dans la meilleure situation possible. Il donnera certes quelques cours purement théoriques, mais l’essentiel sera de la pratique pour les secondes années. Les troisième années auront bien plus de théorie, mais ils sont censés être plus matures, donc s’ils ne sont pas comme leur professeur ils trouveront de bons alter-egos.

Il croisa certains internes, restant lors des vacances, alors qu’il se dirigeait vers la salle des professeurs afin de prendre sa pause déjeuner. Arrivé dans le bon couloir, il remarqua que l’infirmière scolaire était en train de faire son stock de sucreries.


*Quelle goinfre celle-là…*


Elle finit de faire ses achats lorsqu’il arrivait à son niveau. La voyant en difficulté, il lui ouvrit la porte afin de gagner du temps, mais failli lui rentrer dedans en la suivant. En effet, Mlle Hijoushiki s’était figée à quelques pas de l’entrée, alors que l’un de leurs collègues, l’éternel dépressif Dark Lord. Akimitsu se rappelait lui, il était de deux ans son ainé lors de leurs études et, déjà élève, cet homme semblait constamment au bord du suicide.

Le professeur pleureur se jeta sur eux, une enveloppe à la main. Il parlait si vite, de manière si discontinue, qu’il était presque impossible aux deux autres de comprendre quoi que ce soit. Akimitsu attrapa fébrilement sa flasque et bu une rasade afin de se calmer, repoussant légèrement son masque. Pendant ce temps-là, l’autre professeur tendit une enveloppe à notre duo.

— Je vous laisse lire ça Monsieur Toliima, j'ai un peu les bras chargés.

*C’est sûr qu’avec toutes ces sucreries…*


Sans se départir de son sourire, il avança de quelques pas, se trouvant donc légèrement devant Setsuna, puis prit le document d’une main et se dirigea vers une table assez grande pour que tous trois puissent s’y assoir. Il commença alors sa lecture en reposant son masque, chaque collègue présent connaissant son identité. Au fil de sa lecture, cependant son éternel sourire devint fade, forcé.

Alors qu’il finissait de lire, un attroupement s’était formé autour d’eux. Essentiellement constitué de femmes professeurs. Chacune d’elle avait un air grave sur le visage.

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Un bruit me dérangea quelques peu lors de ma lecture, mais je n’y prêtait pas attention. Je ne connais que trop bien le problème de ma collègue par rapport aux sucreries.

Concentré comme je l’étais, je ne faisais pas attention aux mouvements de mon entourage. Je suis donc surpris en relevant la tête, alors que de nombreuses collègues sont groupées autour de la table, chacune affichant un visage sombre. Une d’elle annonce avoir quelque chose à nous montrer, et revient rapidement avec un morceau de papier. Elle nous le montre et, soudain, la salle devient une fourmilière, chacune de nos collègue allant rapporter les lettres qu’elle a reçu.

Je me rends compte d’à quel point le cas est grave lorsque la pile de lettres finit enfin de grossir.  Je commence à éplucher le tas, tandis que l’infirmière semble relire celle que l’élève a reçu.

— Une idée d’après vos dossiers, monsieur Toliima ? Quelqu’un a-t-il ce genre d’antécédents reconnu ?

Je tourne alors le regard sur elle, haussant un sourcil.

— Pas de ce que je me souvienne, mais je vais devoir vérifier pour m’en assurer. Tant que j’y penses, pourriez-vous m’apporter votre lettre ? J’ai l’impression qu’il en a envoyé à tout le monde…


Les autres collègues semblent alors se désintéresser de nous comme si, par l’appel du pleureur, nous avions été désigné comme en charge de cette enquête. J’attend patiemment la réponse de l’infirmière, avant de tenter de mettre un plan au point.


— Dites… Pouvez-vous vous renseigner sur les différents élèves ? Surtout les filles, pour voir si elles ont reçu des lettres du style et, si oui, à partir de quand ça a commencé ? J’essaierai de voir avec nos collègues, pendant ce temps.

