Une odyssée et un ramune [Avec Cohort]

Quel merveilleux périple que celui de Kowai en direction de Tokyo. Ce fut un voyage mouvementé, fascinant et rempli de rencontres et d'amitié. Tout avait commencé lorsqu'après avoir laissé un corps de plus dans une ruelle sombre de Sapporo, notre protagoniste s'était rendu compte qu'il n'avait jamais mis les pieds dans la capitale. Une énième publicité ventant la beauté de la tour de Tokyo, l'animation des rues de Shibuya et les modes folles d'Harajuku avait éveillé son intérêt. Evidemment, notre homme regardait cela sur la télévision de Monsieur Suzuki... ou était-ce monsieur Yamamoto? Enfin, toujours était-il qu'il regardait cela sur la télévision d'un individu à présent localisé en partie dans sa baignoire et en partie dans son placard à balai (le "son" faisant bien sûr référence à la propriété de monsieur Honda). Kowai lâcha presque son hâchoir en réalisant que son art ne devait pas se cantonner à la périphérie. Comme toute personne désireuse de réaliser ses rêves les plus fous, il devait se rendre à Tokyo.

De fait, il partit vers le Sud, en direction de la mer. A peine arrivé, il remarqua un ferry qui faisait la liaison avec l'île principale et, comme pris de timidité, décida de ne pas trop se faire voir en pénétrant sur l'embarcation. Le trajet ne dura pas si longtemps que cela. Il failli être découvert une ou deux fois, mais cela ne fut pas le cas. Ce qui, à vrai dire, aurait dû être une source de réjouissance pour les moussaillons de tout bord présents sur le navire. Descendu à Aomori, Kowai dut prendre son courage à deux mains et faire de l'autostop. Etrangement, personne ne semblait enclin à le prendre. Il se résolut donc à rejoindre une station service pour demander à un charmant automobiliste les clés de son véhicule. L'échange fut cordial. Kowai se souvenait encore des dernières paroles de celui qui lui avait prêté les clés "Pas les rats! Non! Pas les rats!" avec satisfaction.

Notre charmant voyageur eut malheureusement à faire avec des barrages de police causé par d'autres importuns que lui et dut abandonner son nouveau véhicule avec regret. Il rejoignit ensuite Sendai et, comme on le dit souvent, ce qui se passe à Sendai reste à Sendai. Il poursuivit encore sa route au moyen d'un train. Malheureusement, les autres voyageurs le regardait avec effroi (ce qui était déléctable) et se mettaient à téléphoner à la police. Bien évidemment, Kowai comprennait leur anxiété. Il n'était pas courant de voir quelqu'un muni d'un hâchoir déambuler sur les quais de la gare. Leur fascination pour lui restait toutefois un peu désobligeante. Certes, une certaine partie de lui avait envie de terroriser et découper les désagréables personnages qui le dénonçait... Mais son périple prenait la priorité là-dessus. S'il s'arrêtait à chaque pas pour commettre une atrocité, il n'atteindrait jamais sa destination. Il dut donc se résoudre à abandonner à nouveau son nouveau moyen de transport (cette fois-ci, au son des sirènes). Il erra un moment au Nord de Tokyo avant de trouver un bus suffisamment désert pour le prendre à son bord. Après une brève explication avec le chauffeur (qui garda la vie sauve en échange d'un trajet sans encombre), Kowai put s'endormir agréablement dans l'engin qui l'amenait à la grande ville.

Il se réveilla lorsque l'engin traversait Arakawa. Pris d'une grande soif (il n'avait pas pensé à prendre un pique-nique avec lui), il demanda à son chauffeur personnel d'arrêter l'engin. Il remarqua à ce moment avec stupéfaction qu'il faisait déjà nuit. Kowai demanda l'arrêt du véhicule et sortit pour se rendre au 7-Eleven le plus proche. Une fois sorti, il se contenta de traverser pour atteindre le combini.

