Tch !

Tu essaye de passer de bonnes vacances d’été avant que tes tarés de professeurs t’envoient sur une mission suicide en “camp d’été” ou je ne sais quelle autre ânerie, et voilà que, sous tes yeux, un drame se passe. “Excellente nouvelle !” me suis-dit en bonne samaritaine, ça va me permettre d’admirer des vrais héros en action. Et ben non. Moi qui m’était tranquillement trouvée un point de vue sans roturier, je me suis vue rejointe par un roturier dans ce qui devait être l’équivalent de vêtements de haute couture quand on as l’habitude de s’habiller en haillons.

“Il va vite comprendre son erreur, et il va s’en aller”, ai-je tenté de me convaincre. Naïve que j’ai été ! Non, le benêt est resté là, à polluer mon espace, mon air, et ma vision (périphérique, certes, mais vision quand même). Alors j’ai fini par lui demander gentiment :

« Pousse-toi. »

Bref, je vous passe les détails, la discussion jusqu’alors très courtoise s’est envenimée à l’instant même où il a ouvert la bouche (il faut dire qu’il a vraiment une voix désagréable) et on se retrouve maintenant dans une arène où je vais enfin pouvoir le remettre à sa juste place, comme la future héroïne de la nation que je suis.

On a tenté de placer dans un coin de l’arène comme une roturière. Je leurs ai gentiment fais comprendre que ça n’allais pas être possible. Je suis donc positionnée à ma juste place : le haut du plus haut point de l’arène. J’ai une vue sur tout le parc d’ici.

Je finis par le repérer au sud ouest de ma position. Je ne fais pas spécialement d’efforts pour cacher ma présence, après tout, on est là pour une seule chose : “la bogor”, comme dirait… Hmm qui dirait ça, au juste ?

Probablement un clochard édenté du fin fond du plus bas des bas quartiers.

ENFIN BREF. Ma cible est repérée. Je note pour les prochaines fois qu’un équipement pour planer ne serait probablement pas de trop. En attendant, je descendrait comme le commun des mortels : je me laisse glisser prudemment sur les poutres supérieures, me sécurisant parfois avec Scarlet Needle, avant de prendre l’échelle de secours pour le reste.

Une fois arrivée en bas, je prends la tangente : je me dirige vers le sud. J’en profite pour subtiliser une table de picnic que je plie en avion de fortune.

Ce combat promet d’être amusant.

C’est dommage, je passais une bonne journée. Je sors d’une requête qui s’est parfaitement bien passée, les commanditaires m’ayant félicité chaleureusement. Puis, je rentrais doucement, mon planning m’offrant un peu de repos jusqu’au dîner. Je ne prends donc pas la ligne habituelle et m’en permets une plus souple, pour profiter de la ville.
La chance ! Une intervention héroïque en plein sous mes yeux ! C’est l’occasion de prendre des notes, observer leurs méthodes & en tirer profit dans l’avenir. Une petite foule se réunit... comme quoi on est cons les gens, y a un danger et on s’assemble comme si on était au spectacle, mais j’ai un ticket vip, je suis devant !!

« Pousse toi. »
« Y a de la place vers là-bas, plus loin. » réponds je en pointant un coin au hasard.

J’avoue, j’ai même pas regardé qui me parle. Je suis concentré et c’est pas le moment de me déranger. Bon... après, elle s’est énervée tel un hobbit en manque d’un escarbot. Anyway, la situation s’envenime, j’ai aucune envie de perdre mon temps à me rappeler de tout en détail.
La guerre entre les écoles est un concept aussi subtil, dans le silence des classements que direct, quand on voit où j’atterris pour régler ce différent : un combat.

Une arène originale. Pour vrai, ça n’aurait tenu qu’à moi et ma volonté, j’aurais skip. Mais confronter d’autres apprentis héros est l’occasion de tirer de l’expérience. Je vais profiter du combat pour tirer un maximum d’informations et voir où j’en suis personnellement après quelques semaines à l’école.
Quand le signal est donné, je me retrouve au sud-ouest, dans un manège de tasse. Qu’à cela ne tienne, ça ne n’empêche pas d’observer les lieux. Oui je sorte de fête foraine, des attractions, une grande roue centrale mais surtout... « Hmm... »

Une idée me vient. Premier objectif, connaître ses capacités sans me mettre en danger. Sous les conseils de Tobiihime-sensei, j’ai commencé des cours de self-défense, mais je suis loin de pouvoir m’en servir proprement. On va donc miser sur la ruse & la distance.
Je vais me placer prêt d’une attraction bien précise, pas loin de ma position. Je ne suis pas caché, elle me repèrera rapidement & tant mieux. Comment provoquer une fille hautaine aux allures de grande pompeuse pour qu’elle me suive ?

« Eh Blondie, attrape moi, si ta tête n’est pas trop lourde à porter. Enfin, au pire, avec des chevilles gonflées comme les tiennes, te suffit de rouler au pire, non ? Haha ! »

Et à ces mots, je pénètre le labyrinthe de miroir. On va essayer de pas se perdre, on part sur la même base inconnue... mais bon, ça reste un labyrinthe de fête foraine. En entrant, je laisse une chaussure posée sur le chemin menant à gauche. Et parmi les chemins disponibles, je prends... (t’aimerais savoir hein ?) que la chasse commence.

Blondie ?!

Misère, je ne m’étais pas rendu compte, le pauvre garçon est handicapé de la vie vue, on va m’accuser de taper les faibles…

Tant pis, c’est la vue vie !

Quant au reste de sa triste diatribe, j’imagine que c’est encore valable au collège, ce niveau de “provoc”.

Qu’importe, il n’y à pas 20 façons de continuer ce combat sans qu’il ne s’éternise. Je le suis dans le labyrinthe. Je profite d’être à l’entrée pour subtiliser un miroir avec mon alter, ne laissant sur place que son support en bois. Je range le papier avec le précédent.

Je m’enfonce dans le manège, Needle en main, jusqu’à tomber sur un croisement et… Une chaussure dans l’entrée gauche.

La panique l’a enfin rattrapée et il a carapaté en laissant sa grole derrière lui ? Meh. Sans doute pas. Encore une fois, cela n’importe peu. On est passés d’un environnement ouvert à un environnement fermés, et j’avoue que ça m’arrange bien. Avec une moue de dégoût, je plie sa chaussure pour la ranger dans ma poche arrière.

Pourquoi ? Parce que je le peux.

Je glisse l’un de mes papiers dans l’interstice entre deux miroirs du couloir d’entrée. Satisfaite, je m’enfonce dans le passage de droite en chantonnant :

« Prêt ou pas, me voila~♪♫ »

Pourquoi à droite ? Une intuition.