Je me remets à mon étude des lettres en attendant sa réponse, cherchant à voir si je pouvais trouver une formulation, une tournure de phrase qui pourrait m’aider.

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Après mes questions, la jeune femme sort de la pièce, annonçant qu'elle va voir si quelqu'un lui a envoyé une lettre.

Quelques instants plus tard, je me rends compte qu'elle n'a pas répondu à ma proposition, que je ne sais toujours pas si elle est d'accord pour la répartition des rendez-vous avec les victimes de ce harceleur. Je récupère donc tous les documents, qui finissent dans ma serviette, avant de me lever.

— Je vais voir Mlle Hijoushiki pour que l'on puisse se coordonner. Nous vous recontacterons dès que possible pour mettre un terme à cette situation.

Mon éternel sourire n'est pas sur mon visage, aujourd'hui. Tous les collègues peuvent voir ma mâchoire contractée.

*S'il arrivait la même chose à Sakura…*

Cette simple pensée, concernant ma sœur jumelle, suffit à rendre mon regard glacial, ce que les rares regardant mon visage alors que je mets mon masque peuvent remarquer. Il m'est impossible de savoir ce qu'ils pensent, mais il doit leur être plus qu'évident que j’ai été touché aussi, malgré le fait que je n’ai reçu aucune lettre, étant moi-même de sexe masculin.

Je marche dans les couloirs, le masque rouge dissimulant mon état aux quelques élèves que je croise alors qu’ils vont effectuer leurs activités extra-scolaires. Certains me posent des questions sur mon dernier cours, et je perds un temps précieux à leur répondre.
Jamais je n’ai été aussi remonté, sauf peut-être lorsque père nous a interdit de continuer une carrière héroïque après la trahison.

J’arrive finalement devant l’infirmerie et toque, au cas où l’infirmière soit ailleurs pour rechercher son document.

— Entrez.

J’entre alors et, à ma grande surprise, la voit assise derrière son bureau. Certes, elle a pu choisir de s'asseoir là pour réfléchir à l’endroit où elle a pu ranger cette lettre anonyme, si elle ne l’a pas simplement jetée, mais ce n’est pas ça qui me surprend. Elle est… Rose ? Et l’un de ses yeux est noir avec l’iris rouge. Si je n’avais reconnu sa voix il y a une poignée de secondes, j'aurais juré qu’il s’agissait d’une autre personne. Elle doit utiliser un objet lui permettant de dissimuler son apparence réelle en temps normal.

— Mademoiselle Hijoushiki ? Est-ce que vous allez bien ?

Je retire mon masque. C’est un geste simple, qui pourrait sembler complètement basique et non nécessaire à mentionner, mais qui lui montrait que je venais à elle sans me dissimuler, tout comme elle ne se dissimulait pas face à moi en ce moment même.

Afin de ne pas la fixer avec trop d’insistance, je commence à regarder autour de moi. Il s’agit bien de la pièce dans laquelle elle m’a reçu, il y a quelques mois, lors de mon entrée à l’établissement en tant que professeur.

Lors de cette action, je fronce légèrement les sourcils. Il y a une boite, dans laquelle quelques lettres sont empilées. Je ne distingue pas réellement ce qui y est écrit, mais une des écritures me fait tiquer.

Je ne peux me permettre de la lire, il s’agit de documents adressés à l’infirmière, des lettres de mal-être, selon l’étiquette sur cette boîte. Il s’agit donc d’une correspondance de type “confidentiel personnel” que seule une personne du corps médical peut me donner l’autorisation de lire. Je suis pourtant presque certain que l’une de ces lettres possède le même émetteur que toutes celles de harcèlement.

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Son œil, déjà sombre, prend une teinte entièrement noire à l’iris rouge.

— On ne peut mieux maintenant.