En passant la porte, il fut accueilli par un jingle traditionnel de la chaîne et une bande-son pop criade qui tournait en continu durant la journée. Il se rendit compte, à ce moment-là, qu'il avait épuisé sa monnaie et n'avait même pas de quoi se payer un ramune. Il prit la décision fatidique de tuer tout le personnel pour pouvoir se servir. Le caissier, un jeune étudiant probablement issu de l'université avoisinante, le fixait avec le regard d'un lapin qui commence à comprendre ce qu'est un camion en traversant la route. Prenant une forte inspiration, notre protagoniste se prit d'un de ses plus beaux rires. Il avait beaucoup travaillé son rire dernièrement et, si on le lui demandait, était persuadé de plutôt bien le tenir. L'astuce étant de faire se mouvoir se mâchoire de la manière la plus brusque et la moins naturelle possible. L'effet fut immédiat et le caissier se mit à crier à propos des cafards géants qui lui dévorait l'intérieur pendant que Kowai se servait une portion de karaage de derrière le comptoir. Il posa son repas sur le comptoir, mit un grand coup de hâchoir dans le visage du jeune homme, reprit son repas en main et se mit à parcourir les rayons à la recherche d'une boisson fraîche. C'est à ce moment-là qu'il entendit un bruit provenir de l'arrière du magasin...

Cohort étaient soulagés de pouvoir enfin reprendre des forces en se nourrissant de ce bipède. Ils ne comprenaient pas pourquoi l’humain qui surveillait l’entrée dans le territoire s’était soudainement mis à crier.  Cohort étaient de toute façon occupés à consommer son camarade et devaient rester discrets. La porte finie par s’ouvrir. La lumière artificielle des néons à traversa le corps de Cohort, éclairant d’étranges reflets son repas en cours de digestion. Cohort remarqua un nouvel intrus qui semblait l’observer depuis l’encadrement de la porte. Un humain emballé avec les mêmes bandes que celle qu’ils avaient observée à la fin de leur évasion et leur arrivée sur ces terres.

Quelques heures plus tôt Cohort étaient encore dans le laboratoire d’étude des Alters de l’université d’Arakawa, comme l’avait expliqué les chercheurs qui s’occupaient de l’étudier. Ils n’arrêtaient pas de piailler à propos d’une découverte incroyable et de promotions. Ils ne prêtaient même plus attention à Cohort. Remarquant cela Cohort se dirigèrent en direction de l’évier qui trônait dans le coin de la pièce, attirés par la douce humidité. Ils finirent par en toucher les rebords blancs. La liberté l’appelait avec un bruit de glougloutement résonnant dans les canalisations. Cohort étaient face à un choix : plonger dans l’orifice de l’évier et parcourir leur liberté ou rester avec les primates qui les surveillaient.

Le souvenir des séances de dissections leur revenant en mémoires, la décision la plus optimale étaient de plonger dans cet inconnu obscur, humide et libérateur. Cohort commencèrent à faire passer lentement une partie des leurs dans le long conduit tout en surveillant que les humains n’avaient pas remarqué leur évasion. Une fois la moitié des leurs dans le canal de la liberté, le reste de Cohort sauta à l’intérieur sans aucune discrétion provocant des acclamations de la part de leurs geôliers. Mais s’était trop tard et Cohort glissèrent rapidement le long des tuyaux. Chaque coude, chaque, croisement l’éloignaient de ces salles blanches stériles.

Cohort continuèrent au hasard dans le labyrinthe aquatique. Avant de soudainement apercevoir de la lumière au-dessus d’eux. C’était sans doute la lumière du soleil qu’ils n’avaient plus vu depuis son arrestation. Ils se dépêchèrent de suivre la lumière. Sortant de l’eau dans une autre bassine en céramique. Un humain était là, apportant à son orifice nourricier un bâton au bout incandescent. Il n’avait pas remarqué Cohort. Ce qui tombait particulièrement bien : Cohort avaient grand besoin d’absorber des nutriments après ce passage en laboratoire.

L’homme emprisonné de bandes blanches semblait toujours observer Cohort. Les bactéries s’attendaient à une réaction plus vive de sa part. Voir un congénère en pleine assimilation par d’autres créatures auraient normalement résulté en la fuite ou l’attaque, mais là, rien.

