Je restais assis à ma chaise dans cette salle seule de l'hôpital. Se trouvant dans le lit, allongée devant moi, comme si elle faisait le meilleur des rêves, se trouvait ma propre mère. C'est là où je passais pas mal de temps lorsque je ne travaillais pas - dans mes deux travails. Mon regard se perdait un instant sur une vitre présente, regardant le soleil qui m'enlaçait de par sa lumière. Et c'est sans expression quelconque, comme la coquille que je suis depuis tout petit, que je regardais de nouveau ma mère. Il était temps d'y aller.
"-Je reviendrais un autre jour, repose-toi bien en attendant."
Paroles vaines. Alors, calmement, je venais à me lever. Je remettais correctement une énième fois son coussin, puis repositionnait de manière maniaque le pot de fleurs que j'ai ramené. Mes doigts glissaient le long du visage de celle-ci, repositionnant quelques mèches de cheveux. Puis je partais de la chambre, mon café à la main. Fermant la porte devant moi, je ressentais un choc en face. Je le comprenais directement, je venais d'heurter quelqu'un. Le café ayant éclaboussé légèrement sur moi, la plus grosse partie tombé sûrement sur cette personne. Avant même que je me retourne, j'étais déjà fatigué.
Puis je me retournais vers l'individu, faisant comme je savais si bien le faire. Mimer une expression, un jeu d'acteur simple et basique. La surprise, l'embarras, l'excuse. Une petite pinte de fausse panique saupoudrée d'une cuillère de fatigue. Enfin, la fatigue n'était pas difficile à exprimer vu les légères marques noires sous mes yeux. Je récupérais quelques mouchoirs à l'intérieur de ma veste de costume que je lui tendais.
"-Vraiment, excusez-moi, je ne faisais pas attention à là où je marchais. J'avais la tête ailleurs."
Un léger sourire embarrassé à la fin de ma phrase. D'après le dicton, il était difficile de frapper un visage souriant. C'était la façon dont je me sortais de pas mal de situations embarrassantes dont j'étais trop las de régler de la manière habituelle. Et puis, même si je comptais le faire disparaître après un léger inconvénient, il était impossible de le faire en public comme ça. Alors, c'est la diplomatie que j'utilise !
Je sortais ensuite d'une poche opposée une simple carte comportant mon nom et mon numéro de téléphone. Que je lui tendais évidemment avec mes deux mains.
"-Tenez, appelez-moi pour régler les frais du pressing, après tout je me sentirais mal d'avoir peut-être détruit vos habits par inadvertance."