Je vois un grand sourire apparaître sur son visage. Un sourire qui ne ressemble pas à celui qu’elle arborait habituellement. Il y a décidément quelque chose qui cloche avec cette infirmière, mais aucun collègue n’a pu m’en apprendre plus. Il n’y a même presque aucune rumeur qui circule sur elle, si ce n’est que son alter doit avoir un lien avec les quantités faramineuses de bonbons qu’elle absorbe. Je me dis que je suis du coup tombé sur l’un des secrets de l’académie. Je vais peut-être apprendre pourquoi elle prend si souvent des sucreries…

*MERDE ! Ses sucreries ! Je les ai oubliées à la salle des profs !*

Elle laisse un petit rire lui échapper tandis que son sourire change, il me semble un peu plus narquois maintenant… Serait-ce donc ce qu’elle devient si elle tombe en manque de sucres rapides ? Alors que je me pose ces questions, elle approche de moi d’une démarche bien plus chaloupée qu’à son habitude.

— Je n’ai vu aucune lettre du harceleur pour nous. Toutefois…

*Nous ?*

Avant que mon esprit ne puisse aller plus loin que cette simple interrogation sur l’utilisation de ce pronom par l’infirmière en manque définitif de sucre, je sens une main se poser sur mon épaule gauche puis en disparaître aussi rapidement. Mes yeux se posent alors sur elle tandis qu’elle se dirige vers la boîte m’ayant attiré l'œil précédemment. Cette fois, cependant, mon regard se perd plutôt sur un objet en mouvement de balancier constant… Certes, elle roule des hanches, mais… Depuis quand a-t-elle une queue ?

— Les élèves et le personnel de l'académie peuvent nous déposer des lettres de manières anonyme. Il y en a peut-être une dont l'écriture correspondrait…

Ses paroles me font lever les yeux, presque inquiet d’avoir été pris sur le fait, mais je vois qu’elle semble m’indiquer de m'asseoir à la place que j’ai prise il y a de ça quelques mois. Alors que je m’installe, je la vois simplement se poser sur le bureau avant de croiser les jambes.

De ma place, je suis du coup forcé de lever les yeux pour pouvoir lui parler et, ce faisant, j’ai une vue imprenable sur ses formes par une contre plongée idéale. Au vu de sa manière de se comporter depuis peu, j’en viens à me demander si ce n’est pas fait exprès de sa part.

Toujours est-il qu’elle me tend une moitié de la pile de lettres qui avait retenu mon attention. Je me reprend rapidement, espérant que mon visage, ou plus précisément la couleur de mes joues, n’ait pas commencé à trahir les idées qui me venaient en tête.

Je récupère la liasse et me mets rapidement à la feuilleter, sortant l’une des lettres du corbeau afin de garder une image claire de l’écriture que je dois rechercher. J’essaie de ne pas trop me concentrer sur les messages qui n’ont pas une écriture convenable mais, forcément, certaines phrases s’impriment sur ma rétine. Après même pas un quart de la pile, je ne m’étonnes déjà plus de tomber sur une lettre demandant un conseil sur quoi changer pour enfin plaire à l’élu/e de leur coeur.

— Oui…

Je relève la tête, surpris, avant de me figer en la voyant me regarder.

— Vous avez trouvé quelque chose ?

Sa voix, ou plutôt le ton de cette dernière, m’aurait arraché un frisson si je ne m’étais pas attendu à quelque chose de la sorte. Sans oublier notre problème immédiat, je me laisse prendre au jeu. Je lui souris donc, utilisant la même expression faciale qu’elle m’envoie.

— Pas encore, et vous ?

Après sa réponse, dont je me doute qu’elle sera négative, je me remets dans ma pile de lettres, pour finalement voir, quelques minutes plus tard, que mon tas ne contient pas ce que nous cherchons.

— Mademoiselle Hijoushiki, il me semble que ce que nous cherchons est dans votre paquet. Pourriez-vous me faire la lecture je vous prie ?

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