Kowai cherchait simplement une boisson fraîche lorsqu'il tomba sur un spectacle assez étonnant: une forme orange gélantineuse était en train de... digérer un employé? Le travailleur en question était encore en train de se mouvoir légèrement alors que son état laissait transparaître qu'il n'avait absolument aucune chance de survie. Le regard de terreur dans ce qui lui restait de ses globes occulaires était absolument délicieux. Il avait aussi l'impression que la gélatine l'observait, mais cela ne l'inquiétait pas spécifiquement. Sans trop comprendre ce qu'était cette chose, Kowai se sentait le besoin d'expérimenter avec. Il posa son poulet sur un étal au milieu des biscuits en forme de pandas au chocolat et se précipita vers la caisse. Heureusement l'employé qu'il avait attaqué avec son hâchoir était encore en train de gigoter. Il n'était pas tout à fait mort et c'était parfait. Kowai l'empoigna par son uniforme ringard et le fit passer par-dessus le comptoir. En chemin, il croisa le regard d'un jeune homme qui observait la scène, horrifié, depuis l'extérieur du 7-Eleven. Il lui fit signe de ne pas faire un bruit en passant son doigt au-dessus de ses lèvres qui dépassaient des bandages. Il rajouta même un clin d'oeil. Le civil se mit à pleurer et à courir dans les rues nocturnes d'Arakawa sans demander son reste.

Trainant habilement son morceau de viande à travers les rayons, Kowai eut la désagréable sensation d'un coup de poing sur sa jambe. Visiblement, le gus essayait encore de se défendre. Il ignora vaillament la douleur et arriva à proximité de la masse orange qui avait presque terminé la digestion de son précédent en-cas. Il fit pivoter le nouveau casse-croûte de la chose autour de lui. Donnant un maximum d'élan au cours, il le jeta dans la créature en essayant d'être dynamique sans pour autant achever son gus. Il voulait le voir se contortionner à l'intérieur de la chose. Tout en faisant cela, il se rendit compte que sa gestuelle devait provoquer un bruit pas possible. Il réalisa que l'employé criait à propos d'un clown au lieu de craindre la chose qui allait l'engloutir. Il aurait été dommage que ce dernier ne profite pas du véritable élément terrifiant qu'il avait en face de lui. Aussi, Kowai fit l'effort d'arrêter ses mouvements brusques. Il repris son poulet frit et se mit à becqueter la volaille tout en regardant sa dinde universitaire commencer à fondre... Enfin, il espérait que cela soit le résultat final en tout cas.

L’inconnu s’étant éloigné laissant le temps à Cohort le temps de finir leur repas. Il revint après quelque instant transportant un second repas. Pourquoi un étranger aidait une autre espèce en sacrifiant des membres de la sienne. Les humains sont vraiment des êtres inhabituels.

L’homme était toujours en train de les observer. Mangeant de petits morceaux de volaille. Cohort continuaient d’absorber son second repas sans relâcher son attention sur son généreux nourrisseur. Ne prêtant que peu attention au mouvement saccadé de la proie qui essayait de se débattre en leur sein. Dans un élan de force provoqué par son instinct de survie il parvint à faire sortir un de ses bras de la masse de Cohort. Il semblait implorer de l’aide à son congénère qui se contenta de sourire et mordre dans son repas huileux. Le bras fini par tomber au sol. La vie avait quitté son corps. Sa chaire venant renforcer Cohort.

L’inconnu semblait être satisfait du spectacle. Cohort aillant repris des forces prirent la décision de communiquer avec l’étranger. Cohort ne pouvaient pas se mettre d’accord sur quelle phrase exprimer ou quel son effectuer en premier. Il faillait que son bienfaiteur comprenne qu’ils voulaient plus de nourriture sans pour autant laisser paraître que faute de mieux, son corps emballé serait le futur menu. La petite gelée tremblait légèrement dû à l’agitation de ces milliers de composants réfléchissant à l’unisson. Il fallait quelque chose qui devait prouver leur intelligence sans non plus ennuyer son interlocuteur. Cohort n’avaient qu’un seul essai, une unique première réplique. La première impression était extrêmement importante. Après de nombreux débats internes sur la suite de son à effectuer ils finirent par s’exprimer.

Le spectacle était tout à fait à la hauteur des attentes de Kowai. Le pauvre steak humain avait affiché un regard de profonde terreur durant tout son passage dans le corps gélatineux orange. Notre protagoniste avait l'impression de détecter une émotion similaire à de la joie dans la créature qui dévorait l'employé, mais il supposait que ce sentiment était sa propre interprétation de la créature. Il fallait encore mentionner que le moment où l'individu avait tenté une dernière fois de se débattre alors qu'il était digéré vivant avait été... savoureux? L'adjectif n'était pas tout à fait correct, mais il était vrai que la vision accompagnait parfaitement bien le goût du poulet frit.

