Culminant bien au-delà des deux mètres, (2m11, plus exactement) Jinda est ce que l'on pourrait appeler, sans crainte, une grande bringue. Un corps de femme certes, mais fibreux, musclé ; un cou épais sur des épaules de footballeur américain, débouchant sur des bras secs aux mains caleuses, habituées à manier le kanabo, son arme favorite. Ses cuisses sont de vrais jarrets ; rien qu'on ne comparerait aux poutres monolithiques de certains culturistes. Toutefois, la cambrure très particulière de la demoiselle leur donne plus de volume, notamment au niveau des hanches. Comme le serinent suffisamment bien les professeurs d'arts martiaux : tout est dans les appuis. Ses pieds sont ceux d'ovidés, en diagonal, et terminant par deux sabots ferrés.

Mais si ce n'était que ça... Sur son crâne, deux cornes, lui donnant des airs de vieux bouquetin grincheux. A son dos, surplombant son auguste fessier, une queue, l'aidant probablement à maintenir l'équilibre de ce corps audacieux. Elle est baguée de quelques anneaux dorés, comme le seraient les doigts d'un parrain de la pègre.

Une fois tous ces détails passés à l'attention de l'observateur, ne reste alors que le visage. Une gueule qui en a trop vu, malgré son jeune âge. Un museau constellé de cicatrices que le temps a fini par rosir ; des impacts de lames, de couteaux, principalement... mais sans doute aussi d'Alter. Des sourires lubriques sabrent bien souvent ses jolies lèvres.

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Le caractère de l'Ogresse ne surprend pas : il est à l'image de son physique étonnant. Loin des commodités des femmes du pays, Jinda boit comme un foudre à bière, parle trop fort, renifle inélégamment, rit comme un grand singe, (dans une série de soubresauts gutturaux des plus célèbres, résonnant comme des « Onk ! Onk ! ») en bref, elle n'a pas attendu son statut de vilaine pour finir sur les listes noires des petites filles de son âge.

Comme tous ceux que la vie a éprouvés, Jinda a un humour bravache, noir, sans appel. Des blagues sur le crime, sur le sexe, sur les races... (dont l'auteur vous épargnera, de bon gré, la teneur cavalière, afin d'éviter l'impact du marteau juridique sur sa petite tête) Un sens de l'honneur, aussi, bien particulier ; elle méprise moins les héros que ce qu'ils incarnent. Comment peut-on se revendiquer homme de lumière quand on n'a ni connu les ténèbres, ni les souffrances qu'elles promettent ? Comment parler du Bien quand on n'a pas survécu au Mal ? Une sagesse vieille comme le monde que, toutefois, à ses yeux, beaucoup de ces gens-là ignorent.

Lesbienne revendiquée, l'Ogresse passe le plus clair de son temps dans les ruelles malfamées, bordels et lupanars, minettes aux bras, narguilé au bout des lèvres, vivant les nuits les plus folles de sa jeunesse dans la débauche et le stupre. Elle ne tient, cependant, compagnie aux demoiselles que pendant l'urgence du désir. Homme ou femme, Jinda a toujours eu le plus grand mal à s'intégrer  dans les communautés, y compris chez les vilains. Globalement asociale, elle a, en revanche, un amour et respect inconsidérés pour les animaux. Certains disent même l'avoir déjà vue manquer de se faire arracher un bras, pour protéger une portée de jeunes chatons dans une bagarre de rue.

Et qui sait ? Un jour peut-être... N'y a-t-il pas cette phrase qui dit que ce sont dans les coeurs les plus sombres que l'on trouve les plis de bonté les plus justes ?