Oooh…mais qui ne serait pas attirer pour cette fameuse « proposition du siècle » concernant une paie bien alléchante, hm? Peut-être n'étais-je pas le seul à avoir reçu cette invitation et que, ultimement, ne serait donc pas le seul à toucher cette prime alléchante, mais cela ne me dérangeait guère à vrai dire. Plus sérieusement, ce qui m'attirait dans cette annonce, ce n'était pas l'or ni la gloire, mais bien le genre d'individu que j'allais y rencontrer. Tokyo, comme n'importe quelle métropole, attirait son lot de gens en tout genre et, bien évidemment, tous n'étaient pas des enfants de chœur. Certains devenaient des héros, d'autres des informaticiens, plombiers, policiers…et d'autres…devenaient…autre chose. C'était ceux-là qui m'intéressaient et, je savais que de répondre à cette annonce allait me guider vers ce genre de personnes.

Shimo-Katazawa était déjà bien assez près. Passant d'une ruelle à une autre, me laissant guider par la lumières des lampadaires et des néons qui brillaient dans la nuit, je me faufilai tel un rat d'égout dans ce grand réseau urbain. Des passants, il y en avait à toute heure du jour et de la nuit dans cet arrondissement, mais la plupart m'ignoraient ou ne me voyaient tout simplement pas. J'étais une ombre en mouvance, un fantôme oublié, un cauchemar insidieux dont la dangerosité dormait encore. Comme il était plaisant de voir que toutes ces vies, toutes ces âmes, n'avaient en fait aucune idée du réel danger qu'elles courraient chaque jours de mon existence. Ils étaient, pour moi, des fourmis qui marchaient sous la loupe que je tenais bien fermement en main. À tout moment, selon mon simple désire, je pouvais tout simplement tourne l'angle de mon poignet et en cramer quelques unes sur mon passage, mais le simple fait de me savoir en contrôle de leur vie me suffisait…pour l'instant. Derrière mon masque, je souriais à cette idée, à cette sensation de toute puissance qui m'habitait lorsque je me comparais à eux. Ils étaient…si...faibles?

Peut-être était-ce ce qui allait me rapprocher de ceux que j'espérais bien rencontrer, au final. Étaient-ils comme moi? Ressentaient-ils aussi cet irrépressible feu intérieur qui les pousseraient un jour ou l'autre à passer à l'acte? Comprendraient-ils le raisonnement derrière mes idées, mes projets, mes plans? Probablement pas…mais peut-être seraient-ils plus enclins à entrevoir la beauté du monde que je leur proposeraisque ces héros préférant croire à une Utopie irréaliste.

Rapidement, je franchis le périmètre de la gare, ne laissant comme trace de mon passage que le son de mes bottes sur le pavé et celui de ma cane qui en percutait la surface. Faisant bien attention de traverser la rue lorsqu'elle devenait un peu plus déserte, j'arrivai en face de la galerie où j'avais été mystérieusement invité. L'adresse était la bonne…et la serrure ne semblait pas être barrée. Poussant la porte, jetant un rapide coup d'œil puis avançant d'un premier pas à l'intérieur, je fus saisis par le silence des lieux d'abord et avant tout. S’il y avait déjà des gens, ils se faisaient plutôt discret et pour cette raison, j'avançai pour sortir du hall et m'adosser contre le mur, dans la pièce suivante. Si d'autres venaient à entrer…au moins ils ne me verraient pas de suite…mais voilà que mon élan fut plutôt stoppé net par l'apparition d'un homme qui me demandait de le suivre, que l'on m'attendait.

Haussant un sourcil derrière mon masque, me sentant ridicule de n'avoir vu cette porte tout juste à ma droite, sur l'autre mur voisin, j'haussai les épaule et décidai d'y aller, cane en main. Enfin arrivé sur place, je vis surtout que je n'étais pas le premier arrivé, mais bel et bien le dernier. Si j'avais pu rouler mes yeux jusqu'au fond de mon crâne, je l'aurais sûrement fait déjà, mais je préférai rester de marbre en écoutant l'obèse nous dévoiler ses intentions. Un travail que j'allais accepté, mais avant, j'attendais de voir la réaction des deux autres « employé » de notre contracteur.