Il y eut ensuite un moment de silence embarrassant alors que Kowai terminait son repas. Alors qu'il jetait dans un coin de l'épicerie le papier en carton, il entendit résonner une voix gélatineuse:

-Hey!

Il fut quelque peu surpris, même s'il n'en laissa rien transparaitre. La chose qui venait de dévorer venait communiquer avec lui. Il s'était attendu à une sorte de blob sans intelligence comme dans les vieux films d'horreur. Le fait de pouvoir potentiellement discuter avec la créature éveillait sa curiosité et son intérêt. Les possibilités étaient immenses. Il se demandait d'ailleurs s'il n'était pas en train d'établir un premier contact avec une nouvelle espèce. Il lui fallait réfléchir à la meilleure manière de communiquer. Il envisageât un instant de partir sur une discussion philosophique profonde sur la nature des êtres conscients et sur l'existence en général... Puis il se rappela qu'il avait drôlement soif. Il fit un petit geste de main à la chose et s'éloignât un court instant. Il revint avec deux bouteilles de ramune. Il en posa une devant la créature et ouvrit la sienne (en projetant du liquide un peu partout) et se désaltéra avant de dire:

-Bonsoir. Alors, bien mangé?

Après s’être exprimé, Cohort furent déçu de voir l’interlocuteur tourner les talons et partir. Ils s’attendaient à une réponse de sa part. Mais ils glissèrent discrètement à sa suite afin de l’observer alors que l’homme semblait aller chercher quelque chose dans les rayons. Au moment où l’individu sembla trouver ce qu’il cherchait. Cohort Retournèrent rapidement à l’endroit où ils avaient mangé.

L’homme revint, une bouteille à chaque main et déposa une d’elle devant Cohort. Il ouvrit la sienne avec facilité et s’exprima

-Bonsoir. Alors, bien mangé?

Cohort essaya de comprendre comment s’ouvrait cette bouteille. À force de tripoter l’objet, ils réussirent à l’ouvrir en poussant la bille qui verrouillait l’accès au liquide. Ils laissèrent glisser un tentacule jusqu’au liquide pétillant. Le gout était doux et légèrement acidulé. C’était vraiment agréable et extrêmement nourrissant, tellement de sucre.

Cohort soulevèrent la bouteille d’un geste brusque et se versèrent le précieux liquide dessus afin d’en faire profiter le plus de bactéries possibles. Cette douche sucrée redonna toute l’énergie dont Cohort avait besoin.

Ils concentrèrent leur attention sur l’étranger. C’était la première fois qu’un humain n’avait pas essayé d’emprisonner Cohort. Cet homme semblait sympathique et gentil.

-Nous vous remercions pour la nourriture et le sucre liquide.

L'homme en bandelettes regarda la créature ouvrir sa boisson avec intérêt. Un tel exercice était un bon test pour évaluer son niveau d'intelligence. Pour être honnête, il s'était attendu à ce qu'elle digère la bouteille sans prendre la peine de l'ouvrir. La gélatine ne sut pas immédiatement comment s'attaquer au bouchon, mais elle compris rapidement la manoeuvre à effectuer. Elle semblait ainsi faire preuve d'une intelligence remarquable. De plus, elle ne semblait pas connaitre la peur. En effet, Kowai avait été très mobile en allant chercher les ramune et avait constaté que cela n'engendrait aucune réaction sur la chose. Sur un humain ordinaire, une telle découverte aurait probablement fait disparaître tout intérêt de Kowai pour l'individu. Chez une créature capable de digérer autrui, cela lui donnait surtout l'impression que la chose et lui pouvaient trouver un terrain d'entente. Il entendit à nouveau la voix de la créature:

-Nous vous remercions pour la nourriture et le sucre liquide.

Une réaction positive. C'était inattendu mais parfait. Kowai sentait venir le début d'une formidable amitié. S'il était possible de se lier à la chose, il aurait un formidable partenaire d'aventure pour son exploration de la capitale. En effet, la créature lui plaisait. Il avait trouvé fascinant le spectacle de la victime terrifiée alors qu'elle est dévorée vivante. Notre protagoniste se dit qu'il ne s'en lasserait jamais... Ou en tout cas pas dans un futur proche. De plus, il sentait que la chose avait du potentiel. Beaucoup de potentiel. Elle pourrait par exemple essayer de digérer quelque chose de l'intérieur, ou essayer de garder un casse-croûte pour le long terme en s'attaquant à une personne morceau par morceau, ou encore... Kowai en tressaillait d'impatience. Il imaginait également que les réactions des victimes en train de mourir alors que son alter se rajoutait à la scène pourraient être particulièrement amusantes. Il fallait donc continuer sur cette lancée et établir des relations cordiales. Il allait donc commencer par se présenter:

-De rien, cher ami. Je dois avouer que le spectacle de votre digestion était fascinant. Je me nomme Kowai. Avez-vous un nom ou une désignation quelconque?

Après avoir agréablement consommé des biscuits en guise de déssert, Kowai se trouva arriver au point où il désirait arriver dans sa discussion avec Cohort. Bien évidemment, il avait fait de son mieux pour partager son petit en-cas avec son partenaire de discussion. A présent, il allait enfin pouvoir arriver au coeur du sujet: à savoir demander à Cohort de l'accompagner dans ses prochaines mésaventures. La créature semblait à la fois profondément étrangère aux vertus de l'humanité et profondément amusante. Le fait que leur communication se passe aussi bien ne pouvait qu'être un signe d'une future grande amitié. En bref, il lui fallait à présent poser une dernière fois le sujet sur la table et essayant d'être le plus concret possible. Après avoir éludé la question du temps qui était un concept étonnament chronophage à expliquer à une entité si profondémment étrangère à l'humanité:

-Le temps est un concept un peu spécial. J'y reviendrai peut-être plus tard si vous n'êtes pas familier avec toutes ces notions. Dans l'idée, que diriez-vous de m'accompagner dans mes aventures après avoir fini de nous nourrir en ce lieu?

Cohort sembla prendre la réflexion à coeur. Un silence embarassant s'installa à nouveau alors que le tas de gélatine mettait à contribution tout ces neurones. Ou quelque chose d'apparamment similaire. Après plusieurs minutes, elle répondit à nouveau d'une voix calme:

-Ok.

La réponse aurait pu être plus complexe, mais elle avait le mérite d'être claire. D'humeur festive, Kowai enchainât donc:

-Parfait. Faisons razzia sur tout ce qui nous intéresse avant que ces vilains hommes de la police arrivent... ou pire, ces rabats-joie de héros!

Dès lors, notre charmant protagoniste se mit à aller se servir dans la caisse. Il avait besoin d'un minimum d'argent pour ses dépenses quotidiennes. Il n'allait pas faire digérer à Cohort tout les employés de 7-Eleven de la capitale. Surtout que son nouveau partenaire semblait être un gros mangeur. A ce rythme, il faudrait bientôt vider tous les Lawsons de leur occupants également et alors dire adieu à la concurrence entre les diverses chaînes d'épicerie. Non, Kowai soutenait le libre marché et la saine concurrence. D'où la nécessité de dérober le moindre yen à sa portée pour ne pas avoir besoin de littéralement tuer pour un jus d'orange. Une fois cela fait, il se dirigeat à nouveau vers l'arrière de la boutique tout en jetant un coup d'oeil à Cohort.

La créature semblait, elle, occupée à fouiller dans les poubelles du magasin. Elle paraissait particulièrement intéressée par les piques à brochettes usagés et les capsules en plastiques vidées des gashapons situés à l'entrée. Bref, elle vivait pleinement sa vie et ne gênait nullement Kowai dans ces courses improvisées pour préparer les futurs repas de ses excursions. Il lui faudrait encore trouver où loger, mais il devrait pouvoir louer des chambres d'un love hotel discret avec la monnaie qu'il avait emprunté. Ces établissements étaient souvent très impersonnels, encourageait l'anonymat et n'étaient pas si chers que cela à louer à plein temps. Le stigmat des établissements avaient malheureusement tendance à éloigner les voyageurs, sentiment que Kowai ne comprenait guère. Toujours était-il qu'il commençait à se servir au rayon charcuterie lorsque l'incident arrivat...

...par incident, on voulait dire ici la sonnerie désagréable d'une voiture de police en approche. Kowai reconnaissait clairement au son qu'il s'agissait d'un engin isolé. Il fallait tout de même commencer à plier bagage avant qu'un agent un minimum réveillé en cette heure tardive n'appelle logiquement des renforts en le voyant lui et son nouveau partenaire.

-Cohort, je crois que l'heure est venue de tirer notre révérence. Je vous propose donc de quitter ce charmant établissement en quête d'un logement pour la nuit.